En guise d'approfondissement, ou de retour sur les événements, le Parisien du 21 novembre s'est penché sur les derniers jours de ce martyr de l'islamisme, dont le seul tort a été de faire son métier. On apprend maintenant que le professeur craignait pour sa vie, était conscient de ce qui l'attendait, était harcelé sur internet par des islamistes, et avait même mis dans son sac un marteau, pour se défendre contre une éventuelle agression. Dérisoire tentative de se prémunir contre la haine et la violence d'une religion de paix et d'amour. Le 10 octobre 2020, Samuel Paty signalait qu'il était victime d'attaques en ligne de la part des islamistes et qu'il craignait pour sa vie. Deux collègues enseignants se désolidarisèrent en sous-entendant qu'il était islamophobe. Samuel Paty s'était défendu par ces mots: "Je suis athée et pas baptisé!" -comme si le fait de ne pas appartenir à la religion catholique et de ne pas croire en Dieu était un gage de tolérance. Ses dernières recherches sur internet montrent qu'il se renseignait sur d'éventuelles suites judiciaires, mais pas sur l'hypothèse d'un assassinat. Le jour même de sa mort, il demanda à un collègue de le raccompagner chez lui. Le collègue déclina à cause d'un emploi du temps chargé. Paty rentra chez lui seul. Quelques minutes plus tard, sa tête, séparée de son corps, gisait sur un trottoir de Conflans-Sainte-Honorine.
Deux ans plus tard, la hiérarchie de son établissement révèle avoir reçu des menaces du monde entier (Maroc, Etats-Unis, Canada...). La proviseure déclare qu'elle a reçu, le 8 octobre, le père de l'élève ainsi qu'Abdelhakim Sefrioui, qui se présentait comme "représentant des imams de France". Elle les décrit tous les deux comme "agressifs", ce qui ne surprendra personne, et ajoute qu'elle a rendu compte au directeur adjoint de l'académie, et fait un signalement de "Fait établissement", procédure décrite comme rare, qui vise à faire remonter immédiatement (mais à qui?) un événement portant atteinte aux... "valeurs de la république", bien sûr.
Ils savaient. Ils savaient tous : la proviseure, les collègues, l'académie, les autres parents. Ils savaient et ils n'ont rien fait. Samuel Paty est mort pour avoir fait son travail de prof (offrir un point de vue critique sur les religions) et tout le monde est passé à autre chose. Les marches, les bougies, les noms de rue, les cérémonies ridicules ne convainquent que ceux qui en ont envie. Dans des dizaines de quartiers perdus, où s'applique une autre loi, on a fêté cette mort et on en a fait un moyen de pression sur les profs. Cette mort, qui en dit si long sur l'incapacité régalienne du gouvernement, hier comme aujourd'hui, n'a eu strictement aucune conséquence sur la politique intérieure de la France. En revanche, elle a donné davantage de force à ceux qui veulent islamiser les établissements publics.
Ne nous demandons pas "combien il faudra de Samuel Paty pour que, etc.": il n'y en aura plus, des Samuel Paty. Le courage de la gauche enseignante, habituée à taper sur des catholiques autrement plus conciliants, est mort ce jour-là. Demandons-nous plutôt combien d'établissements scolaires publics français, deux ans après cet assassinat, restent imperméables à la propagande islamiste, aux menaces de mort, aux élèves endoctrinés. Dans dix ou vingt ans, on les comptera sur les doigts de la main. Ensuite, ce sera au tour des établissements catholiques sous contrat, déjà si faibles. Alors, à moins que nous ne soyons un peu plus nombreux que maintenant à nous lever, à manifester et (aussi) à voter, la France basculera dans la nuit.
Arnaud Florac