Pas sûr que l’opinion publique l’accepte.
Le Figaro, dans son édition du 15 septembre, rend compte du rapport rendu par l’inspecteur des finances Laurent Vachey, qui avait été chargé par le gouvernement de réfléchir sur le financement de la dépendance, problème récurrent qui traîne depuis vingt ans et que les pouvoirs successifs évitent de résoudre, vu qu’ils n’ont le choix qu’entre de mauvaises solutions et qu’ils veulent éviter de heurter les Français.
Le rapport de M. Vachey est tout bonnement explosif ! Il s’agit de récolter un milliard d’euros en 2021 et de 4 à 5 milliards en 2024. On réaffectera, dans un premier, temps les sommes déjà collectées dans ce domaine. M. Vachey propose, ensuite, de créer une deuxième journée de solidarité, à l’instar de celle mise en place par M. Raffarin, qui avait retiré le lundi de la Pentecôte de la liste des jours fériés. Cette mesure est ambiguë, car il s’agit en réalité d’un prélèvement sur les entreprises. À ces dernières de répercuter ou non cette nouvelle taxe sur leurs salariés : elles peuvent leur faire cadeau de cette obligation (ce qui handicape leur compétitivité), soit les obliger à travailler gratuitement sept heures, voire supprimer un jour de RTT. L’alternative à cette mesure proposée par M. Vachey serait d’aligner la CSG des retraités sur celle des salariés et donc de rogner une nouvelle fois les pensions. Les seniors seraient une nouvelle fois tondus, ce qui serait politiquement insoutenable. L’une ou l’autre de ces mesures devrait rapporter 780 millions d’euros.
Le rapport préconise également de réduire de 400 millions d’euros la niche des travaux à domicile (sur un montant total de deux milliards). Beaucoup, à gauche, reprochent à cet avantage fiscal de ne profiter qu’aux plus aisés ; ils ont tendance à affirmer que « les riches peuvent payer ». Mais les personnes âgées de condition modeste utilisent aussi largement cet avantage fiscal qui leur permet de rester à domicile. On voit mal une contribution pour financer la dépendance mettre à mal un dispositif qui évite le placement en EHPAD. Le coup de rabot (20 % !) devrait sans doute concerner les moins de 60 ans et surtout les travaux de jardinage qui, déjà, l’an dernier, étaient dans le collimateur du pouvoir. Mais voilà bien une politique de Gribouille ! Sous le quinquennat de M. Hollande, les députés socialistes avaient rogné cette niche fiscale sous prétexte de taxer les riches. Résultat : explosion des licenciements, du chômage et du travail au noir, cocktail qui, pour finir, a coûté bien plus cher que les économies récupérées. On est vite revenu sur cette disposition !
Le rapport Vachey préconise aussi de diminuer de moitié l’abattement de 10 % dont bénéficient les retraités sur leurs revenus pour le calcul des impôts, le tout rapportant 1,5 milliard d’euros ! Une vraie boucherie ! Dernière mesure : supprimer l’exonération des charges sociales des employés à des personnes de plus de 70 ans, pour un gain de 180 millions d’euros.
Enfin, il serait obligatoire de contracter une assurance dépendance, dont le coût pèserait sur les maigres pensions de nos aînés.
Si les recommandations de M. Vachey étaient suivies, les revenus des seniors déjà bien malmenés en 2019 et 2020 subiraient un recul difficile à chiffrer, mais qui serait conséquent. Pas sûr que l’opinion publique l’accepte.
Christian de Moliner
https://www.bvoltaire.fr/les-seniors-vont-ils-encore-etre-tondus/