Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Emmanuel Macron verrouille le débat pour se préserver du devoir d’inventaire auquel doit se plier tout président sortant

Emmanuel Macron verrouille le débat pour se préserver du devoir d’inventaire auquel doit se plier tout président sortant

Dans un entretien à Valeurs Actuelles, Marion Maréchal estime qu’Eric Zemmour a les meilleures cartes en main pour s’imposer :

L’élection n’est pas jouée, souvenons-nous d’Édouard Balladur, en 1995, dont toute la presse présentait l’élection comme une formalité… et finalement c’est Jacques Chirac qui l’a emporté.

Je suis convaincue qu’Éric Zemmour dispose d’une dynamique plus importante qu’on l’imagine. Pendant longtemps, il a fait partie du paysage médiatique. Aujourd’hui, les Français découvrent un homme et un homme politique et sa mutation, en quelques mois seulement, est impressionnante. Chaque jour qui passe est une occasion pour Éric Zemmour de prouver qu’il est un dirigeant crédible, à plus forte raison pour les Français qui sont les plus éloignés de la politique, qui se sont réfugiés dans l’abstention ou qui ne se reconnaissent plus dans le système et sont en rupture avec lui. Au-delà du succès de ses meetings et des 100 000 adhérents son parti, il suffit d’observer les audiences télévisuelles qu’il réalise pour mesurer l’intérêt et l’espoir que sa candidature suscite.

Pour autant, cette campagne semble comme vitrifiée par la guerre en Ukraine, après avoir été déjà largement confisquée par les débats autour de la crise sanitaire. Comment, dans ces circonstances, mener campagne ?

Nous sommes dans une situation inédite, le risque majeur est que les Français soient privés du nécessaire débat politique et démocratique sur l’avenir de la France avec pour conséquence une potentielle explosion de l’abstention. Ce qui ne manquera pas d’aggraver encore la crise de légitimité de ceux qui nous gouvernent. L’actualité diplomatique, géopolitique, écrase tout après que la question du Covid a empêché toute autre forme de débat pendant des mois. Dans ce climat, c’est aussi notre responsabilité de ramener le débat sur les sujets nationaux essentiels. C’est compter aussi sans les difficultés que des candidats comme Marine Le Pen ou Éric Zemmour ont rencontrées pour réunir leurs parrainages, les obligeant à mettre en pause leur campagne pour s’assurer de pouvoir concourir. C’est une raison supplémentaire de s’emparer demain de la question institutionnelle et avec elle de la juste représentation de tous les courants d’opinion dans nos assemblées représentatives.

Comment expliquez-vous que, après un quinquennat marqué par une succession de crises — les “gilets jaunes”, la crise sanitaire — et la fracturation toujours plus grande du pays, Emmanuel Macron dispose encore, à en croire les sondages, d’un socle électoral si persistant ?

Je ne pense pas qu’il obtiendra le score que les sondages lui prédisent. Ce qui est certain, c’est qu’Emmanuel Macron n’a quasi pas de concurrence sur son segment. Il y a bien Valérie Pécresse, mais elle fait double emploi et n’a aucune incarnation. La guerre en Ukraine lui donne l’illusion de pouvoir survoler l’élection. Il se montre accaparé par les affaires du monde, indifférent aux remous de la campagne. C’est la théorie de l’éloignement et du prestige. Emmanuel Macron est en surplomb et cherche à se préserver du devoir d’inventaire auquel doit se plier tout président sortant. Il faut admettre que c’est un communicant talentueux. Il était déjà parvenu à verrouiller le débat public à l’occasion de l’épidémie de Covid. […]

Si vous deviez poursuivre le droit d’inventaire de ce quinquennat, que diriez-vous ?

Prenons l’actualité immédiate : sur le plan diplomatique et des relations internationales, le bilan de Macron est catastrophique. Le Mali ? Cinquante-trois soldats français y sont morts, notre ambassadeur a été sommé de quitter le pays tandis qu’une haine antifrançaise ne cesse de se répandre à travers la population. Cet enlisement nous a coûté une fortune sans que nous soyons à l’abri que la situation explose de nouveau. Le péril islamiste est toujours présent au Mali et menace les pays voisins. Le fiasco diplomatique est total. Comment ne pas se souvenir de l’attitude d’Emmanuel Macron à l’égard du président du Burkina Faso qu’il a humilié devant des étudiants en lui indiquant d’aller « réparer la climatisation » ?

Comment ne pas se souvenir d’Emmanuel Macron au Liban. Il est arrivé en matamore, assurant au peuple libanais qu’il imposerait une réforme du système politique sinon la France sévirait. Pour quels résultats ? Le pays est toujours aussi instable et corrompu, au bord de la banqueroute.

Comment ne pas se souvenir de l’affaire des sous-marins australiens et du contrat rompu alors que manifestement, de ce qu’il se dit dans les arcanes du pouvoir, cela faisait déjà un an que les services de renseignements et de défense alertaient sur ce qui était en train de se tramer. Cela s’est fini par une petite tape condescendante de Biden sur la cuisse d’Emmanuel Macron puis circulez, il n’y a rien à voir. Le gouvernement n’a rien compris dans ce qui se joue dans cette partie du monde. Emmanuel Macron considère que la politique de manière générale et la diplomatie en particulier, ce sont des photos et des coups de communication. Sauf que tout cela demande une cohérence, un suivi, un travail de fond et une certaine humilité.

L’activisme diplomatique d’Emmanuel Macron dans la crise russo-ukrainienne ne vous conduit-il pas à tempérer vos critiques ?

Au contraire, son rôle actuel est archétypal de son action. L’homme fait de grands effets de manche, de grandes déclarations — avec un certain talent, j’en conviens —, mais il n’obtient que peu ou pas de résultats quand ce n’est pas l’inverse de ce qui est attendu. Ce n’est pas le tout d’aller discuter avec Vladimir Poutine. Encore faut-il avoir des choses à dire et à proposer. S’il était allé voir le président russe avant la guerre en lui disant : “Je prends l’engagement que la France mettra son veto à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan”, il y aurait eu une démarche concrète pour faire avancer les choses. Si c’était simplement pour prendre des photos autour d’une table, sans que la France puisse apporter aucune garantie sur le fait qu’elle serait un acteur d’équilibre, on ne voit pas l’intérêt qu’il y avait à se rendre à Moscou.

Qu’est-ce qui caractérise le macronisme ?

Emmanuel Macron manque de vision et de cohérence. Ce qui est vrai en matière internationale l’est tout autant en matière énergétique. Sur le nucléaire, il a opéré un virage à 180 degrés. Il a fermé la centrale de Fessenheim, communié dans l’utopie du 100 % renouvelable pour finalement annoncer, il y a quelques semaines, un plan de construction de réacteurs nucléaires. On pourrait parler de l’affaire Alstom. C’est extraordinaire qu’elle ne fasse pas davantage de bruit. […]

Nous évoquions à l’instant la situation diplomatique. C’est encore Emmanuel Macron qui a signé le traité d’Aix-la-Chapelle qui laissait entrevoir que la France pourrait quasi partager son siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu avec l’Allemagne. On mesure à présent à quel point cela serait irresponsable ! […]

Notre déficit commercial extérieur est phénoménal et avoisine les 84 milliards d’euros. Notre dette a explosé de plus de 600 milliards d’euros et contrairement à ce qui est dit, ce n’est pas seulement dû à la dette Covid, même si elle l’a très largement aggravée. […]

La PMA sans père, qui prive volontaire l’enfant à naître d’un père, l’allongement à 14 semaines du délai d’avortement, qui permet de stopper la vie non pas d’un embryon mais d’un fœtus qui a déjà forme humaine en utilisant des techniques d’avortement brutales, au point que même la présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France s’en est émue… non, je ne crois pas que ces “progrès” nous rendent plus humains. […]

Cette question bioéthique pose la question de notre conception de l’homme, de sa dignité, de son rapport au monde, elle touche à l’anthropologie et à la philosophie. Elle fait partie de l’âme d’un peuple. Chaque civilisation a un regard singulier sur ces sujets, notre vision n’a rien à voir avec celle de la Chine, par exemple. C’est pourquoi je considère que lorsque l’on cède sur ces questions bioéthiques au nom d’une espèce de libéralisme mondialisé ou d’un individualisme propre à la culture progressiste occidentale, on renonce à une partie de nous-mêmes et à une forme de notre rapport au monde. Or, comment ne pas constater sur ces sujets une fuite en avant de la Macronie ? […]

En France, la liberté d’enseignement, à savoir la liberté pour les familles de choisir l’éducation de leurs enfants, est une liberté fondamentale souvent mise à mal. […] On pourrait aussi imaginer faciliter le développement de ces écoles hors contrat en faisant en sorte qu’elles puissent être éligibles à la taxe d’apprentissage, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a aussi une inégalité entre les enfants du public et du privé. Ils n’ont pas le droit aux réductions des cartes de transport, ni aux bourses d’État, ni à l’accès aux équipements de loisir communaux qui sont pourtant financés par les impôts de tous. Ils ne peuvent pas non plus se présenter à certains concours généraux. Il faut mettre fin à toute discrimination entre les enfants du public et du privé. […] Encore une fois, les parents doivent être libres. C’est pourquoi je suis pour que l’on revienne sur les dispositions prises sur la quasi-interdiction de l’école à la maison. De nouveau, à quel titre ? Si des parents considèrent que leurs enfants ont besoin de suivre un enseignement à la maison parce qu’ils sont inadaptés au système scolaire, je ne vois pas à quel titre on leur refuserait ce droit. […]

https://www.lesalonbeige.fr/emmanuel-macron-verrouille-le-debat-pour-se-preserver-du-devoir-dinventaire-auquel-doit-se-plier-tout-president-sortant/

Les commentaires sont fermés.