Julien Odoul (RN) a déclaré, le 4 février 2020 sur le plateau du Morandini Live, qu’il y a de manière générale un problème d’intégration des Français d’origine arabo-musulmane. Ces propos, qui choqueront autant les détracteurs du Rassemblement National qu’ils satisferont ceux qui ne cachent pas leur aversion pour l’Islam, méritent que l’on s’y attarde.
Cette question est en effet fondamentale eu égard au poids démographique de l’islam en France : un Français de confession musulmane peut-il appartenir pleinement à la communauté nationale et à sa communauté de croyants, la oumma, concept central en islam ?
Il convient, pour aborder cette question essentielle, de comprendre l’importance de la oumma pour un musulman. La oumma, qui signifie « nation » en arabe, serait « la meilleure des communautés » selon le Coran. Hamza Boubakeur, père l’ancien recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur, va plus loin en affirmant dans son livre Traité moderne de théologie islamique, paru en 1993, que « la nationalité musulmane est une supranationalité », qu’elle est « au-dessus de toutes les nationalités ». Cette phrase suffit à elle seule pour définir le concept de oumma qui place, pour un musulman, sa communauté religieuse et sa croyance au-dessus du concept de nation et d’appartenance à la communauté nationale, ce qui pose en effet un problème identitaire majeur pour un Français musulman.
Dans ces conditions, est-il impossible pour un musulman d’être pleinement Français ? S’il existe toujours des exceptions pour contredire un constat général, il peut raisonnablement être affirmé que la soumission d’un individu à l’islam grève sa possibilité d’assimilation pleine et entière à la nation française et à tout autre peuple occidental, les préceptes de l’islam étant fondamentalement opposés et incompatibles avec l’identité et la culture occidentales, avec son mode de vie et ses principes fondateurs.
Les revendications de l’islam pour aménager nos lois, us et coutumes ne s’arrêteront pas aux simples demandes sur le halal à la cantine, les créneaux horaires pour les femmes dans les piscines ou sur le port du voile islamique. Le poids démographique de l’islam en France fait craindre, dans les années à venir, une revendication sécessionniste d’une irréversible gravité, affectant certaines parties du territoire : la reconnaissance de l’existence d’une nation musulmane au sein de la nation française. Il existe des précédents inquiétants en Europe, au-delà du cas du Kosovo : en 1971, la constitution yougoslave introduit le principe de nationalité musulmane, à la demande des musulmans de Bosnie-Herzégovine et sous la pression des communistes musulmans qui voulait que soit reconnue l’existence des « Musulmans » en tant que nation à part entière.
Si l’on peut être Français et musulman, on ne peut pas être pleinement les deux à la fois. Il y a un choix a opérer entre sa foi musulmane et sa volonté d’assimilation, ce que certains Français de confession musulmane ont choisi de faire, reléguant leur foi au second rang. Le problème, c’est que beaucoup d’autres n’ont pas fait ce choix, ce qui augure des tensions croissantes dont les pouvoirs publics devraient se préoccuper sérieusement.
Grégory Roose
Auteur et chroniqueur pour Valeurs actuelles
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