Marc Rousset
« Notre industrie s’effondre, le commerce extérieur est catastrophique, l’insécurité est colossale, l’école est à la dérive. Et la première mesure proposée par LREM est d’inscrire le droit à l’IVG dans la constitution que personne ne conteste en France. Au-delà du pitoyable. Terrifiant. » Tel est le judicieux constat de Christian Saint-Étienne auquel il convient d’ajouter l’hallucinante invasion migratoire, le taux de natalité insuffisant des Français de souche, la décadence sociétale, le déficit public insoutenable, l’endettement stratosphérique, des prix exorbitants de l’énergie avec des rationnements en vue pour l’hiver, l’inflation, la récession, la stagflation, la faillite économique ainsi que l’explosion politique et sociale à venir !
Sur les marchés, les craintes de récession s’ajoutent à celles de l’inflation. En maintenant les taux artificiellement bas avec leur politique de rachats de titres obligataires tout en créant de la monnaie, les banques centrales ont créé des bulles qui sont en train d’exploser ; les actions et les obligations dévissent de concert. Depuis le début de l’année, le Nasdaq des valeurs technologiques a plongé à Wall Street de 27 %, l’indice très représentatif du Standard & Poor’s de 19%, l’EuroStoxx 50 de 19 % et le CAC 40 de de 15 %.
Agustin Carens, le directeur général de la BRI, la banque centrale des banques centrales, souligne la gravité de la situation : « La combinaison actuelle d’une forte inflation et de niveaux d’endettement historiquement élevés est sans précédent ». Et il ajoute : « Pendant trop longtemps, la politique budgétaire et monétaire a été la solution économique à privilégier, entraînant une croissance alimentée par la dette. Elles sont désormais à bout de souffle. »
Le regretté François Fillon avait déjà eu le courage de nous dire, il y a dix ans, qu’il était à la tête d’un État en faillite ! Aujourd’hui, même le mielleux et hypocrite Bruno Le Maire vient enfin de reconnaître que « la côte d’alerte pour l’endettement de la France est atteinte ». La dette française s’est accrue de 90 milliards d’euros au premier trimestre pour atteindre 2 900 milliards d’euros et bientôt plus de 3 000 milliards, suite à trente ans d’incurie des élites bien pensantes et d’hommes politiques insouciants, irresponsables. L’époque n’est toujours pas aux économies avec la surenchère démagogique électorale des politiques du pouvoir d’achat de LREM, RN et LFI, par opposition au parler vrai d’Eric Zemmour.
Tant que les taux d’intérêt augmenteront moins vite que l’inflation et la croissance, la charge de la dette sera soutenable, mais les taux d’intérêt français peuvent s’envoler si la BCE est incapable de les maîtriser, compte tenu de sa nouvelle politique monétaire. Agustin Carens, le directeur général de la BRI, craint aussi pour les taux de croissance : « Au fur et à mesure que la politique monétaire se resserre, des tensions avec la politique budgétaire vont apparaître. A mesure que la normalisation monétaire s’accélère, les taux de croissance seront plus proches des taux d’intérêt, voire inférieurs à ceux-ci. » L’inflation, dès septembre, sera au minimum de 7% en France.
La France connait déjà son plus grave krach sur les obligations depuis 1994 et se dirige à grands pas vers une situation à la grecque avec le technocrate irresponsable et manipulateur Macron à la barre. Il semble en fait que la France va connaître le scénario noir envisagé par la Banque de France avec les hypothèses probables de la prolongation de la guerre en Ukraine et d’un arrêt total des importations européennes de pétrole et de gaz, suite à l’effet conjugué de la politique suicidaire des sanctions et des représailles inévitables, méritées de Poutine. Il y a risque grave de crise financière avec un déficit commercial de 100 milliards d’euros, un déficit public de 6 % du PIB en 2022 et des taux d’intérêt qui remontent.
La zone euro se dirige tout droit vers la stagflation, une inflation de 8,1% et un basculement inévitable dans la récession en cas d’arrêt complet des livraisons de gaz russe. La BCE qui affirme vouloir mettre fin, avec son nouvel instrument anti-fragmentation, aux écarts de taux obligataires élevés par rapport à l’Allemagne des pays tels que l’Italie, l’Espagne, le Portugal et très bientôt la France, fait face à un dilemme impossible à résoudre : si la BCE achète de nouveau les titres de la dette des pays menacés pour faire baisser les taux, elle augmentera alors la masse monétaire ; donc l’inflation augmentera de nouveau tout comme la dévaluation de l’euro par rapport au dollar.
De plus, Christine Lagarde vient d’affirmer lors d’un colloque à Sintra (Portugal) que l’instrument anti-fragmentation reposera avant tout sur une politique budgétaire saine des États alors que dans la plupart des pays, les dépenses publiques ne font qu’augmenter avec les mesures de préservation du pouvoir d’achat. La BCE, selon Lagarde, ne peut plus être le seul acteur à agir dans la tempête : « Les gouvernements responsables de la politique budgétaire doivent jouer leur rôle dans la réduction des risques. » Le nouvel instrument ne pourra donc être mis en place que si les Etats prennent des mesures budgétaires draconiennes et donnent des garanties suffisantes à la BCE. Il se trouve que c’est un problème insurmontable à régler pour les gouvernements car la dette des États européens en voie de banqueroute est déjà trop élevée avec des déficits publics qui augmentent au lieu de diminuer ! Lagarde émet donc des vœux pieux irréalistes et n’obtiendra jamais ses garanties de remèdes de cheval, de réformes structurelles pourtant indispensables de la part de la France et de l’Italie !
De plus, elle affirme qu’empêcher les écarts entre les taux d’emprunts des États souverains est un préalable « à la remontée des taux autant que nécessaire » : cela signifie donc qu’en fait Christine Lagarde ne pourra pas remonter les taux à court terme et que même si elle pouvait les faire remonter, il ne faudrait pas que les taux augmentent trop, afin d’éviter une récession. L’inflation va donc continuer de plus belle ! Cela sent donc de plus en plus, non seulement l’inflation et la récession, mais l’explosion à terme de la zone euro et l’hyper-inflation, style Allemagne en 1923 !
La situation actuelle est un imbroglio d’autant plus complexe à comprendre qu’après avoir été laxistes pendant des années depuis 2008 avec le « QE quantitatif » créateur de monnaie et porteur d’inflation, les banques centrales se plaisent actuellement à jouer subitement au grand méchant loup avec l’inflation, mais elles changeront très vite leur fusil d’épaule aux premiers signes de krach ou de récession. Pour l’instant, on se dirige pour l’automne vers un taux de 2,25% pour la Fed et de 0,25% pour la BCE. Mais à terme, après avoir joué aussi longtemps avec le feu, la situation deviendra un jour incontrôlable pour les banques centrales ; la plaisanterie de toujours reporter les échéances sans jamais résoudre les problèmes ayant suffisamment duré depuis 2008, la catastrophe finira par arriver sans prévenir !
Le très grand fonds spéculatif américain Bridgewater de Ray Diallo prend des positions vendeuses à la baisse de 9 milliards d’euros en misant sur une récession à venir en Europe. S’il y a pénurie, rationnement et coupures, suite à l’arrêt des fournitures en énergie par la Russie, il y aura aussi une hausse importante des prix qui entraînera une récession. L’inflation est le « plus grand poison » de l’économie et le risque de récession augmente selon le PDG de la Deutsche Bank. Merci Macron et l’UE pour vouloir faire une guerre en Ukraine qui n’est pas la nôtre, mais celle de l’Amérique, une guerre contraire au bon sens et aux intérêts géopolitiques les plus élémentaires de la France, ce qu’avait très bien compris et anticipé le général De Gaulle !
Aux États-Unis, la Fed envisage la récession, même si elle parle officiellement d’un ralentissement nécessaire de l’économie pour vaincre l’inflation élevée de 8% qui a surpris aussi bien Jerome Powell , le Président de la Fed , que Janet Yellen, la secrétaire au Trésor. L’immobilier commence déjà à s’écrouler, suite à la montée des taux hypothécaires à 6%, comme en 2007/2008, au début de la crise des subprimes, car les acheteurs américains empruntent avec des taux variables. Les États-Unis jouent donc eux aussi avec le feu.
La bulle des actions et des obligations qui a mis 14 ans pour se former, avec 25 000 milliards d’achats d’obligations par la Fed, la Banque du Japon, la BCE et la Banque d’Angleterre, peut éclater violemment dans les mois qui viennent avec une dépression économique à la clé. La dette fédérale publique américaine, de l’ordre de 30 000 milliards de dollars, est passée de 35% du PIB en 1980 à plus de 129% aujourd’hui. Quant à la dette des entreprises non financières américaines dont 70% est classée juste au-dessus des obligations pourries (« junk bonds »), elle est passée de 9 000 milliards de dollars en 2006 à 18 000 milliards de dollars. Il se trouve également qu’en 1929, la dette fédérale publique des États-Unis était presque nulle. Autres cygnes noirs : Le géant des cosmétiques Revlon est en faillite tout comme le marché spéculatif des crypto-monnaies. Le monde pourrait assister à une succession de défauts de paiement, avec une inflation galopante que les taux d’intérêt insuffisants des banques centrales ne pourront pas contrôler. Il y a 40 ans, Paul Volcker avait dû laisser monter les taux d’intérêt jusqu’à 20% pour juguler l’inflation.
Quant à la Chine, elle connaît sa pire crise économique depuis 30 ans avec de très faibles taux de croissance. La dette nationale de l’Italie s’élève, elle, à 3200 milliards de dollars avec un ratio d’endettement de 156% du PIB et un taux obligataire de 4%, soit une élévation de 1,5% en un mois. Les paroles apaisantes de Lagarde et les outils politiquement irréalistes anti-fragmentation de la zone euro n’empêcheront pas l’explosion à venir de l’Italie. Draghi en personne va bientôt rendre son tablier. Et pour couronner le tout, l’exemplaire Japon, avec un niveau d’endettement astronomique de 260 % du PIB, se trouve pris au piège infernal de la dette, avec sa dette publique de 7 500 Milliards de dollars, des taux actuels de zéro % et la montée des taux à venir. Le yen est déjà en train de plonger, ce qui déstabilise toute l’Asie. La bombe mondiale prête à exploser, c’est la perte de valeur et l’écroulement, avec la montée des taux, d’un marché obligataire de plus de 250 000 milliards de dollars !
Toutes les grandes banques européennes et américaines sont exposées à cet effondrement à venir des obligations qu’elles ont à l’actif de leurs bilans, avec comme conséquence des pertes financières gigantesques et la disparition de leurs capitaux propres. Mais cette fois-ci, ce ne sera plus comme en 2008, car les banques centrales ne pourront plus intervenir pour les sauver ! Les oies n’ont sauvé le Capitole qu’une seule fois ! Le risque des banques est d’autant plus grand qu’il faut ajouter au risque de perte de valeur des obligations et des actions, comme l’a fait remarquer l’ancien Directeur de la Banque d’Angleterre Mark Caney, les pertes gigantesques à venir des produits dérivés hors bilan. C’est la raison pour laquelle William Engdahl estime dans une excellente étude publiée par le Saker francophone qu « ’un tsunami financier planifié à l’échelle mondiale vient de commencer ».
Dans un tel contexte explosif, il faut être complètement fou, être à la remorque des États-Unis et s’appeler Macron ou Van der Leyen, pour se lancer dans une politique suicidaire de sanctions économiques contre la Russie, alors que le conflit en Ukraine ne concerne directement la France en rien ! Les sanctions occidentales sont l’étincelle de trop qui pourrait mettre le feu aux poudres encore plus vite que prévu ! Poutine, lui, n’est pas fou, mais bien au contraire, un grand homme d’État courageux, le dos au mur, qui se bat pour sauver son pays agressé par les États-Unis et l’OTAN depuis la chute du mur de Berlin. Ce sont les seuls États-Unis qui sont à l’origine du conflit car ils recherchent l’hégémonie mondiale avec le bras armé d’un OTAN en expansion sans fin vers l’Est, y compris l’Ukraine !
Les sanctions avec la perte du marché russe pour de grandes entreprises françaises, l’augmentation exponentielle des prix de l’énergie, avec du gaz de schiste américain plus cher et véritable catastrophe écologique par rapport au gaz russe, les menaces de rationnements du gaz et de l’électricité prévus en hiver coûtent donc infiniment plus chers aux Français qu’à la Russie ! Les Américains peuvent fournir, en gaz de schiste par bateaux méthaniers, seulement 15 milliards de m3 à l’Europe, alors que Nordstream 1 et 2 pourraient fournir par gazoducs 110 milliard de m3 à l’Europe, soit 8 fois plus !!! Les prix du charbon en Asie atteignent un record et le Pakistan se trouve aujourd’hui dans le noir et sans électricité parce que l’Europe achète tout le gaz disponible afin de remplir ses cuves avant l’hiver. L’Allemagne et la France sont obligées de relancer les centrales à charbon qui polluent (1058 grammes de CO2 contre 6 grammes pour le nucléaire par kwh). Enfin, un nouveau Lehman Brothers pour couronner le tout, avec l’explosion du marché des produits dérivés du gaz, n’est pas à exclure !
Comme le remarque très justement Renaud Girard dans Le Figaro, les Européens se tirent une balle dans le pied ! Seul Viktor Orban est resté lucide avec ses paroles prophétiques : « Le monde est au bord d’une crise économique. La Hongrie doit rester en dehors de cette guerre en Ukraine et protéger la sécurité de ses familles. »
Suite à l’inconscience des élites politiques qui nous dirigent depuis le décès de Georges Pompidou, nous vivons en fait actuellement une période prérévolutionnaire sur le plan politique et nous sommes à la veille d’une gigantesque crise économique et financière qui, à elle seule, sera suffisante pour faire exploser la France ! Alors de grâce, prenons les premières mesures structurelles pour redresser économiquement la France et laissons seule l’Amérique pratiquer la politique des sanctions économiques, en arrêtant de fournir de armes lourdes aux Ukrainiens qui ne feront qu’augmenter le nombre de morts ! La Russie dans le Donbass a déjà réalisé « sa percée de Sedan » et virtuellement déjà gagné la guerre engagée contre elle par l’Amérique impérialiste et l’OTAN, depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 !