La mise à plat du récit islamique en France, au travers notre étude « L’Islam, ennemi numéro 1 bis », a commencé avant les tragiques décapitations de Conflans Sainte Honorine et de Nice qui secouent actuellement les profondeurs du pays réel. Alors… l’Action française est-elle prophétique ? Non mais elle dispose d’une méthode d’analyse politique, basée sur l’observation des faits et non sur l’idéologie ou la morale.
On l’aura reconnu, c’est l’empirisme organisateur, dont l’application à l’Islam moderne nous a amené à refuser le procédé d’amalgame mais en revanche (et oui !) à affirmer la complémentarité objective du Djihad armé au profit du Djihad culturel par le renforcement du « pole idéologique » islamiste.
Dans La nouvelle Revue Universelle (n°57 de 2019) le sociologue Michel Michel explique que les populations composant la France, s’orientent vers les pôles idéologiques qui leur sont les plus proches. Des pôles qui, depuis l’immigration massive, sont au nombre de trois à proposer un système cohérent de valeurs et un projet de société : le pôle « catholique et Français toujours », le pôle des « valeurs républicaines » et le pôle « islamiste ».
Il ne faut pas comprendre ici, l’utilisation du terme islamiste comme synonyme d’Islam radical ou de barbarie terroriste. Cela ne ferait qu’embrouiller notre compréhension d’un « Orient compliqué ». Non, nous entendons islamiste comme la référence à « l’islamisme », expression qui s’est substitué à « mahométisme »depuis 1697.
Le pole idéologique islamiste donc.
Il a, explique Michel Michel, « pour origine l’immigration de masse, c’est-à-dire l’établissement en France de populations qui, arrachées à leur cadre de vie coutumier, se sont retrouvées en situation d’anomie, c’est-à-dire sans structures sociales naturelles. Les « cités » sont tout sauf des ghettos (par exemple au Val Fourré, on trouve 56 nationalités et plus encore d’ethnies différentes). L’Islam est le seul point commun à ces populations maghrébines, subsahariennes ou turques, la seule référence pour dépasser l’identité de la cage d’escalier. La confrontation à l’offre d’intégration par les « valeurs républicaines » et la société « libérale/libertaire » a suscité une réaction identitaire qui se traduit par un renforcement de la pratique religieuse … Ce pôle est dominé par des influences étrangères – heureusement diverses : saoudiennes, qataries, marocaines, turques… – qui subventionnent les mosquées et fournissent les imams suivant des logiques très éloignées du bien commun de la nation française. D’autre part, il est dans l’ordre des choses que les adeptes d’une religion de la Loi aspirent à une société soumise à la charia. »
Au quotidien, ce pole idéologique islamiste durcit les musulmans de France par une radicalisation émotionnelle. Comment ? Au travers des affrontements, surtout symboliques comme le port du voile. Le résultat est glaçant : les jeunes musulmans français sont plus radicaux que leurs aînés et 74 % d’entre eux affirment (IFOP) mettre l’Islam avant la République.
Ce durcissement réalisé par le pole idéologique porte sur quel socle de la population musulmane ? Celui de l’islam radical est estimé par les pouvoirs publics à près de 1.500 individus actuellement détenus, auxquels s’ajoutent 15.000 personnes des différents fichiers pour radicalisation. Puis, le directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP, Gérard Fourquet, vient d’estimer à ¼ des musulmans de France, la partie immergée de l’iceberg adhérant aux canons radicaux de l’idéologie islamiste. Soit 750.000 personnes, en se basant sur la fourchette basse de 6% de musulmans, soit 3 millions d’individus de 18 ans. Et Fourquet nous précise « du fait de leur nombre, ces sympathisants radicaux ont acquis, dans certains endroits, un effet de masse critique suffisant pour pouvoir s’engager dans un conflit de basse intensité avec les institutions républicaines, au premier rang desquels l’école mais aussi pour tenter d’imposer leurs règles et leur ordre dans l’espace public, ce que Gilles Kepel appelle la « halalisation » de certains quartiers. Cette masse de sympathisants peut également se mobiliser sur les réseaux sociaux pour harceler des adversaires ou propager son idéologie. » C’est très clairement, ce que nous appelons le Djihad culturel !
Revenons à notre pole idéologique islamiste qui pour durcir les musulmans dispose à la fois d’une légitimité et d’une force indéniable.
Non seulement l’islam est la grande religion qui progresse le plus vite dans le monde mais en France, le pole idéologique islamiste se prévaut de la triple légitimité de la conviction religieuse, de la jeunesse et d’un accroissement exponentiel.
La force du pôle idéologique islamiste est de s’appuyer sur une vision doctrinale. A notre ambassadeur René Servoise, synthétisant au journal Le Monde (1988) la formidable simplicité de la doctrine de l’Islam : « Obéir à la volonté de Dieu et contraindre les infidèles à lui obéir », nous préférons la présentation de notre maître Pierre Debray : Les musulmans pieux méprisent une France athée, et craignent que la décomposition de ses mœurs ne vienne corrompre leur jeunesse. Parce qu’ils font des enfants alors que Ia France se dépeuple, ils sont persuadés qu’ils la submergeront par la puissance du nombre. L'échec du socialisme, au plan économique, celui, au plan moral, du libéralisme, les conduisent à penser que la charia, qui reconnaît la propriété individuelle, en imposant aux riches I ‘aumône et interdit le prêt à intérêt, permettra seule de reconstituer un ordre social fondé sur la justice.
Face à une telle force doctrinale et à cette triple légitimité, nous allons devoir constater la grande faiblesse de la réponse apportée par le pôle idéologique des « valeurs républicaines » !
Germain Philippe (à suivre)
Pour lire les précédentes rubriques de la série « L’Islam ennemi n° 1 bis », cliquer sur les liens.
1 France, maison de la guerre
2 Maison de la trêve et territoires perdus de la République
3 Impact sur la France de la révolution islamiste de 1979
5 Le plan d’islamisation culturelle de la France
6 Islam radical et barbarie terroriste
7 Pas d’amalgame mais complémentarité
Source : https://www.actionfrancaise.net/