Même s’il existe une forte probabilité que le 46ème président des Etats-Unis soit Joe Biden, voici trois raisons de rester prudent.
L’élection du président des Etats-Unis se joue officiellement début décembre et non début novembre.
Il reste donc un mois à attendre. Ce n’est pas aux médias d’annoncer la victoire de Joe Biden, c’est à Donald Trump de reconnaître sa défaite. C’est ainsi. C’est un usage, une coutume de la vie démocratique américaine. Les médias devraient faire preuve de prudence, eux qui en 2000 s’étaient empressés d’annoncer à tort la victoire d’Al Gore. D’ailleurs, certains dirigeants, comme le président du Mexique, préfèrent attendre avant de féliciter Biden (« it’s too soon to congratulate Biden”).
Aucun état Américain n’a donc encore certifié ses résultats. Seuls CNN et AP ont annoncé la victoire de Biden.
Voici les réflexions d’Henri Védas, bien connu pour les lecteurs les plus anciens du Salon beige :
Biden est devant grâce à une marge qui est sans doute inférieure à la “marge de fraude” – similaire à Kennedy vs Nixon en 1960. Oui, Trump est sans doute devant sur les bulletins légaux. Pour autant, cette “marge de fraude” est indémontrable : il faudrait un audit titanesque du vote à Philadelphie, Atlanta, Milwaukee, avec un volet racial explosif.
Le mieux serait donc pour Trump de déclarer sa défaite – non parce qu’il a légitimement perdu, mais, comme Nixon en 1960, parce qu’il n’y a pas de voie pour obtenir justice. Mais le processus US légal passe par la certification des résultats Etat par Etat, jusqu’au vote des grands électeurs début décembre, avant validation nationale des résultats par le Congrès. Il a été usuel de “court-circuiter” ce processus, par commodité – le moment déclencheur de la désignation de facto du nouveau président étant la reconnaissance de sa défaite par l’un des deux candidats. Y compris en 2000, quand Bush, les médias, la communauté internationale, etc, ont attendu 3 semaines que Gore soit prêt à concéder sa défaite. Ce que l’on voit ce soir – la déclaration coordonnée de la victoire de Biden, avec l’appui de la communauté internationale, de l’establishment, de plusieurs personnalités du GOP – s’apparente à un vrai coup de force. En 2000, les médias soutenaient la démarche d’Al Gore et dénonçait une fraude, peut-être réelle, de Bush fils en Floride (…)
Non, Biden n’est pas “Président-Elect”. On assiste à un coup de force. Bravo à ceux qui ont voté Biden parce qu’ils voulaient un “retour aux normes”. Respecter les “normes » : attendre que Trump concède ou que les résultats en sa faveur soient validés par les Etats, après que des recours éventuels auront été tranchés par les tribunaux. Rien ne l’empêchait dans l’intervalle de préparer sa transition, etc, sans pour autant créer ce coup de force. Le refus de Trump de concéder ne créerait aucun vrai blocage.