Renvoyé le 22 janvier en raison de la grève des avocats contre la réforme des retraites, le procès d’Eric Zemmour, poursuivi pour « injure publique à caractère racial » et « provocation publique à la haine raciale » suite au remarquable discours qu’il a prononcé en septembre dernier à la Convention de la droite, s’est finalement tenu mercredi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Un procès aux relents staliniens, à l’occasion duquel les associations antiracistes et autres chiens de garde du système ont ouvertement affiché leur volonté de censurer le brillant essayiste.
Un regard lucide sur l’islam et l’immigration
En cause dans cette affaire, rappelons-le, six passages de ce discours d’une trentaine de minutes au cours duquel Zemmour avait eu l’audace de porter un regard lucide sur l’islam et sur l’immigration. Ainsi lui est-il notamment reproché d’avoir parlé d’immigrés « colonisateurs », d’« islamisation de la rue », ou encore du voile et de la djellaba comme des « uniformes d’une armée d’occupation ». Bref, un constat d’une grande justesse, mais qui, comme l’on pouvait s’y attendre, avait immédiatement été suivi d’un impressionnant lynchage de son auteur par la classe politique, les médias, le ban et l’arrière-ban des associations antiracistes, et jusqu’au Premier ministre, qui avait dénoncé des « discours nauséabonds ». Lynchage auquel LCI, qui avait diffusé en direct cette allocution mais que l’on ne peut guère soupçonner de sympathie à l’égard de la droite nationale, n’avait pas non plus échappé, puisque la chaîne s’était vue violemment rappelée à l’ordre par le CSA. Au milieu de ce véritable délire antiraciste, pas moins d’une dizaine d’associations s’étaient bien sûr immédiatement portées parties civiles et le parquet de Paris lui-même s’était emparé de l’affaire. Autant dire que tous les ingrédients du procès stalinien étaient réunis. D’autant que, comme le soulignait Me Pardo, avocat d’Eric Zemmour, en faisant allusion à des accusations fondées sur des citations tronquées, voire déformées, et au caractère privé de l’intervention, « toutes les règles qui font la défense de la liberté d’expression, la liberté de la presse, sont dans ce dossier bafouées ». Et Me Pardo, rappelant très justement que « le débat d’idées ne doit pas être un débat judiciarisé », d’ajouter alors : « C’est ça la vérité de ce qui est en jeu aujourd’hui. »
Un désir de censure ouvertement proclamé
Car dans cette affaire, comme dans toutes les précédentes impliquant l’essayiste, l’objectif réel des adversaires de Zemmour est moins de le sanctionner pour un prétendu « dérapage » que de le priver de toute possibilité de s’exprimer. Un désir de censure d’ailleurs, et aussi incroyable que cela puisse paraître, qu’ont totalement assumé et ouvertement proclamé les avocats des parties civiles lord de ce procès. C’est ainsi que l’on aura vu l’un d’eux, après avoir affirmé qu’Eric Zemmour « n’existe que parce que LCI, BFM TV et CNews existent », appeler ouvertement les médias à le censurer. Ou encore Me Karsenti, avocat de l’association La Maison des potes, reconnaître que sa « stratégie est de faire taire Eric Zemmour ». Mais, peut-être plus révélatrice encore de cette tyrannie qui s’installe doucement mais sûrement dans notre pays, cette demande ahurissante faite lors de l’audience par Me Boucher-Naranin, avocate du Collectif contre l’islamophobie en France et de l’Association de défense des droits de l’homme, qui, s’interrogeant sur une éventuelle « démence » de Zemmour, n’a pas hésité à réclamer… une « expertise psychiatrique » de l’essayiste ! Une demande qui rappelle étrangement cette sinistre époque où l’URSS enfermait ses dissidents et ses opposants dans des hôpitaux psychiatriques… En attendant, le procureur, qui a estimé – sans surprise – mercredi que les « infractions étaient parfaitement caractérisées », a demandé au tribunal de condamner le polémiste à 100 jours-amendes à 100 euros qui, s’ils ne sont pas payés se transformeront en emprisonnement, ainsi qu’à une large publication de la décision « à ses frais ». La décision du tribunal sera rendue le 25 septembre.
Franck Deletraz
Article paru dans Présent daté du 3 juillet 2020