Le parallèle est évident, il est impossible de passer à côté : exactement 2 500 ans après, les Thermopyles sont rejouées. Dans le rôle de Xerxès, Recep Tayyip Erdogan. Dans le rôle des 300 Spartiates et des 700 Thespiens, les soldats grecs. L’Orient leur a envoyé 30 000 soldats, mal équipés, affamés, mal payés, de toutes langues et tribus, c’est-à-dire programmés pour se servir sur le pays, par le pillage et le viol. Certes, les AR-15 ont remplacé les sarisses, mais jusqu’à la fin des temps les hommes porteront des casques pour se battre. Le cou crispé par le casque lourd, les poignets serrant les armes : le contexte change mais les sensations sont les mêmes, de l’hoplite au grenadier voltigeur. En – 480, les soldats se sont fait submerger par le nombre des guerriers, mais ont gagné un temps précieux, permettant à la Grèce de se préparer, si bien que la seconde guerre médique a été gagnée après les batailles de Salamine, Platées, puis du cap Mycale.
L’histoire se répète. Lors des deux sièges de Vienne, en 1529 et en 1683, les Turcs envoyaient au combat des mercenaires et des esclaves. En 2020, ce sont des dizaines de milliers de réfugiés syriens qui sont amenés parfois par taxi jusqu’aux frontières de la Grèce par le sultan Erdogan. Encore une fois, la Sublime Porte ouvre les vannes.
Il y a deux points chauds où les tensions se sont transformées en violence. Premièrement, l’île de Lesbos. Cette île située dans l’est de la mer Egée, à quelques kilomètres de la côte turque, est prise quotidiennement d’assaut par des embarcations de migrants complaisamment laissées par les Turcs. Les habitants de l’île témoignent de leur colère noire. Leurs maisons sont régulièrement pillées, tout est dégradé, leur bétail est tué par les 19 000 migrants du camp nommé… Moria. Ce week-end, une dizaine d’embarcations avec 500 migrants ont tenté de débarquer. Les insulaires grecs ont décidé que c’était trop. Ils ont attaqué un camp de migrants en construction et l’ont brûlé, ont bloqué les embarcations, et empêché avec des pierres et des chaînes que des bus amènent d’autres migrants jusqu’au centre d’enregistrement.
Avec un cynisme effrayant, le président turc a massé 13 000 migrants sur les rives du fleuve Evros. C’est le deuxième point de tension. Le président Erdogan a depuis très longtemps multiplié les déclarations où il expliquait son envie d’islamiser l’Europe, et la stratégie de submersion migratoire qu’il compte utiliser. Son robinet à migrants, en particulier afghans et syriens, lui sert d’arme. L’Union européenne, paralysée par la peur de devoir gérer cet afflux, cède sur tout à la Turquie, laquelle finit toujours par envoyer quand même ses supplétifs. Les postes-frontières grecs sont attaqués par des migrants extrêmement nombreux, et équipés par les Turcs de munitions lacrymogènes. C’est une déclaration de guerre pure et simple de la part de la Turquie. (Page 5, un article d’Olivier Bault apporte des détails géostratégiques sur la réaction européenne.)
Avec l’indignité totale qui leur est coutumière, les immigrationnistes utilisent les hommes comme des jouets. Les migrants lancés à l’assaut de la Grèce par la frontière sont tous des hommes entre vingt et trente ans, en parfaite forme physique, pendant que les femmes et les enfants sont entassés dans des barques pour apitoyer. Une manipulation immorale qui porte déjà ses fruits : un homme est mort d’une balle dans le cou en attaquant les barbelés, et un enfant est mort noyé.
Le détroit d’Istanbul est surnommé la Sublime Porte depuis la chute de Constantinople en 1453. Mais cette porte n’a depuis longtemps plus rien de sublime. Après des siècles d’affrontements militaires avec l’Occident, lequel ne s’est parfois sauvé qu’in extremis comme à Lépante, le Turc a compris que notre point faible était notre compassion, raison pour laquelle il nous envoie de faux miséreux pour saper notre civilisation comme furent sapés les murs de Vienne : en souterrain. Cette attaque supplémentaire organisée par Erdogan aura eu un mérite : les images de cette dizaine de milliers de jeunes Moyen-Orientaux en train d’attaquer les postes-frontières grecs font prendre conscience aux Européens que c’est une invasion.
« Si nous les vainquons, ils retourneront chez eux. Si nous sommes vaincus, nous n’aurons plus de pays où nous en aller », disait un général grec à ses hoplites devant l’assaut perse. Deux millénaires et demi plus tard, la civilisation grecque a encore quelque chose à nous dire.
Benoît Busonier
Article paru dans Présent daté du 3 mars 2020
https://fr.novopress.info/217005/vers-une-troisieme-guerre-medique-par-benoit-busonier/