Boštjan Zupančič est le juge ayant eu le plus long mandat à la Cour européenne des droits de l’homme, de 1998 à 2016. Il en a présidé la troisième section, et a également été juge à la Cour constitutionnelle de Slovénie et vice-président du Comité des Nations-Unies contre la torture. Il réagit aux révélations sur l’infiltration de la CEDH par des juges liées au réseau de l’Open Society de George Soros :
Tout d’abord, je ne suis pas surpris car Soros met ses mains pratiquement partout. Mais je suis tout de même étonné de ne pas avoir remarqué la partialité de ces juges alors que j’ai participé aux délibérations de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pendant 18 ans. En pratique, on peut percevoir la partialité, mais sans s’en apercevoir consciemment lorsque l’on n’en formule pas l’hypothèse. L’intuition sans la supposition est aveugle. J’aurais aimé que le contenu de ce rapport soit connu plus tôt. Rétrospectivement, il m’est difficile d’identifier plus que quelques cas où la partialité de juges aurait pu être déterminante dans le jugement final. […]
Je ne sais pas si la Cour européenne peut se réformer et se libérer de l’idéologie. Comme je le développe dans mon livre, les premières années de la « nouvelle cour » immédiatement après sa réforme de 1998 étaient satisfaisantes. Les grands talents juridiques que la cour comptait alors étaient au-dessus de tout soupçon, car un grand esprit est capable de se distancer des considérations extrinsèques à la justice. La situation n’est plus la même aujourd’hui. La qualité de la Cour européenne des droits de l’homme a fortement diminué depuis environ 2005, et cela est dû au recrutement de juristes moins capables, et qui ne sont donc pas à l’abri de l’idéologie.
[…]
En fin de compte, la question sera de savoir comment le Royaume-Uni va réagir après cette révélation, car il est le « gros payeur » de la Cour européenne. S’il se retire du Conseil de l’Europe et de la CEDH, comme l’avait indiqué Theresa May, ce sera alors le début de la fin de la Cour.
En attendant, l’ECLJ appelle les juristes rejoindre l’appel pour l’indépendance et l’impartialité de la CEDH.