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La violence fait reculer les démocraties affaiblies

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Les jeunes nationalistes corses ont en commun avec Vladimir Poutine d’user de la violence pour imposer leurs vues. Et la loi de la jungle montre, hélas, son efficacité. Ce mercredi, dans Corse Matin, le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin se dit « prêt à aller jusqu’à l’autonomie » de l’île. Il promet qu’un tel processus sera « logiquement engagé pendant le second mandat du président de la République ». Avec ce recul de la « république une et indivisible », le pouvoir espère éteindre l’actuel climat d’insurrection qui a enflammé une partie de la jeunesse insulaire. La révolte s’est répandue notamment à Ajaccio et Bastia après l’agression par un djihadiste d’Yvan Colonna dans sa prison d’Arles.

Mardi, c’est le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelinsky, qui a admis lors d’une visioconférence : « Il faut reconnaître que l’Ukraine ne pourra pas intégrer l’Otan (…) Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer ». L’abandon de cette exigence, qui fut un des motifs de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février, est le résultat d’un rapport de force brutal et meurtrier imposé par Poutine en guise d’argument. Les deux situations, de la Corse et de l’Ukraine, n’ont rien de comparables dans leurs aspects les plus tragiques. Reste cette même terreur qui s’impose comme ultime recours.

Quand des démocraties reculent devant les plus brutaux, il est urgent de s’inquiéter de leur fragilité. Zelinsky, à la tête de la jeune et imparfaite démocratie ukrainienne, a joué avec le feu avant de s’apercevoir de son erreur sous le poids des bombes et des morts. Fort des soutiens des Etats-Unis et de l’Union européenne, il n’a apparemment pas voulu entendre les avertissements russes sur les conséquences d’une extension de l’Otan aux portes de la Russie. Il a également découvert la lâcheté de ses alliés, qui se garderont d’intervenir directement à ses côtés. Il est vrai que les réserves de munitions de l’armée française seraient de quatre jours « au maximum », selon le sénateur LR Christian Cambon. Cette guerre aurait-elle pu être évitée si Zelinsky, néanmoins héroïque dans sa résistance, avait renoncé d’emblée à l’adhésion de son pays à l’Alliance atlantique ? Les historiens le diront. Sur la Corse, le gouvernement, lui, montre sa vraie faiblesse, dissimulée derrière ses postures autoritaristes et ses discours guerriers. Sa capitulation historique sur l’autonomie d’un territoire français, exigée par des guérillas urbaines, montre son incapacité à comprendre le réveil des identités et des particularismes locaux. Emmanuel Macron n’est pas le premier à s’être heurté au problème corse. Reste que son mépris pour les enracinements l’a rendu imperméable, sinon hostile, à des revendications girondines qui auraient du trouver leur place dans une démocratie ouverte. La méthode du soulèvement populaire risque désormais de faire tache d’huile.

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