Concentrons-nous ici aujourd'hui sur ce que nous observons en France. Certes nous pourrions en dire autant de l'Angleterre ou, bien sûr, des États-Unis, dont « l'inquiétante évolution » ne date pas d'hier. Pierre Hofstetter la dénonçait en 1976, après la vague soixante-huitarde par conséquent, celle des campus américains rivalisant avec nos gauchistes parisiens, dans ce qui nous semblait une radicalité indépassable.(1)⇓
Nous n'avions rien vu...
Nous subissons maintenant des deux côtés de l'Atlantique la vague Woke. Le mot ne veut rien dire mais le programme dit tout. Ce n'est plus "du passé faisons table rase," c'est : reconstruisons la mémoire des peuples, accusons les nations occidentales. Nous voilà désormais coupables d'avoir apporté en Afrique des conditions sanitaires qui mènent au surpeuplement.
N'y voyons pas un rejet du racisme mais au contraire un détournement de ce qui peut paraître honorable dans ce rejet. Le racisme à l'état pur, le racisme matérialiste et mécanique de Vacher de Lapouge pourrait nous incommoder autant que l'antiracisme. Grâce à l'indigénisme woke nous assistons à l'incorporation des deux nuisances en une seule.
Immense courant que nous subissons en éprouvant le sentiment de ne pas pouvoir réagir ou répondre vient évidemment de loin. Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) le définissait déjà il y a un siècle : « Le monde moderne est plein d'anciennes vertus chrétiennes devenues folles. » À l'appui de ce célèbre apophtegme, il donnait l'explication suivante : « Elles sont devenues folles, parce qu'isolées l'une de l'autre et parce qu'elles vagabondent toutes seules. »
Dans ce registre, le parallèle avec les cauchemars surréalistes ne tient donc pas seulement à la méchanceté, mais aussi à la dérision, à l'absurde, – les surréalistes s'investissaient dans le burlesque, – au détournement subversif de ce qui jusque-là paraissait sacré.
L'adversaire central désigné par André Breton dans ses divers écrits, l'objet de la subversion : le christianisme reste considéré comme l'ennemi commun aussi bien par les régimes communistes que par les islamistes d'aujourd'hui ou à l'époque la révolution mexicaine, alors à la mode.
Au contraire tous les courants subversifs qui nous paraissent spécifiques et intrinsèques à nos sociétés, que nous nommons du néologisme de « sociétaux » ont en commun la haine et le mépris à l'égard du christianisme.
Or, nous les voyons logés, ou pour mieux dire lovés tels des serpents au creux de l’Église, y compris quand on apprend qu'en l'église Saint-Sulpice, on accepte la manifestation de l'islam.(2)⇓
Ainsi, vit-on pendant la guerre d'Algérie l'épiscopat catholique, sombrer au nom de ce qu'on appelait déjà à l'époque, le progressisme : bénir une rébellion dont la but très explicite était de balayer les chrétiens hors de la terre qui vit naître saint Augustin.
Quand on observe le fait migratoire, en quelque 60 ans la politique de la république en a retourné, aussi, la signification. On ne parle plus de travailleurs immigrés, mais de migrants, destinés à dénaturer le rapport à la citoyenneté, désormais inassimilés et inassimilables, précisément dans la mesure où, venus de pays musulmans, ils tournent le dos aux racines judéo-chrétiennes de l'Europe. N'oublions pas que c'est un Chirac qui empêcha en son temps que l'on inscrivît ce concept dans les traités européens.
Depuis Mitterrand s'est pratiquement imposé le slogan de l'association même de sa nuisible épouse gauchiste : « France Terre d'Asile ». N'y voyons pas une tradition noble et généreuse mais au contraire son détournement, pas du tout noble et généreux désormais. Interrogeons-nous sur la motivation profonde de ce consensus moutonnier, auquel succombent certains personnages classés à droite.(3)⇓
Qu'on me permette de rappeler le sempiternel argument pro-immigration : ils font des travaux que les Français ne veulent pas faire : cela vaut-il même quand ils ne « font » rien ? Quand ils assurent la vente des drogues illicites ? Or, désormais on applique cela aux illégaux, bénéficiaires de la fameuse Aide médicale d'État.
Mais s'agit-il vraiment d'un argumentaire généreux ?
Le détournement du droit d'asile fonctionne lui aussi à plein régime quand on réfléchit au contexte de la convention de Genève de 1951, destinée à protéger les victimes du communisme, réfugiés d'Europe orientale. On prétend l'appliquer aux futurs et hypothétiques réfugiés climatiques.
Et que dire du détournement de l'écologie légitime, qui n'est pas autre chose que l'amour de la Création par l'écologisme radical, lequel s'emploie à détruire l'homme ?
On doit donc de s'interroger en France sur la puissance et la solidarité du Syndicat des destructeurs, actif dans ce domaine. Puisque hélas, on le sait jusqu'en avril présent à l'Élysée, dans les fourgons de ce qu'on appelle le lobby LGBT, il reviendra bientôt aux citoyens lucides de l'en chasser.
JG Malliarakis
Apostilles
- L'inquiétante évolution américaine, par Pierre Hofstetter, Les Sept Couleurs, 1976,192 pages.⇑
- À voir sur Youtube⇑
- cf. L'Insolent du 20 janvier: "En finir avec le consensus moutonnier" ⇑