Le progressisme est une idéologie, une vision du monde, celle d’un monde universel, sans frontières, fondé sur la paix entre les peuples, la solidarité, l’égalité, la liberté individuelle, la démocratie, le progrès.
Le monde tel qu’il est et tel qu’il va correspond peu à ces idéaux. Le nationalisme, l’impérialisme et le rapport de forces gouvernent les relations entre Etats. Le racisme, les inégalités et la violence sont fortement présents dans la plupart des pays. Dans plusieurs régions du monde, les libertés individuelles sont réduites, face à un Etat autoritaire voire totalitaire, comme en Chine. Face à cette situation de contradiction entre le réel et son idéologie, le progressiste réagit en adoptant plusieurs positions de défense de ses croyances.
- La négation du réel
La première position de défense consiste à nier. Le progressiste nie les faits qu’on lui met sous les yeux, ou bien s’efforce de les relativiser. Si on lui indique par exemple qu’aucun pays du monde, en dehors de l’Europe, ne considère l’universalisme comme un idéal, il répondra par exemple qu’avant c’était pire ; ou que les médias mettent en avant tout ce qui va mal mais ne parlent jamais de ce qui donne des raisons d’espérer.
- La confiance naïve dans l’avenir
On montre au progressiste que, dans le domaine des relations internationales par exemple, les choses évoluent, dans la plupart des régions du monde, à l’exact inverse de ce qu’il souhaite. Les impérialismes s’affirment. Différents nationalismes, un temps mis sous l’éteignoir par la guerre froide, renaissent intacts. Le racisme bien présent est l’une des sources des multiples guerres que connaît aujourd’hui l’Afrique.
Le progressiste n’en démordra pas et proclamera sa foi dans l’avenir. Il affirmera que l’évolution souhaitable sera longue et difficultueuse, qu’il y aura des hauts et des bas et des retours en arrière, mais que le monde ira progressivement dans le sens de la paix et de la fraternité. Le progressiste invoquera les progrès réalisés en faveur des droits de l’homme et de la paix, en oubliant que ces progrès concernent essentiellement l’Europe. Et qu’ils sont tout à fait réversibles, comme le montre l’histoire du vingtième siècle, marqué par deux guerres mondiales et par le règne des totalitarismes. Qu’importe pour le progressiste, qui, à la suite d’Hegel, considère que l’Histoire a un sens, l’avènement progressif du règne de la Raison et de la paix.
- La foi aveugle dans l’idéologie
Les progressistes les plus lucides sont prêts à admettre que le monde de progrès et de paix entre les peuples ne se réalisera jamais. Ils n’abandonneront pas pour autant leur idéologie. Considérant que les idéaux progressistes restent moralement supérieurs, le progressiste n’y renoncera pas, même si le monde se révèle incapable de les adopter. Le progressiste refuse en quelque sorte de donner sa caution à un monde fonctionnant sur des bases condamnables, préférant vivre avec ses idéaux, même s’il devait être le seul à les poursuivre. On voit bien là le caractère religieux de l’idéologie progressiste. Le progressiste, même s’il est le plus souvent athée, est un produit de la religion chrétienne : il est prêt à adopter l’état d’esprit des monastères, priant dans le secret pour le salut du monde.
- La jouissance d’être progressiste
Le progressiste se pense altruiste. C’est le sort du Monde et l’avenir de l’Autre qui le préoccupent et l’animent. Mais le progressisme n’est pas seulement tourné vers les autres. Pour le progressiste, son idéologie a également des ressorts psychologiques très profonds.
Le progressisme procure à son adepte, tout d’abord, une identité. Cette identité est gratifiante. Elle donne bonne conscience et procure une belle image. C’est pourquoi le progressiste n’est nullement affecté par les faits qui pourraient conduire à douter de la pertinence de son idéologie : celle-ci est indispensable à son équilibre psychologique.
Le progressisme a pour le croyant un second intérêt majeur : elle le distingue de la foule. C’est pourquoi le progressiste jouit d’être progressiste. Plus les progressistes sont rares et contestés, plus ils sont renforcés dans le sentiment d’appartenir à une élite morale, héroïque dans l’adversité, surplombant le troupeau vulgaire et moutonnier des beaufs. Le progressisme est une esthétique, tout autant qu’une éthique.
Le progressisme est une fausse piste. Il confond le registre de l’organisation des sociétés et celui des vertus privées. Dans la vie sociale, il est conforme à la morale et à la raison de respecter un certain nombre de valeurs, telles que la volonté de ne pas nuire, la faculté de pardonner, de partager, ou de donner sans esprit de retour. L’organisation des sociétés et, plus encore, l’organisation des relations internationales, ne répondent pas aux mêmes règles et suivent même le plus souvent des principes inverses. Si elles veulent perdurer, les nations doivent rechercher leur intérêt exclusif. Si l’une d’entre elles se mettait à se comporter comme un individu vertueux, elle deviendrait rapidement une proie pour ses voisins.
Il est impossible de convaincre un progressiste de son erreur en faisant valoir des faits. Le réel, en effet, n’a pas de prise sur le progressiste. Le progressisme est une religion. Et l’on ne cesse pas de croire au motif qu’il n’existe pas de preuve de l’existence de Dieu.
On le voit ces semaines-ci, en ces temps d’élection présidentielle. Grâce à Eric Zemmour, la question de l’immigration, de l’identité et de la survie de la France est placée au centre de la campagne, en pleine lumière. Les faits s’accumulent qui montrent que la poursuite des chimères progressistes nous conduit au gouffre. Le sans-frontièrisme et l’immigrationnisme sont en train de détruire notre pays, notre société, notre civilisation. Tout cela n’a aucune prise sur les progressistes. Leur pays, leur société, leur civilisation leur importent en effet assez peu : seule compte véritablement pour eux leur idéologie. C’est elle qui les anime, qui les justifie, qui les structure, qui les fait tenir debout.
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