À l’assaut contre les « milices d’extrême droite »
Le 15 novembre, il se rendait à Gergovie, où il affirma froidement qu’avec « les autres peuples méditerranéens », le « « Gaulois “de souche”», qui selon lui « n’existe pas », faisait de la « créolisation » (terme qui dans sa novlangue remplace le grand mélangement racial et culturel) comme le M. Jourdain de Molière ferait de la prose. La veille, en meeting à Clermont-Ferrand « contre la vie chère », Mélenchon avait déclaré avec une confondante originalité que « l’humanité était mise en danger par le capitalisme ». Lequel n’est toutefois qu’un péril secondaire en comparaison de l’extrême droite qui, horreur, « a tagué avant notre meeting ». Et là n’est pas son seul méfait : « À Lille, ils prétendent contrôler ceux qui montent dans les bus. À Lyon, des milices se baladent dans les rues. Il vous faut quoi pour comprendre qu’ils sont dangereux ? Non, vous préférez taper les « islamo-gauchistes. » Du coup, l’énergumène a sommé ses militants de réagir contre l’extrême droite, et par tous les moyens : « Commencez à vous organiser, les camarades, avec des méthodes impactantes contre ces milices qui se baladent en tabassant des gens… Il vous faut quoi pour comprendre qu’ils sont dangereux et que pendant qu’on vous montre les islamistes du doigt, ce sont les autres qui foutent la trouille à tout le monde et imposent le racisme partout, créant une ambiance venimeuse qui gagne chaque jour ? »
Qui crée une « ambiance venimeuse » ?
Cet appel au crime n’est pas tombée dans l’oreille de sourds. « Merci à Jean-Luc Mélenchon de rappeler une position ferme face à l’extrême-droite et toutes les violences qui s’accompagnent. Qu’on regagne du terrain toutes et tous ensemble, et vite », tweetait aussitôt Raphaël Arnault, leader du groupuscule antifa et ultra violent Jeune Garde.
On pensait que l’ambiance venimeuse que subit en effet la France était plutôt le fait des islamistes dont, selon la DGSI, les attentats terroristes ont causé depuis 2012 en France la mort de 271 personnes et fait près de 1200 blessés, et de La France Insoumise elle-même. A preuve le faux scandale organisée par celle-ci — relayée avec empressement par les élus macronistes et LR, y compris le « droitier » Éric Ciotti — après l’apostrophe « Qu’ils retournent en Afrique » lancée par le député RN Grégoire de Fournas à l’adresse des migrants (cf. « “Affaire” de Fournas : tout était déjà écrit pour les médias de grand chemin », Polémia du 14 novembre) ou le tweet posté par Allan Brunon, assistant parlementaire du député LFI Gabriel Amard, après la mort du tout jeune militant RN Kévin Cormillot emporté par un cancer : « Il retrouvera en enfer ses idoles […], les autres Waffen-SS fondateurs du FN. » Précision : Député (parachuté) du Rhône depuis juin 2022, Amard n’est autre que… le gendre de Mélenchon ! Rien d’étonnance si l’immondice lâchée par Brunon ne l’a pas gêné.
Emplois fictifs et opération de diversion
De plus, comment celui qui, alors député de Marseille, repoussait au cri de « La République, c’est moi ! » le procureur dirigeant l’opération et les policiers le 16 octobre 2018, lors d’une perquisition ordonnée dans le cadre des enquêtes préliminaires sur ses comptes de campagne présidentielle de 2017, peut-il ainsi, sous couvert de s’opposer à de fantasmatiques milices, lancer un véritable appel à la guerre civile ?
Certains, compréhensifs, diront que le septuagénaire, un brave type au fond, s’est laissé emporter par sa verve. Mais il est possible aussi qu’en exhortant à s’armer contre un prétendu péril racisto-fasciste et en se posant en « tribun du peuple » en danger, titre autrefois réservé à Jean-Marie Le Pen (qui, du reste, paya très cher, politiquement et financièrement, ses outrances), Jean-Luc Mélenchon ait très sciemment voulu détourner l’attention de ses partisans de ses ennuis judiciaires, qui venaient de rebondir.
En effet, eurodéputé de 2009 à 2017, il se serait rendu coupable de détournements de fonds en transformant ses assistants parlementaires Laurent Maffeis et Aigline de Causans en employés du Parti de gauche qu’il présidait alors, ceux-ci n’occupant donc à Bruxelles que des emplois fictifs — ce pourquoi ils ont été placés le 13 novembre sous le statut de témoin assisté pour détournements de fonds publics, recel et blanchiment de ce délit, ainsi qu’abus de confiance et recel.
Certes, jusqu’à une date récente, ces délits étaient d’une extrême banalité et nombre d’élus au Parlement européen sont aussi poursuivis de ce chef, en commençant par François Bayrou et Le Pen père et fille, la situation ayant d’ailleurs été identique au Sénat et au Palais-Bourbon comme l’a illustré la condamnation aussi lourde que rapide infligée à François Fillon et à son épouse Penelope dont l’emploi d’assistante parlementaire aurait plutôt tenu de la sinécure : le 9 mai 2022, la cour d’appel de Paris a condamné l’ancien Premier ministre à quatre ans de prison, dont un ferme, ainsi qu’à dix ans d’inéligibilité, et Penelope à deux ans de prison avec sursis, chacun devant en outre s’ acquitter d’une amende de 375 000 sans préjudice du versement de 800 000 euros à l’Assemblée Nationale, qui s’était constituée partie civile.
Mais, justement, le fils du peuple Mélenchon, héraut des classes défavorisées, surtout quand elles sont exotiques, saurait être confondu avec les ploutocrates Le Pen ou Fillon et il lui fallait absolument trouver une diversion pour se refaire une virginité. D’où, dès le lendemain, le discours fracassant de Clermont-Ferrand, où ce farouche antinazi ordonnait à ses troupes de prendre le contrôle de la rue qui, selon le chant bien connu, « appartient à celui qui y descend ».
Si catastrophiques que soient pour la France les conséquences des « méthodes impactantes » préconisées par l’agitateur, trotskiste forcené depuis sa jeunesse passée à l’Organisation communiste internationaliste.
Camille Galic 18/11/2022
https://www.polemia.com/jean-luc-melenchon-fauteur-de-guerre-civile/