Natacha Polony reçoit Boris Tavernier, directeur de l’association VRAC. Avec Alexis Jenni et Frédéric Denhez il vient de faire paraître "Ensemble pour mieux se nourrir" : quelles initiatives pour permettre à tous d’accéder à une alimentation de qualité ?
Comment lutter contre la malbouffe tout en aidant les plus défavorisés à accéder à une alimentation de qualité ? Boris Tavernier, co-fondateur de l’association « VRAC » (Vers un Réseau d’achat en Commun), et co-auteur du livre « Ensemble pour mieux se nourrir »* l'admet : « Ça coûte moins cher d’acheter une barquette toute faite hyperindustrielle que d’acheter des fruits et légumes sur le marché. » Et la crise sanitaire n’a pas amélioré le tableau. Beaucoup se sont rués vers les banques alimentaires, qui font office de « pansement sur une jambe de bois », observe Tavernier. D’où la nécessité de proposer des alternatives. « L’injonction, ça ne marche pas. »
Se développent ainsi de nouvelles façons de consommer, correctement, pour pas cher : Boris Tavernier évoque ainsi Jordan, qui cultive un jardin collectif nourrissant jusqu’à 36 familles. Ou ces magasins coopératifs, comme la Cagette à Montpellier, qui visent à « toucher un public pauvre ». Mais il arrive que la devanture du magasin dissuade les clients les plus modestes : « Ça ne leur ressemble pas ». D'autant que « 50 % de leurs adhérents sont au SMIC, mais souvent au SMIC bac +5 ».
Boris Tavernier prône donc un autre levier : l’éducation. Partisan de cours d’alimentation à l’école, il fait aussi déguster ses produits bios dans le but de « convaincre par le goût » les plus modestes.
* Ensemble pour mieux se nourrir, Frédéric Denhez et Alexis Jenni, Coll. Domaine du possible, Éd. Actes Sud, 2021, 208 p., 20 euros.
Source : https://www.marianne.net/