Françoise Degois
Publié le 15 juillet 2022
À l’évidence, Emmanuel Macron n’a pas entendu le message des législatives et qualifie le camouflet de la majorité relative, sur le pass sanitaire, de “ coup de chaleur nocturne” et d’”attelage baroque”, signifiant ainsi le mépris profond qu’il a pour les oppositions.
Entravé, empêché, en colère sous des dehors soyeux, et des phrases amphigouriques, destinées uniquement à nous noyer dans une pensée plus tortueuse que complexe, Macron persiste et signe : oui, il veut faire la retraite à 65 ans ; oui il veut réformer encore l’assurance chômage, c’est à dire réduire encore les droits des chômeurs qui sont déjà à l’os; non, il ne taxera pas les super-profits, puisque, selon lui, ils subissent déjà la double peine avec le bouclier énergétique. Cet homme se moque du monde quand on sait que 5 milliardaires français possèdent l’équivalent des richesses de 27 millions de français. Il s’en fiche, et désormais se compare volontiers à Vulcain, ou Hephaistos, en grec, Dieu du feu qui forge, travaille les métaux, notamment l’or dans un enfer de feu, et transforme la matière première a sa guise. L’image est brutale, et passionnante à accoler au fameux adage chiraquien “ça m’en touche une sans faire bouger l’autre”, que l’ancien président lançait en privé là où le nouveau le trompette, le claironne et provoque. À 48h d’intervalle, il serait intéressant que des psychologues analysent ces deux images conjuguées, émanant du même homme qui donne le sentiment de surcompenser en permanence une fragilité qui se tapit aux tréfonds. Cet homme se moque du monde, il faut le dire et le redire.
Rappeler inlassablement, comme il le fait , que des emplois ne sont pas pourvus et les mettre, en parallèle, avec les chiffres du chômage, participe de cette perversion politique qui préside aux destinées de notre pays depuis plus de 5 ans. Le message envoyé est clair. Si on veut, il y a du boulot, et si on préfère rester au chômage plutôt que d’aller faire la plonge dans un restaurant, on est une grosse feignasse ou un mauvais citoyen. En gros, vous êtes comptable, ingénieur, éducateur , boucher, vous êtes prié d’aller travailler dans la restauration et … vice versa. Rappelons que, malgré le tableau idyllique dressé par le chef de l’État, il y a aujourd’hui 1 poste à pourvoir pour 10 demandeurs d’emploi . Rappelons également une autre vérité : les chômeurs bénéficient d’une assurance pour laquelle ils ont cotisé pendant des années. Le budget de l’État, c’est NOTRE argent. Tout le monde semble oublier cela. Ça n’est pas l’argent du gouvernement ou du président. Il leur est confié. À eux de le gérer convenablement sinon gare à la révolte. L’argent du travail, de la production de biens , de richesses, est majoritairement le fruit des salariés, le capitalisme financier se contentant uniquement de faire fructifier ce labeur. Parler ainsi des gens qui cherchent du travail, s’arranger avec les chiffres du chômage, en oubliant de mentionner les centaines de milliers de gens rayés des cadres par la nouvelle réforme et toutes les catégories qui, additionnées, représentent 13 % et non pas 7%, tout cela fracture un peu plus encore ce pays qui n’en avait pas besoin.
Cet homme se moque du monde et pense encore qu’avec cet entêtement, que tant d’observateurs qualifiaient hier de “courage” , cet esprit borné et sourcilleux de préserver l’entièreté de ce qu’il croit être son pouvoir personnel, il va provoquer un réflexe habituel de “moi ou le chaos” . Comme s’il recherchait les orages pour être celui qui construit un abri.
Un jeu dangereux qui complaît à la France qui va bien et veut y voir la chevauchée d’un progressiste raisonnable et cohérent. Cette France qui serait d’ailleurs la première à se révolter si Vulcain tapait à coup de marteau sur ses privilèges, ce qu’il se gardera bien de faire.
Pour l’autre France, ultra majoritaire, elle a désormais le choix entre le fatalisme et le combat, la résignation ou la bataille.
Nous entrons dans une période dangereuse, politiquement et socialement, et Emmanuel Macron porte une responsabilité profonde dans cette situation. Tout est question d’attitude et de bienveillance. Faire passer l’arrogance pour du courage, l’autoritarisme pour de la détermination, le cynisme pour de la stratégie politique, tout cela participe de l’effondrement annoncé. Gare au retour de marteau.
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