Remaniement au sein du RN : désormais, Gilbert Collard et Nicolas Bay ne feront plus partie de la commission d’investiture du parti. S’agit-il d’une purge ? Ou d’un changement de cap sur les orientations du parti ?
Gilbert Collard, qui avoue lui-même avoir brillé par son absence à cette commission, répond aux questions de Boulevard Voltaire.
Vous n’êtes plus dans la commission d’investiture du Rassemblement national. Comment vivez-vous cette décision ?
En sept ans, j’ai dû y mettre les pieds une fois. Je ne me sens pas très concerné. J’aurais aimé qu’on me prévienne d’une manière plus policée. C’est toujours déplaisant d’apprendre son éviction même si on s’est de soi-même évincé par la presse. Un mail avait été envoyé, mais ce ne sont pas des manières. Je crois que c’est un peu le procès de l’entourage proche de Marine qui est à faire.
Ils se comportent vraiment comme des gens sans éducation. C’est intolérable, d’autant plus qu’on est dans une élection présidentielle à venir où tout va peser. Ce n’est pas « l’élection » qui me gêne, car à dire vrai, et pour être honnête, il ne s’agit pas d’une éviction, vu que je n’allais pas à la commission. C’est plutôt la manière dont la chose est faite qui est inconcevable. Je ne me sens pas du tout évincé.
Selon vous, est-ce Marine Le Pen ou un de ses conseillers qui a manqué de courtoisie ?
Marine Le Pen pensait qu’on m’avait prévenu. Elle ne m’en avait pas parlé car, pour elle, le fait que je ne vienne pas, ce n’était pas une décision qui pouvait m’atteindre. Cela pose le problème du travail de l’entourage. Je n’ai pas eu les noms des coupables de cette impolitesse. Si ce genre de choses se reproduit dans plusieurs domaines, ce n’est pas de nature à arranger l’image de notre candidate.
Nicolas Bay a, lui aussi, été évincé. Pensez-vous que Marine Le Pen ou son entourage est en train d‘effectuer un pivot vers un électorat plus social et moins identitaire ?
Je ne comprends pas l’éviction de Nicolas Bay. Il était présent et revenait régulièrement. Je me suis demandé si mon éviction ne servait pas à masquer l’éviction de Nicolas Bay. Je n’en sais rien. Il n’avait pas démérité en tant que membre de la commission d’investiture.
La façon dont vous décrivez les choses donne l’impression d’avoir une sorte de purge au sein d’un parti…
Je ne sais pas combien de fois il va falloir que je le répète, mais en ce qui me concerne, je n’allais pas à la commission. Ce serait malhonnête, de ma part, de dire que j’ai été évincé d’une commission où je n’allais pas. Maintenant, si on veut créer du conflit, on va utiliser l’événement, mais ce n’est pas très honnête. Encore une fois, et pour parler franchement, c’est d’une bêtise inouïe.
Quel intérêt de ne pas renouveler Nicolas Bay ? Quel intérêt de ne pas renouveler Gilbert Collard, surtout s’il ne vient pas ? Cette bêtise inouïe faite par un, deux, trois ou quatre crétins fait du tort à Marine Le Pen. Cette décision fait polémique.
Serait-ce l’expression d’un changement d’une ligne souverainiste à une ligne plus sociale ?
Quelle ligne ? Croyez-vous que parce que je ne suis pas à la commission d’investiture, je ne vais pas dire ce que j’ai à dire et ce que j’ai à faire, je ne vais pas le faire d’autant plus que j’ai été nommé responsable de toutes les questions concernant la culture pour les élections présidentielles ?
Que je sois dans une commission ou que je n’y sois pas, je ferai entendre mon point de vue qui ne plaira pas. Il est bien évident que je ferai encore plus entendre mon point de vue maintenant qu’avant. Je suis partisan de ne plus appartenir à aucune commission. Je voulais quitter le bureau national, mais Marine m’a demandé d’y rester et j’ai accepté, mais je ne sais pas pour combien de temps. J’ai envie d’avoir une relation directe avec Marine Le Pen et non avec toutes ces ambitions d’antichambre.