Les identitaires le savent : la démographie, c’est le destin[1]. Mais la question démographique ne se limite pas à celle de l’immigration et des mouvements de population. Pour comprendre les enjeux majeurs du XXIe siècle et pour s’assurer de la pérennité de la civilisation européenne, il faut poser la question de la natalité, soit la capacité du peuple (français ou européen) à se renouveler et à faire perdurer son identité collective.
Une lame de fond traverse l’Occident, celle de la dénatalité. Et contrairement à ce qu’affirment les constats naïfs des démographes d’État, la situation française n’est pas meilleure que celle de nos voisins européens : les taux de natalité légèrement supérieurs de la France sont artificiellement gonflés par la poussée démographique immigrée[2].
Mais alors, comment surmonter cet obstacle ? Pour répondre à ce défi, il faudra procéder à plusieurs mises au point et se défaire des solutions préconçues.
Pourquoi la dénatalité n’est pas un élément de réjouissance
On entend parfois au sein de la droite que la faible natalité européenne serait une source de réjouissance, un phénomène qu’il faudrait poursuivre ou sinon ne pas tenter de renverser. Dans le même temps, il faudrait continuer à lutter contre l’invasion migratoire. C’est notamment la position de Renaud Camus. Une telle vision n’est pas tenable car elle revient à considérer que l’avenir de notre civilisation, c’est de se laisser mourir tranquillement, de céder à la « mort tiède[3] » et de ne reprocher aux masses immigrées que leur manque de courtoisie lorsqu’ils perturbent le silence du cimetière européen. Peut-on sérieusement chercher à se battre pour réclamer notre sanctuaire millénaire dans le seul but d’y rendre son dernier souffle et de mettre un terme à l’épopée de la plus grande culture que le monde a connu ? L’intérêt d’une telle démarche nous échappe.
Certains pourraient rétorquer que la natalité relativement plus faible de l’Europe de l’Ouest comparée au reste du monde[4] est une particularité qui nous appartient en propre. Peut-être, mais cela ne signifie pas que nos ancêtres ont pratiqué le suicide démographique actuel pendant les siècles précédents. Si c’était le cas, nous ne serions pas là pour en discuter. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, notre incapacité tendancielle à renouveler la population européenne annonce une catastrophe majeure (qui a déjà commencé) : l’alliance de la gérontocratie (règne des anciens) et de l’allocratie (règne des étrangers). Ce phénomène est parfaitement observable en France : pour financer les retraites des boomers, ceux-ci votent pour faire venir des masses immigrées, censées remplacer les Français, accusés de refuser de travailler (produire) et de faires des enfants (se reproduire). Les conséquences d’une telle alliance impie sont, sans surprise, catastrophiques pour notre pays : naufrage dans le conformisme, la rente, la perte de nos repères culturels et la violence barbare du quotidien.
La disparition progressive du peuple européen n’est pas seulement un problème pour l’avenir. C’est également le symptôme d’une crise dans la conscience de notre culture. N’importe quel individu, famille, peuple ou civilisation ressent le besoin instinctif de se perpétuer. Lorsque ce besoin profond s’efface, c’est le signe d’un malaise, voire d’une maladie, qui parvient à soumettre la pulsion de vie de chacun et de tous. Pour apporter une réponse efficace à la dénatalité, il est nécessaire de dessiner le contour des conditions fondamentales requises pour que cet instinct vital puisse s’exprimer.
Quelles solutions ?
1. Maturité psychologique et environnement culturel
Une vérité essentielle est systématiquement évitée des débats sur les taux de natalité : pour faire des enfants, il faut être un adulte. Les enfants ne font pas d’enfants. Bien entendu, cela est vrai au niveau biologique mais aussi au niveau psychologique. Donner la vie et fonder une vie de famille, c’est considérer qu’il est vertueux et souhaitable de mettre sa vie au service d’autre chose que de sa pure satisfaction personnelle. Une population bloquée dans une enfance ou une adolescence perpétuelle va, sans surprise, repousser ad infinitum cette étape de la vie, lui préférant la construction d’une carrière ou la poursuite des satisfactions hédonistes adolescentes.
La culture occidentale est celle d’une cour de récréation géante, dominée par des commissaires politiques aux techniques de domination identiques à celles des profs d’école primaire (zèle des mesures sanitaires telles que le port du masque, injonction perpétuelle à la gentillesse, tyrannie de la mièvrerie, etc.). Pas étonnant que les Occidentaux restent bloqués dans un refus obstiné de l’âge adulte, considéré comme « réac », rétrograde et ennuyeux.
Dans ces conditions, on comprend que le travail politique à entreprendre pour résoudre la crise de la natalité est bien plus profond qu’une simple série de mesures économiques immédiates et a beaucoup plus à voir avec un changement de cap majeur dans les valeurs qui régissent les parcours de vie de l’Européen ou du Français moyen. Et ces valeurs que nous souhaitons ne pourront émerger que dans une société dans laquelle les conditions de vie concrètes sont compatibles et encouragent l’adoption de telles valeurs. Par exemple, l’urbanisation de l’existence s’accompagne systématiquement d’une baisse du niveau de fertilité : la recherche infinie des stimulations de la vie en métropole retardant la constitution d’une famille, tout comme la nécessite de rester toujours plus longtemps sur les bancs de l’université.
2. La politique du vivant et la perturbation de la vie
Le 8 mai dernier, Jean-Luc Mélenchon avait évoqué lors d’un passage télévisé la chute dramatique de la fertilité masculine de 40 % au cours des décennies récentes[5]. Si l’on peut s’étonner que ce soit un homme de gauche qui se fasse le porte-étendard d’une telle cause (la gauche contemporaine étant la faction la plus radicale dans l’antinatalisme, surtout s’il vise les Européens), il faudrait surtout s’étonner que la droite ne se soit jamais prononcée sur cette question, pourtant cruciale lorsque l’on prétend défendre la famille. Car le phénomène évoqué par Jean-Luc Mélenchon est bien réel[6] ; il est temps d’en faire un véritable sujet politique. Parmi les causes de cette infertilité chronique, on peut citer (entre autres) les régimes alimentaires malsains (junk food, notamment), la profusion de microplastiques et de perturbateurs endocriniens en tous genres dans la nourriture ainsi que les modes de vie et les conditions de travail excessivement sédentaires.
Il est temps que la droite sorte de son idéalisme et s’intéresse aux questions scientifiques de l’époque. Sans ça, elle se désarme pour mener les combats politiques cruciaux. Si l’on est authentiquement attaché à la famille et à l’identité de la France et de l’Europe, alors il faut utiliser de tous les moyens politiques possibles pour mettre un terme à la stérilisation du peuple européen.
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