Par Michel Leblay et Laurent Artur du Plessis ♦ La revue de presse du Libre journal de Dominique Paoli sur Radio Courtoisie du 3 août 2020 porte sur le retour du racialisme en Occident.
La mort de George Floyd à Minneapolis, le 25 mai 2020, lors de son interpellation par la police a déclenché, à travers les États-Unis, des manifestations à caractère racial, tournant pour plusieurs d’entre elles à l’émeute. Elles ont réuni des Noirs et des Blancs dont une part de ces derniers, les éléments violents, est liée aux mouvances d’extrême gauche. Ces manifestations ont eu leur écho en Europe, notamment en France. Rassemblant des groupes issus de l’immigration africaine et des mouvements d’extrême gauche, elles participent sous le prétexte de violences policières aux revendications dites racialistes. Ce terme apparu il y a quelques années au sein d’une intelligentsia de gauche vise à mettre en évidence des discriminations supposées que subiraient les populations d’origine immigrée (voir Le Monde, Le retour du « racialisme », 20 juin 2019 « Les universalistes disent, et ils ont raison, que la “race” n’existe pas, mais certains groupes sont victimes de discrimination à l’emploi et au logement à cause de leurs caractéristiques ethniques ou physiques, souligne l’anthropologue Jean-Loup Amselle).
Pourtant, il paraît pour le moins difficile, d’établir une analogie entre l’Europe et les États-Unis au regard de la question noire et de son histoire, celles-ci étant spécifiques à ces derniers. Il n’empêche que la propagation observée s’explique par le partage de part et d’autre de l’Atlantique d’une même idéologie dominante promue par un univers intellectuel et médiatique, idéologie à laquelle adhère par imprégnation et opportuniste une grande part de la classe politique et aussi des dirigeants des grandes entreprises soucieux d’une image et donc de leurs résultats financiers. Certes, sans la présence de plus en plus importante en Europe de populations d’origine africaine, les manifestations si elles avaient eu lieu, elles n’auraient eu guère de dimension. A cet égard, il faut observer que les émeutes raciales aux États-Unis dans les années soixante n’avaient suscité aucune démonstration notable en Europe et en France.
Bien sûr, ces manifestations qui mettent en avant des récriminations particulières, exploitant des évènements par une présentation trompeuse, prennent place sous le couvert d’exigences communautaires et autres dans le vaste mouvement qui ébranle les sociétés occidentales depuis plusieurs décennies.
Atteinte de l’intérieur par des expressions révolutionnaires, au sens où il s’agit de mettre à bas l’ordre social existant, ces sociétés subissent aussi de l’extérieur la pression économique de puissances ascendantes avec leurs conséquences sociales, en premier lieu celle de la Chine qui vise à la première position mondiale et la poussée démographique des pays du sud avec un corollaire la diffusion d’un fondamentalisme islamique, facteur de déstabilisation interne.
Ces éléments se combinent et minent le devenir de nos sociétés et de notre civilisation.
La révolution culturelle qui a frappé les sociétés occidentales
Dans l’article qu’il a publié dans le numéro 28 de la revue Conflits (De l’Amérique latine à l’Amérique du sud), intitulé La Hongrie premier de cordée du conservatisme ? Yriex Denis évoque la révolution culturelle des années soixante. Celle-ci s’est développée d’abord aux États-Unis où s’est formée une gauche américaine transcendant la rhétorique de la lutte des classes, quintessence du socialisme européen, pour lui substituer la figure des luttes communautaires. Elle eut pour expression l’agitation étudiante dont la première bouffée furent les incidents qui se déroulèrent sur le campus de l’université de Berkeley en octobre 1964. L’École de Francfort, née dans les années 1920 sous la République de Weimar (l’Institut de Recherche Sociale) en fut une référence philosophique. De conviction marxiste, les principaux membres de cette école, d’origine juive, se réfugièrent aux États-Unis après l’accession au pouvoir d’Hitler. Ce qui est important pour la suite est l’évolution dans l’approche de l’École passant, dans l’analyse sociale, de la sociologie à la psychologie avec Theodor Adorno, le chef de file de l’Ecole, Max Horkheimer, Erich Fromm, psychanalyste, Herbert Marcuse, auteur de L’Homme unidimensionnel. Le mouvement a atteint l’Europe où il a culminé en France en Mai 1968.
Cette évolution et son emprise sur les sociétés européennes s’explique par les transformations intervenues dans l’après-guerre. Outre l’expérience des régimes communistes, celle de pouvoirs totalitaires, du point de vue de la philosophie, Marx avait écrit à l’époque d’une révolution industrielle dominée par le développement d’une industrie lourde faisant appel à une masse ouvrière tenue dans des conditions de vie misérable. Mais au fil du progrès et des innovations, la production industrielle prit de nouvelles formes qui permirent l’enrichissement matériel individuel, loin des concepts de paupérisation absolue et de paupérisation relative. Une immense classe moyenne allant s’élargissant et devenue largement majoritaire se constitua ainsi dans les années soixante du fait de l’augmentation des revenus. Si les revendications sociales furent importantes, poussant cette augmentation, la révolution sociale du fait de l’enrichissement collectif n’était plus dans l’air du temps.
Dans cette société occidentale, civilisation de la personne et de l’individualité, la voie psychanalytique impulse la montée d’un individualisme en rapport avec l’évolution sociologique.
Après l’École de Francfort, un autre courant philosophique allait exercer une influence déterminante sur la gauche américaine. Ce fut ce qui est appelé la French Theory car ses principaux représentants Foucault, Deleuze, Derrida, Guattari partirent enseigner aux États-Unis dans les années soixante-dix. Cette philosophie de la déconstruction, à laquelle il faut aussi rattacher Bourdieu, interprétée dans les universités américaines en rapport avec les caractères propres à cette société américaine est le socle des dogmes qui affectent aujourd’hui la vie sociale et politique. Puissance dominante, l’Amérique exerce là aussi son pouvoir d’influence (il s’agit là d’un aspect du concept de soft power défini en 1990 par joseph Nye) dans la promotion d’une idéologie de nature révolutionnaire.
Si cette idéologie peut être qualifiée de révolutionnaire, la révolution ne consistant pas nécessairement en une prise de pouvoir politique par des moyens violents, c’est qu’elle a pour but d’abattre un système de pouvoirs. Là est certainement l’une des intuitions géniales de Michel Foucault, quelle que soit par ailleurs le jugement porté sur son œuvre philosophique. A la lutte des classes marxiste opposant un prolétariat à une bourgeoisie et qui avait perdu son sens dans la réalité sociale, occidentale de la seconde moitié du XXème siècle, il substitua l’idée d’une société parcourue dans ses différents domaines et ses différents aspects par des relations de pouvoir de dominants à dominés. D’économique, la confrontation devenait sociologique. En résulta des droits sans cesse croissants à ce qui est considéré comme des minorités. Cette notion de minorités s’accorde avec l’esprit anglo-saxon tourné vers l’existence de communautés (Les community studies furent l’une des bases du développement de la sociologie anglo-saxonne dans les années 1920 – Voir notamment Cherry Schrecker La Communauté. Histoire critique d’un concept dans la communauté anglo-saxonne). En revanche, elle concorde mal avec une pensée française universaliste. Celle-ci sera-t-elle emportée par la vague venue d’Amérique ? Concernant les derniers évènements, Franz-Olivier Giesbert dans un article publié dans Le Point du 10 juin 2020 (FOG – Le racialisme, ce « bon » racisme de gauche) écrivait : En France, l’américanisation de la pensée est en marche rien ne l’arrêtera.
L’idéologie des minorités
Le marxisme ayant été ainsi marginalisé comme idée d’une transformation radicale de la société, une autre vision de cette transformation ayant pris le pas, de plain-pied avec un certain contexte sociologique, il est bien certain alors que l’effondrement du communisme soviétique ne pouvait être l’occasion d’une quelconque revanche conservatrice. Au contraire, l’idéologie nouvellement dominante associant le libéral et le libertaire dans une perception individualiste ne s’en trouvait que renforcée.
Si le dessein au seuil des années quatre-vingt-dix était d’étendre la démocratie à la planète entière, dans la vision de l’idéologie dominante, il s’agissait d’une certaine conception de la démocratie. Celle-ci n’est plus fondée sur la volonté du peuple souverain, respectant bien sûr les droits de la minorité politique mais elle implique au-dessus de la volonté souveraine l’accord d’un ensemble de droits répondant pour beaucoup d’entre eux aux revendications minoritaires. Se hisse alors une conception des droits de l’homme, garantie par le Juge, national ou supranational. C’est l’Etat de droit.
Dans l’esprit des artisans de la défense des minorités et de leurs droits, celles-ci face au pouvoir dominant ne pouvaient que converger dans leurs revendications et se reconnaître mutuellement dans les droits spécifiques qui leur sont accordés. C’est là où la contradiction flagrante apparaît entre les positions respectives des différentes minorités par rapport aux droits accordés à chacune d’entre elles. La contradiction tient notamment au corollaire de la défense des minorités, celle de la société multiculturelle. Or, avec l’arrivée de populations, en nombre, issues d’autres aires de civilisation, les valeurs de référence peuvent être fondamentalement distinctes.
Autant la théorie marxiste dans son approche de la lutte des classes avait sa cohérence interne, chacun des deux blocs en opposition ayant sa rationalité, autant le dogme des minorités génère ses propres antagonismes. Pour le résoudre, ses promoteurs ont imaginé le concept d’intersectionnalité (terme d’origine américaine intersectionality). Il vise à croiser les discriminations dont pourrait souffrir une même personne et à dépasser les contradictions qu’elles pourraient receler au regard des références culturelles et au groupe auxquels est associée cette personne. Il s’agit là d’un masque par rapport à une réalité que l’idéologie ne saurait transformer.
Il faut constater aujourd’hui, en France comme d’autres pays occidentaux, l’intensification des revendications dites minoritaires, sans cesse plus radicales car intégrées par l’extrême gauche. Des propos et des actions récentes en témoignent, cette extrême gauche peut se dissimuler sous des apparences attrayantes pour certains électeurs, il s’agit, en l’occurrence de l’écologie politique.
Un processus révolutionnaire en cours
Nos sociétés sont face à un processus révolutionnaire fondé sur l’ébranlement de l’édifice social par les attaques successives qui lui sont portées et qui touchent aussi bien à l’assise sociale de l’individu, la dénaturation de la famille, qu’à la solidité de l’Etat, la lutte contre les violences policières. Ce processus est révolutionnaire par la montée aux extrêmes qu’il présente. La démission à laquelle a été forcée Christophe Girard jusque-là adjoint, chargé de la culture à la Mairie de Paris l’illustre fort bien. Comme l’observe Edouard Husson et Arnaud Benedetti dans un article publié sur Atlantico le 27 juillet 2020 (Les guérilleros de la justice sociale, bien partis pour être les pires ennemis de la gauche en 2022) : La révolution finit toujours par dévorer ses propres enfants !
L’Occident affaibli extérieurement
Affaiblies de l’intérieur par une idéologie délétère, les nations occidentales sont confrontées extérieurement à la vigueur ascendante d’Etats et d’aires de civilisation sur lesquels les puissances coloniales européennes exerçaient une domination jusqu’au milieu du XXème siècle.
La presque totalité des empires coloniaux disparurent au cours des deux décennies qui suivirent le second conflit mondial, le Portugal décolonisant en 1975.
La naissance du Mouvement des non-alignés et la conférence de Bandung tenue en avril 1955 marquèrent les premiers signes de l’affirmation d’un autre monde à côté de celui que représente l’Occident, terme approprié après le basculement de la puissance de l’Europe vers les Etats-Unis à l’issue des deux guerres mondiales. Si l’URSS fut au temps de la guerre froide un adversaire de l’Occident, celui-ci alors considéré sous l’angle géopolitique, cet Etat, idéologique dans son origine, était, du point de vue de la civilisation, héritier de la Russie enchâssée dans l’ensemble européen depuis Pierre le Grand.
Il s’agit là d’un tournant majeur dans l’histoire politique d’un monde devenu un ensemble géopolitique intégré où les différents Etats sont en interrelations permanentes, politiquement, économiquement et juridiquement avec la création d’institutions supranationales.
L’Europe autrefois dominante et modèle
Par les capacités scientifiques, techniques et d’organisation qu’elle développa au fil du temps, l’Europe était arrivée à imposer progressivement sa domination sur la planète jusqu’à l’apogée du XIXème siècle et à y diffuser ses valeurs et ses normes. Ainsi, d’est en ouest, de l’Asie orientale à l’Océanie rien ou presque n’échappait à sa domination. Si les colonies d’Amérique s’émancipaient s’étaient sous l’égide de populations venues du vieux continent qui avaient amené avec elles les fondements culturels de celui-ci. La modernité que représentait l’Europe aux yeux d’autres civilisations engagea certaines d’entre elles, parfois bien éloignées dans ce qui les constituait, à la prendre pour modèle. Ce fut le cas du Japon sous l’ère Meiji. Beaucoup plus proche de l’histoire européenne et même imbriquée à celle-ci, la Turquie, héritière d’un Empire ottoman effondré à l’issue de la première guerre mondiale, choisit à travers le pouvoir d’Atatürk l’emprunt de valeurs et de signes européens. Par ailleurs, un certain nationalisme arabe vit dans la modernité le moyen d’assurer le développement d’États émancipés de la tutelle coloniale.
La redistribution de la puissance économique
Aujourd’hui, l’Occident n’est plus un modèle face à des aires de civilisation qui affirment leur identité. La Chine capte une part croissante de la production manufacturière des États occidentaux, fondement de sa nouvelle puissance, affiche son ambition d’accéder au milieu de ce siècle à la première place mondiale selon une voie propre. L’Inde et d’autres pays asiatiques participent aussi à la redistribution de la puissance économique.
Cette redistribution a pour conséquence la disparition en Occident de larges secteurs industriels, pourvoyeurs d’emplois aux salaires élevés relativement à nombre d’activités de services. La classe moyenne sociologiquement majoritaire qui s’était développée dans le contexte économique des années cinquante et soixante s’appauvrit pour une fraction croissante d’entre elle. Les répercussions sociales majeures de ce phénomène économique sont d’autant plus gravement ressenties qu’elles interviennent dans des sociétés aux repères traditionnels bousculés.
L’Europe face à la poussée migratoire
Si elles subissent une concurrence économique destructrice car déséquilibrée, les nations occidentales et d’abord les Européennes dont la France, parmi les premières, sont confrontées à un flot migratoire, hors de contrôle. Élevé en principe essentiel par une intelligentsia dite progressiste et soutenu par une classe économique dirigeante répondant à ses intérêts, l’accueil doit être sans limites aussi bien au niveau du nombre que des conditions qui pourraient y être apportées. Le brassage humain et culturel étant l’avenir radieux d’une humanité pacifiée et l’opportunité d’un marché planétaire unifié, affranchi de la contrainte nationale pour les tenants du mondialisme économique, les hôtes obligés sont astreints d’accepter cette immigration et ce qu’elle implique. Là se rejoignent les ferments d’ébranlement.
L’immigré même s’il est présent illégalement sur le territoire est d’abord considéré comme porteur de droits. Au-delà du seul aspect juridique, il est la figure même de la minorité. L’assimilation, dans la vision française, qui faisait que l’individu quelle que soit son origine se fondait dans l’ensemble, héritier de la même histoire et de la même culture, a dû faire place à l’intégration, dont le sens n’a jamais été réellement défini, et à l’inclusion. Celle-ci signifie que des personnes cohabitent à un moment donné sur un même territoire et partagent des normes et des règles communes qui permettent cette cohabitation sans qu’il y ait une quelconque forme de transcendance. Dans le point 13 du Pacte mondial sur les migrations ou pacte de Marrakech, signé par la France le 11 décembre 2018, il est stipulé : Nous devons donner aux migrants les moyens de devenir des membres à part entière de nos sociétés, mettre en avant leurs contributions positives et promouvoir l’inclusion et la cohésion sociale. Et il est écrit dans le point 32 (objectif 16) : Promouvoir le respect mutuel des cultures, des traditions et des coutumes entre les communautés d ’accueil et les migrants grâce à l’échange et à la mise en œuvre de pratiques optimales en matière de politiques, programmes et activités d’intégration, y compris en ce qui concerne les moyens de promouvoir l’acceptation de la diversité et de faciliter la cohésion sociale et l’inclusion. Il découle de telles conceptions, l’abandon de la notion de Peuple dans son acception politique, c’est-à-dire une communauté humaine qui traverse l’histoire et, quelles que soient les oppositions qui la parcourent et qui font d’elle une construction permanente, partage un même socle de valeurs et un même destin. Au Peuple se substitue une ou des populations.
Une montée de la violence
Les sociétés d’Europe occidentale qui étaient devenues au fil des temps de plus en plus pacifiques dans leurs relations intérieures sont confrontées à la prolifération d’actes violents, la France en particulier. Un Etat faible et finalement muselé dans l’exercice de son autorité par les pressions et les carcans juridiques ne sait y répondre. L’intelligentsia complaisante trouve des explications sinon des justifications dans la diffusion des comportements violents allant jusqu’au crime dans les conditions de vie auxquelles seraient soumis les auteurs, ghettoïsation, discriminations et autres. Dans un article publié le 15 novembre 2019 sur Figarovox (Maurice Berger : « Non, la violence gratuite n’est pas due à la ghettoïsation »), Maurice Berger met en exergue un facteur familial et culturel : … Dans ce cadre indifférencié, certains parents nous déclarent avoir décidé de ne jamais dire non à leur enfant ! Les conséquences de ce fonctionnement sont d’abord que les codes du groupe priment sur la loi extérieure. Et la représentation que ces jeunes ont de la relation n’est pas de personne à personne mais de groupe à groupe. Si l’un d’eux est en difficulté dans une relation, il rameute son groupe : « mes frères vont venir te tuer ».
Un bouleversement social et culturel jamais sanctionné par le suffrage universel
Le tableau ainsi brossé paraît bien sombre et préoccupant pour l’avenir. Les bouleversements subis par la société ne résultent à aucun moment d’une volonté clairement exprimée par le suffrage universel. Néanmoins, peut-être parce que nul n’a su ou n’a été capable d’incarner une vision contraire susceptible d’emporter une adhésion large et pérenne, là ou ailleurs, les choses ont évolué dans le sens présent. Certes, l’envol de l’individualisme depuis plus d’un demi-siècle et une indifférence croissante à l’intérêt collectif sont des facteurs qui ont largement pesé sur cette évolution. L’imprégnation de l’idéologie n’en a été que facilitée. Celle-ci, dans ses convictions profondes apanage d’une minorité, a bénéficié dans le travail d’imprégnation de la société, des relais médiatiques les plus influents par leur diffusion. Cette idéologie, totalisante, loin de rassembler est assise sur un mépris intellectuel et social. L’illustre nombre de propos et d’analyses vis-à-vis du mouvement des Gilets jaunes en distinguant celui-ci d’une récupération par une extrême gauche révolutionnaire et violente. Il faut aussi relever des commentaires qui ont suivi la victoire de partis écologistes dans des grandes villes lors des dernières élections municipales. Ainsi sur le site du Monde dans un article sur une note de la Fondation Jean-Jaurès (Municipales à Marseille : les raisons du succès de l’écologiste Michèle Rubirola), il est écrit : Dans l’hypercentre, l’émergence d’une force politique homogène traduit « un vote de militants de gauche, porté par les populations diplômées et d’intellos précaires du centre-ville, proches des nombreux collectifs et associations bâtis autour de l’écologie, de la mixité sociale, de l’aménagement urbain »… le géographe Sylvain Manternach et l’essayiste Jean-Laurent Cassely soulignent le « rôle moteur » joué par une « classe moyenne et supérieure éduquée » dans le succès du Printemps marseillais. Au regard de cette classe moyenne et supérieure éduquée, les auteurs de l’étude observent en revanche que « l’élan réformateur du Printemps marseillais » a rencontré moins d’écho dans le sud de la ville, « où s’est installée de longue date une bourgeoisie plus économique que culturelle ». Il faut souligner l’accent mis d’un côté sur les aspects de diplômes, d’éducation, de culture et la forme de dédain que comporte l’expression une bourgeoisie plus économique que culturelle. La victoire électorale a pourtant ses limites car il est remarqué en conclusion : « Les militants des listes écologistes et citoyennes n’ont pas su appréhender les attentes des quartiers excentrés à forte composante immigrée ».
Dans un monde où l’Occident n’est plus un modèle, où les identités s’affirment à son encontre où le tissu social se délite, le peuple français trouvera-t-il dans les profondeurs de son être le ressort et les femmes et les hommes qui pourront conjurer le destin et définir une voie pour le redressement ?
Michel Leblay et Laurent Artur du Plessis
3/08/2020
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Domaine public
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