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A Trappes, la renaissance inattendue et opportuniste de la bonne vieille UMPS.

A Trappes (Yvelines), la ville d’Omar Sy et de Jamel Debbouze (des références en matière de racines chrétiennes de la France et de patriotisme !), la vie politique suit le plus échevelé et improbable des scénarios. Après l’annulation, en août, de l’élection municipale de 2020, voici qu’une étonnante alliance entre la vraie gauche et la fausse droite a été scellée, mardi 14 septembre. Après avoir bataillé l’un contre l’autre des années durant, l’ancien maire socialiste (PS) Guy Malandain et le Franco-Marocain Othman Nasrou, un lieutenant de Valérie Pécresse, ont décidé de s’unir. Ils mèneront une liste commune au nouveau scrutin prévu les 10 et 17 octobre, avec M. Nasrou à la première place, et M. Malandain à la troisième. Histoire de pouvoir compter sur les voix des électeurs arabo-musulmans, si nombreux dans cette enclave maghrébine en terre de France.

Leur objectif : écarter Ali Rabeh, le maire (Génération.s) dont l’élection, en juin 2020, a été invalidée par le Conseil d’Etat. Ensemble, ils l’accusent de gérer Trappes de façon autoritaire et partisane. « Il a mis le feu à la ville », assure Othman Nasrou. Ici, « nous ne sommes plus dans un combat entre la droite et la gauche, mais entre la République et le clientélisme », martèle-t-il pour justifier ce « front commun » inattendu. Un nouvel épisode de ce que nous dénonçons depuis si longtemps :

« C’est une alliance contre-nature !, a osé réagir Ali Rabeh. Le seul moteur de cet accord, c’est la rancœur et la haine contre moi. Heureusement, les Trappistes ne sont pas des imbéciles. Ils vont me juger sur mon bilan : j’ai rétabli le soutien scolaire après l’école, baissé les tarifs de la cantine, diminué les impôts… Et j’espère bien être élu dès le premier tour. » 

Avant l’annonce du pacte entre les adversaires d’hier, Ali Rabeh semblait bien placé pour l’emporter. En 2020, cet ancien directeur de cabinet de Benoît Hamon est arrivé en tête au second tour avec 40,4% des voix, devant la liste d’Othman Nasrou (37,2 %), et celle de Guy Malandain (22,4 %). Ce qui donne malgré tout une forte idée de l’état de l’électorat trappiste ! Depuis, il a été conforté par le résultat des élections départementales : sa liste a réuni 60 % des suffrages au premier tour dans la ville de Trappes, et près de 70 % au second. Il espérait en outre capitaliser sur sa légitimité de maire sortant. Mais l’alliance entre ses rivaux peut changer la donne. Un retour aux sources qui, cette fois, ne concerne pas le Rassemblement national…

L’enjeu est important pour cette ville de 32 000 habitants, à gauche depuis 1945, gérée successivement par les communistes, les socialistes, et les amis de Benoît Hamon. Pour la droite locale, pilotée par Valérie Pécresse et l’ancien député Jean-Michel Fourgous, placer un des siens à la mairie apparaîtrait comme une victoire notable.

Hélas, si c’était le cas, cela changerait-il quoi que ce soit au fait qu’il s’agit désormais d’un des principaux territoires exclu de la République avec plus de 70% de ses habitants de religion musulmane !

Mais l’affaire dépasse Trappes, tant cette commune est devenue un symbole. Celui des villes de banlieue confrontées à l’islamisme, et dont les élus ne savent plus comment réagir. Entre 2014 et 2016, pas moins de soixante-sept jeunes ont quitté la ville pour rejoindre le djihad, en Irak puis en Syrie. Un record européen.

Trappes « est une ville définitivement perdue », avait affirmé, en février, Didier Lemaire, un professeur et militant laïque. Il avait alors provoqué une polémique d’ampleur nationale tant la pensée conforme et obligatoire interdit de dire la vérité et qui risque de repartir avec la publication, jeudi 16 septembre, de son livre Lettre d’un hussard de la République (Robert Laffont, 18,50 euros, 240 pages). A l’époque, Ali Rabeh avait qualifié de « mensongers » les propos de Didier Lemaire. « Il a mis en scène un affrontement civilisationnel qui n’existe que dans sa tête », dit-il aujourd’hui.

La preuve :

Deux clientes sur le marché du Merisier, à Trappes !

La République contre le clientélisme ? Le nouveau combat électoral engagé à Trappes constitue aussi, plus classiquement, une lutte de pouvoir entre une poignée d’hommes pugnaces. Le premier est Ali Rabeh, 36 ans, un ancien de l’UNEF et du PS, resté très proche de Benoît Hamon. En 2020, il n’a pas voulu repartir avec l’ancien maire socialiste de 84 ans, Guy Malandain, soutenu par La République en marche, et il a mené sa propre liste, avec succès. Il s’est ainsi fait nombre d’ennemis tant il est vrai que ni le socialisme pur et dur ni l’islam ne protègent des magouilles politique…

Arrivé en deuxième position, Othman Nasrou, 34 ans, a immédiatement contesté le résultat du vote, et obtenu gain de cause. Entre les deux tours, Ali Rabeh avait fait la promotion de sa candidature en distribuant des masques contre le Covid-19 sans intégrer cette dépense dans ses comptes de campagne. Le tribunal administratif, puis le Conseil d’Etat ont donc annulé l’élection.

De son côté, Guy Malandain a vécu comme une traîtrise le fait que son ex-adjoint se porte candidat contre lui, et le batte. « Je ferai tout ce que je peux pour empêcher quelqu’un qui ne respecte pas la loi de devenir maire de Trappes », affirme-t-il aujourd’hui. « Tout », y compris, donc, s’allier avec son grand adversaire Othman Nasrou.

Ces gens-là sont TOUS des crapules et la France est bien mal en point. Qui sont les véritables responsables ?

Dans le passé, les deux hommes s’étaient écharpés, même devant les tribunaux. Bras droit de Valérie Pécresse, Othman Nasrou avait eu des mots très durs contre le maire PS et ses « dépenses exorbitantes ». « Un nouveau mandat serait incontestablement celui de trop, alors que le mandat actuel est déjà celui du temps perdu », écrivait-il à son propos en 2019. A présent, les deux hommes affirment avoir passé l’éponge, et s’entendre sur l’essentiel ! Reste pour eux à convaincre les électeurs…

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