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Vaccins : Titanic sanitaire pour la Macronie

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Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère 

Appliqué à la vaccination, le principe de précaution aura-t-il été fatal au quinquennat de Macron et à sa réélection personnelle ? Ce n’est pas la volonté ou le refus de se faire vacciner qui est en cause — c’est la liberté de chacun — mais la méthode du gouvernement. En 48 heures, on est passé de la lenteur maitrisée à l’accélération affolée.

La première question est : pourquoi cette lenteur initiale ? On peut parler de dictature de la précaution. Précaution administrative aberrante dans les Ehpad. Précaution sanitaire par rapports aux éventuels effets secondaires. La défiance d’une large partie de l’opinion publique aurait été prise en compte.

Une position idéologique ?

Mais il y a aussi une autre hypothèse : la volonté de retarder la vaccination pour permettre l’arrivée sur le marché du vaccin français. C’est ce que l’on comprend après un tweet de Frédérique Vidal, le ministre de l’Enseignement supérieur : « Plusieurs vaccins sont encore en cours de développement. La France n’est pas en retard, elle a fait le choix d’utiliser et de préparer des vaccins dont la diffusion et le partage pourront être plus larges que les vaccins actuels. Le vaccin est un bien universel. » Si c’est la réponse à la lenteur et si les vaccins sur le marché se révèlent efficaces et capables d’éviter des centaines, voire des milliers de morts, on serait au-delà du scandale du sang contaminé. Quant à la notion de vaccin plus large et universel, concerne-t-elle l’efficacité du vaccin sur les virus du même type ? On peut l’espérer. La France reprendrait alors une place enviée dans la compétition vaccinale. Car on n’ose pas penser que cette position est idéologique et liée à l’universalisme républicain à la française, du style « pas de vaccin pour les riches tant qu’il n’y aura pas de vaccin pour les pauvres ». Et donc pas de « privilège blanc ».

Ce que l’on peut noter, même en refusant à titre personnel la vaccination, c’est que la France, pays de Pasteur, est la seule puissance membre du Conseil de sécurité de l’Onu à ne pas avoir en temps et en heure son vaccin national. Lequel n’exclut d’ailleurs pas la solidarité internationale — c’est déjà le cas dans de nombreux pays avec les vaccins américains, anglais, russes ou chinois.

Absurdistan

Quoi qu’il en soit, le pouvoir est sous pression, plus encore que pour les masques et les tests, c’est la preuve par trois d’une gestion chaotique. La seule chose qui ne mute pas, c’est l’incompétence gouvernementale. Si l’on veut vacciner massivement ceux qui le veulent en commençant par les plus fragiles, la solution pour la logistique, c’est bien sûr l’armée. Mais peut-on en France remettre à l’armée la clé de la guerre sanitaire ? Rien n’est politiquement moins sur. A l’efficacité, on préfère donc l’absurdité. D’où l’initiative d’un nouveau tirage au sort de citoyens chargés de contrôler le processus de vaccination. Une poignée de citoyens, sans aucune formation adaptée, vont doubler inutilement le Conseil scientifique et le Conseil de défense sanitaire. L’empire de l’Absurdistan ne cesse de s’étendre.

Cette nouvelle crise confirme en tout cas que nos gouvernants ne décident qu’en fonction du risque pénal de leurs responsabilités politiques, et sont incapables de mettre une administration obèse en ordre de marche. La précaution politique embourbée dans la paralysie administrative entraine notre déclassement mondial si cruellement révélé ces derniers jours. Et le responsable, comme quand un navire coule, ou en tout cas s’échoue plutôt que de voguer vers le grand large, c’est bien sûr le commandant. En l’occurrence, le président.

Pierre Boisguilbert 7/01/2021

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