Le recrutement de nouveaux collaborateurs issus des réseaux catholiques suscite quelques aveux au sein du Rassemblement national :
[…] Ils sont une poignée, issus des mêmes réseaux traditionalistes. Les marinistes de la première heure pensaient en avoir fini avec eux. Il y a quelques années, l’ascension interne de la fille de Jean-Marie Le Pen et de sa ligne revendiquée «plus moderne», a provoqué le départ de beaucoup de cadres historiques, classés dans cette mouvance par la jeune garde. «Mais ces gens-là nous font le coup depuis trente ans, rage un proche de la députée du Pas-de-Calais. On les chasse par la porte, ils reviennent par la fenêtre.» Et la fenêtre, en l’occurrence, a un nom : il s’agit de Renaud Labaye. Le secrétaire général du groupe à l’Assemblée est celui qui a recruté les nouveaux venus, pour collaborer avec le groupe.
Des profils qui ne font pas l’unanimité en interne. «Ce n’est même plus le Parti Chrétien-Démocrate, c’est carrément l’Opus Dei», s’étrangle un élu, peu enclin à accueillir les nouveaux arrivants qu’il verrait plutôt chez Éric Zemmour. Les tenants d’une ligne dite moderne sur les questions sociétales s’inquiètent de la prolifération du petit groupe, et de leur influence qui pourrait grandir dans les mois à venir sur ces sujets. «Je connais le lobbying des milieux conservateurs depuis des années, commente Bruno Bilde, élu dans le Nord. Au final, ce sont les députés qui décident et pas leurs assistants, si on inverse les rôles, ça se passera forcément mal.» D’autres, qui dénoncent une «logique de pieuvre» sont moins optimistes : «Ils me font peur, parce qu’ils avancent masqués. Ils savent, pour l’heure, qu’ils ne sont pas en force, mais ils avancent leurs pions de manière très organisée.»
Suite à l’élection de 89 députés, le RN doit faire face à un besoin en ressources humaines. Ces nouveaux venus correspondent aux profils sérieux dont l’appareil a besoin. C’est pourquoi Marine Le Pen les a validés, comme Sébastien Chenu ou Jean-Philippe Tanguy.
«Cette ligne n’est clairement pas la mienne, acquiesce la députée des Alpes Maritimes Alexandra Masson. Mais ils sont compétents, souriants, actifs et présents, et je considère que c’est le plus important.»