Tollé à gauche
Mais à peine le texte était-il rendu public sur le site de l’Assemblée nationale que la gauche criait au scandale. De Renaissance à la NUPES, tous accusent les élus de droite de « pauvrophobie ». « Je n’en peux plus de cette stigmatisation des plus fragiles et des plus pauvres », lance ainsi Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement, au micro de RTL.
« Chaque année, les parents sont accusés d’acheter, avec l’allocation de rentrée scolaire, des écrans plasma, des jantes neuves, des smartphones… Le vieux fantasme des pauvres qui boivent l’argent des allocs », raille de son côté Laurence Rossignol. « Heureusement on peut toujours compter sur Les Républicains pour lutter contre tous ces mauvais pauvres qui utilisent mal leurs allocations de rentrée », ironise Maud Bregeon, porte-parole de la majorité à l’Assemblée. Ou encore Benjamin Lucas, député écologiste, qui qualifie d'« indigne » cette proposition de loi.
À les écouter, il semblerait que les parlementaires LR aient lancé une croisade contre les franges les plus modestes de la société française. Pourtant, que l’on se rassure, dans ce texte, il n’est question que de contrôle et non de dévalorisation ou de suppression de l’ARS.
Rendre à l’ARS sa vocation initiale
Le groupe LR souhaite simplement « s’assurer que la solidarité nationale va uniquement aux enfants et à leur réussite scolaire », explique Pierre-Henri Dumont, député LR du Pas-de-Calais, à l’origine de cette proposition de loi. En effet, ces parlementaires déplorent «l’absence de contrôle sur les dépenses effectuées [avec l’ARS] qui permet de facto aux bénéficiaires d’utiliser cette aide à d’autres fins que celle des besoins de leurs enfants ». Pour rendre à l’ARS sa vocation initiale, ils proposent donc tout d’abord de verser cette aide, non plus en virement comme c’est le cas aujourd’hui, mais sous la forme de « bons d’achat » de rentrée utilisables seulement auprès de certaines enseignes. Ensuite, ils suggèrent de demander aux communes de préparer, pour les élèves bénéficiaires de l’aide, « un trousseau de fournitures scolaires ». Enfin, pour lutter contre les fraudes, ils demandent que les familles fournissent un justificatif de scolarité.
Après tout, cette volonté de contrôler l’utilisation de l’argent des contribuables semble plutôt naturelle. Surtout lorsque l’on sait que cette allocation concerne 3,2 millions de familles pour un coût total estimé à plus de 2 milliards d’euros.
Par ailleurs, il fut un temps où la majorité présidentielle ne s’offusquait pas de telles propositions. L’an dernier, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale, dénonçait l’achat « d’écrans plats » au mois de septembre grâce à l’ARS. Des propos qui faisaient écho à la tribune de Perrine Goulet, députée du MoDem et soutien de la majorité, dans laquelle elle demandait une « réforme » de l’ARS car « ce que l’on constate, c’est que son utilisation n’est in fine pas toujours dédiée aux enfants ».
Le débat sera-t-il tranché cette année ou bien reviendra-t-il inlassablement sur le devant de l’actualité tous les mois d’août ?
Clémence de Longraye