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M. Macron, « 1984 » n'était pas censé être un mode d'emploi ! (2019)

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Macron est au paroxysme de la violence politique. une violence orwellienne, comme dans 1984, qui ne se contente pas de mutiler les corps des GJ, mais qui, petit à petit, détruit la vérité, la liberté d’expression et la possibilité même du débat.

« Yes, la vérité est dead ». Ce n'est pas une nouveauté depuis l'élection de Macron, mais c'est devenu officiel depuis le remaniement du 31 mars. Si Orwell avait connu Macron et si 1984 s'était intitulé 2019, ce n'est peut-être pas « L'ignorance, c'est la force » qu'il aurait choisi comme slogan pour l'Angsoc (le système idéologique dominant dans 1984), mais « Le mensonge, c'est la vérité ».

En effet, Sibeth Ndiaye, ex-conseillère presse de Macron, avait répondu par SMS à un journaliste qui lui demandait confirmation de la mort de Simone Weil : « yes, la meuf est dead » (ou « morte », selon les versions). Celle qui vient d'être nommée porte-parole du gouvernement est surtout celle qui « assume parfaitement de mentir pour protéger le Président », ce qu'elle a prouvé à maintes reprises. Sibeth Ndiaye harcelait les journalistes coupables de pondre des papiers pas assez hagiographiques. C'est aussi elle qui orientait ces mêmes journalistes, au début de l'affaire Benalla, vers des comptes Twitter tenus anonymement par Pierre Le Texier, responsable du pôle e-influence de LREM. Ces comptes relayaient des montages vidéo trompeurs, censés excuser Benalla. Des séquences concoctées par Ismaël Emelien, un autre proche conseiller de Macron, à partir de deux sources des images de vidéosurveillance obtenues illégalement et un enregistrement censé montrer que les personnes frappées par Benalla venaient là pour « casser du flic » à coups de chaise. Sauf que ce dernier montrait quelqu'un d'autre.

« Le mensonge, c'est la vérité »

Une menteuse ne fait pas système, diront les naïfs. Les mensonges autour de l’affaire Benalla ne sont pourtant pas isolés. Ne prenons que quelques exemples récents. Comme Darmanin, ministre des Comptes publics, qui affirme qu'en 2018, les exportations ont été « supérieures aux importations », alors que la France accuse un déficit commercial de 59,9 milliards d'euros, en augmentation. Ou le même soutenant que « la croissance de la France est la plus forte de l’UE », alors qu'une vingtaine de pays européens font mieux. Ou Pénicaud, ministre du Travail, affirmant que 20 % des chômeurs touchent une allocation supérieure à leur salaire (c'est 4%).

Que penser aussi du comptage… orwellien des Gilets jaunes, semaine après semaine ? Pour l'acte XX du 30 mars, le ministère de l'Intérieur avançait 33 700 manifestants, contre 100 à 120 000 pour des observateurs indépendants, s'appuyant sur des méthodologies de comptage scientifiques. D'ailleurs, les chiffres nationaux sont deux à trois fois moins élevés que la somme des chiffres des préfectures, département par département. Même Castaner vend la mèche en annonçant, pour l'acte XX, 8 545 contrôles préventifs dans la capitale… pour 5 000 manifestants officiellement recensés !

Que dire de Macron affirmant fin janvier que « 40 000 à 50 000 militants ultras » de la « fachosphère » et la « gauchosphère » noyautent les Gilets jaunes et « veulent la destruction des institutions » ? Un tableau apocalyptique destiné à faire peur… et totalement faux, selon la DGSI qui relevait que « la scène d'ultradroite est aujourd'hui quasi inexistante au sein des cortèges. »

« La violence, c'est la paix »

Un mensonge de Macron qui s'inscrit d'ailleurs dans le deuxième oxymore orwellien de sa politique : « La guerre c'est la paix » ou, version 2019, « La violence, c'est la paix ». Macron répète à l'envi la séquence gagnante de la présidentielle : diaboliser l'adversaire, jouer sur les peurs, se poser en seul recours. Comme dans le roman d'Orwell, Oceania entretient la guerre avec ses voisins pour asservir sa population, Macron jette les Français les uns contre les autres pour les contrôler.

Le discours martelé, faisant passer les Gilets jaunes pour des factieux cherchant la chute de la République, va dans ce sens. L'emploi systématique du terme « d'émeutier » par la macronie à partir de l'acte XVIII (terme parfois justifié au vu des violences commises par les casseurs, il est vrai) est loin d'être innocent : selon l'article 6 alinéas 1 et 3 du Traité de Lisbonne, il est légitime de tuer des émeutiers. À Edouard Philippe, il ne reste plus qu'à de qualifier de « complices » tous les manifestants présents pour boucler la boucle.

Conséquence logique, la répression brutale du mouvement. Un seul chiffre : mi-mars, les forces de l'ordre avaient effectué 13 095 tirs de LBD contre les Gilets jaunes, plus en quatre mois que depuis son entrée en service il y a presque 10 ans ! Une seule image : celle de Geneviève Legay, 73 ans, projetée au sol par une charge de CRS à Nice, le 23 mars dernier, qui souffre de multiples fractures au crâne.

L'intervention de l'armée dans le dispositif des forces de l'ordre est à ce titre lourde de symboles et a bien servi la campagne de peur Claire O'Petit a annoncé sur BFMTV qu'en cas de menace, après trois sommations, les militaires tireraient… « Les soldats pourront aller jusqu'à l'ouverture du feu », confirmait le général Bruno Leray, gouverneur militaire de Paris.

Répression, le mot est lâché

L'instrumentalisation des casseurs est un autre volet de cette politique. Macron les jette dans la rue pour monter les Français contre les Gilets jaunes et ceux-ci contre la police. « C'est pas croyable, on dirait qu'on les laisse faire ! C'est quoi l'objectif ? », bougonnait un CRS à portée d'oreille d'un journaliste du Figaro, le 16 mars. De fait, si de nombreux Gilets jaunes se sont retrouvés en garde à vue pour le transport de lunettes de piscine, on a vu des casseurs armés de barres de fer à Paris, Bordeaux et ailleurs. « Hier Monoprix côté des Champs, les CRS bloquaient la rue, la cliente voit arriver un très grand groupe de Black blocs tous en noir avec sac à dos, masques, cagoules, LES CRS OUVRENT LE PASSAGE ! » : des témoignages comme celui-ci, recueilli lors du si violent acte XVIII, abondent depuis le début du mouvement.

D'autres, images à l'appui, font état de policiers en civil, armés de marteaux, en train de casser des vitrines. En tout état de cause, les vrais casseurs sont très rarement interpellés, de l'aveu même de Nicolle Belloubet. « Si on laisse les blacks blocs tout casser sans les arrêter, c'est pour ensuite les suivre et démanteler les réseaux ». Voilà une piètre excuse, aucun réseau de Black blocs n'ayant été démantelé, depuis qu'ils sévissent en France (2003). Et pour cause, il ne s'agit pas de réseaux, mais de regroupement ad hoc d'activistes, par ailleurs presque tous « bien connus des services de police ». Pendant ce temps, les Gilets jaunes sont soumis à une « justice d'abattage », selon un de leurs avocats.

Pourtant, il ne faudrait pas croire que la violence orwellienne de Macron ne soit que physique. « Répression, violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit », a récemment déclaré le Président. Il suffisait d'y penser, appeler ce régime « État de droit », et hop, plus le droit de contester ses méthodes !

« La liberté, c'est l'esclavage »

D'ailleurs, ce pouvoir qui ment change aussi le sens des mots. Exemple : la loi anticasseurs ou les interdictions de défiler « protègent le droit de manifester ». Ou bien : la loi contre les fake news censure au nom de « la liberté de la presse », bref, « feinté, c'est l'esclavage », rien à changer en 2019. Un MINVER, ministère de la Vérité dans le roman d'Orwell, est même prévu, avec la « création d'une instance d'autorégulation et de médiation de l'information », nommée « Confiance et liberté ». Un comité de professionnels, certes, mais financé en partie par l'État, et « corégulé par le CSA », ordonnateur du Vrai dans l'audiovisuel… En attendant, des journalistes sont empêchés de travailler, des personnes arrêtées pour avoir porté un pull orné d'un slogan, des opposants politiques et leaders Gilets jaunes entendu » par la justice, le RN et LFI voient les portes des banques se fermer…

Ne parlons même pas de la violence sociale du programme de LREM, qui achève de laminer les classes moyennes et populaires sous le rouleau compresseur du fisc et de la loi, mais de la simple expression de celui-ci. Les grands monologues de Macron, intitulés par antiphrase orwellienne « Grand débat », sont bien l'expression de cette « vérité » qu'il rentre de force dans la tête des gens. Il ira même jusqu'à embrigader des enfants dans son opération de propagande, montrant par là qu'il a bien retenu la leçon.

Enfin, comment ne pas conclure par le clip de campagne de LREM pour les Européennes ? Il ressemble très exactement aux « deux minutes de la haine » du film 1984 : émeutes, inondations, extrémistes, barbelés, musique anxiogène et battements de cœur en ouverture. « Vous n'avez pas le choix ! » lance Macron. C'est le chaos… ou moi, poursuit-il en substance, avec musique entraînante, Europe forte, sourires et bonheur. Un schéma d'ailleurs utilisé par le clip gouvernemental pour inciter les gens à aller (bien) voter, diffusé en octobre dernier.

« Vous n'avez pas le choix ! », car Big Brother a décidé pour vous c'est la dystopie en marche !

Richard Dalleau monde&vie 11 avril 2019 n°969

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