Les grandes et petites manœuvres en vue de la présidentielle de 2022 ont déjà furieusement commencé. Elles vont bon train et elles éclipsent, dans l'esprit des communicateurs officieux et des sondeurs brevetés, aussi bien la perspective des législatives qui suivront, que celle des sénatoriales de cet automne et même des régionales de ce printemps. Oublions les départementales dont on ne parle plus jamais.
N'évoquons même pas ici les élections sociales, syndicales et professionnelles : le régime jacobin n'a que faire des corporations, moins encore que des régions. Leurs préoccupations et les solutions qu'elles pourraient préconiser, qu'elles auraient dû être appelées à proposer dans la crise sanitaire par exemple, sont réputées irrecevables car le pays réel indispose par hypothèse le pays légal. On l'a vu, une fois de plus dans les mesures ubuesques et technocratiques, supposées organiser le déconfinemment progressif, annoncées ce 10 mai par Castex.
Pourtant, ce scrutin régional de juin déterminera certaines équations décisives et sélectionnera en grande partie l'identité des candidats possibles à la succession de Jupiter. Ceci englobe l'hypothèse, de moins en moins improbable, que le tenant du titre puisse jeter l'éponge.
Il est bien loin le temps où un journaliste publiant à Paris, tel un Charles Maurras dans L'Action française, pouvait rappeler à ses lecteurs que le 11 mai correspond à la fête de sainte Estelle, patronne de la Provence…
Aujourd'hui, l'opinion demeure comme matraquée, véritablement sonnée, depuis plusieurs jours, par le souvenir du 10 mai 1981, évoqué la veille. Et, à vrai dire, on ne rappellera jamais trop la part poisseuse de l'héritage de l'imposteur Mitterrand et de ses petits laquais, larbins et autre sous-traitants, ès-Djack Lang, ès-Guigou, ès-Rocard, ès-Delors, ès-Fabius, ès-Hollande, etc., dont le règne ne s'estompe que trop lentement. Le Macron lui-même, quoique guignant, au gré des manipulations les plus torves et les plus dérisoires, l'électorat supposé orphelin d'une droite désemparée, ne doit être considéré que comme le dernier en date des avatars de cette funeste engeance.
Toute la cuisine politicienne du sire de Jarnac, dont nous subissons encore la nuisance, reposait sur une recette finalement assez simple. On pourra s'étonner de constater que ce cerveau pervers s'en soit toujours contenté, et que ses adversaires n'en aient jamais su déjouer le sortilège et sortir du piège grossier qui lui est toujours tendu, depuis 40 ans.
La gauche, constatait-il, est toujours demeurée minoritaire en France. Le déséquilibre s'est aggravé au fil des décennies, du fait de la démographie, du vote des femmes, que les partis anticléricaux ont retardé jusqu'en 1945 et des progrès du niveau de vie.
Rappelons cependant que cette situation n'est pas nouvelle et qu'elle caractérisait déjà la grande époque des radicaux-socialistes et du petit Père Combes. L'expérience de ces grands ancêtres a fait le bonheur des arrières cuisines du grand orient de France et elle demeure gravée dans la mémoire. Les vieux bouffeurs de curés ne sont restés au pouvoir qu'appuyés, à la fois, sur une aile d'extrême gauche, alors socialiste, et sur la complaisance négociée du plus vieux parti de la Troisième république, l'alliance démocratique.
Plus tard, un Édouard Herriot, précurseur du Mitterrand, construire lui-même sa prospérité, ruineuse certes pour les finances publiques, sur une complicité solide avec les communistes. Il y manifesta une belle constance, depuis 1924, année de sa généreuse amnistie gouvernementale des grèves insurrectionnelles, jusqu'en 1954 où il donne le coup de grâce à la CED, en passant par ses faux témoignages sur l'absence de la famine en Ukraine sous la botte de "l'ami" Staline.
Et, en face de cette union, à tout prix, des forces de gauche, il convient d'accentuer la division des droites. Là aussi, tous les moyens sont bons, et les lecteurs de cette chronique n'ont pas besoin qu'on en rappelle les ingrédients et les péripéties.
Ne nous étonnons pas, dans ces conditions, du rapprochement de ceux qui semblaient les pires ennemis dans les années 1970. À cette lesquelles on a vu l'apparition politique des écolos. Ceux-ci réfutait toute allégeance à droite ou à gauche. Et ils se développait sur la base d'un propagande résolument antinucléaire, en contradiction directe avec la CGT.
Celle-ci, au contraire, alimentait alors en effet, et alimente encore la survie financière du parti communiste grâce à quelques gros comités d'entreprise, dont celui d'EDF.
Or, un demi-siècle plus tard, c'est en août 2020 que Philippe Martinez est devenu le premier allié de Jean-François Julliard directeur de Greenpeace France. Et, ce n'est pas avec ses belles moustaches que le secrétaire général stalinien a séduit l'écolo.
Du témoignage de la camarade Marie Buisson elle-même membre de la direction exécutive de la CGT, c'est dans le cadre d'une action commune, quelques semaines plus tard contre la fermeture de la papeterie de Chapelle Darblay, la seule usine à produire du papier journal 100 % recyclé, fermée en raison de sa non-rentabilité financière, que Julliard s'est enthousiasmé pour les raisonnements marxistes de Martinez. "C'est génial" ne cessait de répéter Julliard.[1]
L'alliance des gauchos-écolos va ainsi, depuis lors, renforcer sa justification dialectique. Tout le mal ne vient-il pas du "capitalisme," camarade ? À ceci près malheureusement que l'on demeure bien en peine pour définir ledit "capitalisme" : comme chacun devrait le savoir, ce n'est pas autre chose que l'exploitation hideuse de l'homme par l'homme, le communisme en étant le contraire…
Le petit appoint de 7 à 8 % que représentent les Verts, plus la frange équivalente des immigrés refusant l'assimilation, ceci combiné à la division des droites, voilà qui permet de compenser la lente érosion des illusions gauchisantes, égalitaristes et jacobines au sein du peuple français véritable.
Voilà qui sauve la gauche et qui accélère la destruction de la France.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. l'article de Nabil Wakim et Sylvia Zappi "Philippe Martinez et Jean-François Julliard, un mariage hors norme"