Zelensky est-il crédible ? C’est la question que l’on peut se poser avec l’affaire du missile tombé en Pologne et qui a causé la mort de deux personnes.
Ce missile à peine écrasé, Zelensky s’empressait de déclarer : « Aujourd’hui, des missiles russes ont frappé la Pologne, le territoire d’un pays allié. Des gens sont morts. C’est une escalade très importante. Nous devons agir. »
Mon vieux camarade, le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d’état-major du commandement interallié pour les opérations de l’OTAN, a beau déclarer à franceinfo ne pas voir « pourquoi il s’est précipité », je ne peux m’empêcher de formuler l’hypothèse que Zelensky, justement, recherche cette escalade. Il ne faut rien exclure. Une escalade qui aurait obligé les pays de l’OTAN à intervenir au profit de leur allié polonais ou, tout du moins, à faire peser la menace d’une intervention. Bref, à la clé, la Troisième Guerre mondiale. Depuis des mois, Zelensky joue la stratégie du gamin qui fait appel au grand frère dans la cour de l’école face aux grands qui l’embêtent… ou qu’il a provoqués, voire les deux à la fois. Mais Yakovleff ajoute : « L’OTAN fera la guerre si nécessaire mais elle ne fera pas la guerre par accident et encore moins par caprice. » On veut le croire. L’Histoire nous apprend que, parfois, il ne faut pas grand-chose pour basculer. L’assassinat d’un archiduc autrichien à Sarajevo fut l’étincelle qui mit le feu à l’Europe et au monde, il y a plus d’un siècle. Et l’on ose espérer que les membres de l’Alliance atlantique ne sont pas disposés à passer tous les caprices de Zelensky - car on imagine que Yakovleff, qu’on ne peut soupçonner d’être prorusse, en parlant de « caprice », visait l’ancien comique ukrainien.
Visiblement, les grands frères, dont le doyen américain, ne sont pas disposés à se précipiter. Alors que, dès mercredi matin, pour Biden, une attaque russe était « improbable », que la Pologne elle-même affirmait qu’il s’agissait d’un « accident malheureux », Zelensky s’enferrait : ce tir de missile n’était « rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 ». Il ajoutait : « Je crois que c’était un missile russe, conformément au rapport des militaires. » Étrange collusion entre ce qui relève de la croyance et la réalité en principe factuelle d’un rapport militaire ! Mais Zelensky est en guerre et il fait de la propagande, comme on en a toujours fait lorsqu’on est en guerre. Le tout est de savoir jusqu’où aller dans cette propagande pour rester crédible.
Et jeudi, soudain, étonnamment, Zelensky opère un changement de pied délicat en déclarant « ne pas savoir ce qu’il s’est passé ». Jusque-là, il croyait ; désormais, il ne sait pas. Mais il n’est pas le seul à ne pas savoir : « Le monde ne le sait pas », ajoute-t-il, comme pour se dédouaner. On dirait un peu du Macron dans le texte quand il est pris en défaut. Zelensky ne sait pas ce qu’il s’est passé mais, en même temps (décidément !), précise qu’il est « sûr que c’était un missile russe que nous avons tiré depuis des systèmes de défense aérienne ». Bref, quoi qu’il en soit, c’est la faute des Russes.