Depuis quelques semaines, c'est Lyon qui fait la une de l'actu pour cela : débats au conseil municipal, intervention sur BFM et dans Le Parisien de Romain Lasseur, diplômé d’un doctorat en toxicologie animale, qui ne cesse de dénoncer « la prolifération des bestioles », alertant sur le risque hygiénique que font courir les rats (leptospirose, etc.). La mairie assure maîtriser la situation. Et certains écolos nous rappellent l'utilité des rats qui mangent des milliers de tonnes de déchets. Il n'empêche que, devant leur prolifération, un consensus devrait pouvoir se dégager pour accroître la lutte.
Pas sûr qu'un consensus comparable puisse naître pour lutter contre un autre animal qui envahit nos villes, et plus particulièrement le Grand Lyon : les chats. Oui, les chats ! Les chats errants, bien sûr, pas votre gentil minou ou votre beau matou. Quoique, à bien y réfléchir, le chat clochard ne l'a pas toujours été, et dans une autre vie certainement… Vous voyez comme moi le nouveau dilemme de l'électorat bobo-écolo (et pas seulement lui) de Lyon et d'ailleurs : crier haro sur le baudet ou la vache péteuse du Limousin en caressant votre meilleur ami, c'était facile et confortable, tout en se voilant la face sur les nuisances de votre compagnon et de ses progénitures dans le quartier ou le jardin du voisin. Car, c'est bien connu, les chats se reproduisent comme les lapins et tuent bien plus de gibier que les chasseurs.
Selon actu.fr, le Grand Lyon serait sillonné par 60.000 chats errants et la métropole a décidé de lancer un grand plan pour réduire et stériliser cette population en forte croissance. Les chats sont de grands destructeurs de biodiversité : « En France, près de 75 millions d’oiseaux et 50 millions de mammifères seraient tués chaque année par les chats errants », selon la Métropole.
Cette question des chats errants va peut-être permettre de mettre enfin sur la table un autre sujet tabou de nos sociétés : la surpopulation de chiens et chats dans les villes. Je sais que je risque d'irriter bien des lecteurs et que, dans notre société de solitaires pet-friendly et câlin-chien-chien, peu de responsables politiques se risqueront à enfourcher ce cheval de bataille. Pourtant, si l'on veut vraiment œuvrer sérieusement pour la biodiversité et l'environnement, il va falloir mettre un coup d'arrêt à cette démographie. Déjà, le contexte économique risque d'y mettre son grain de sable : les produits les plus impactés par l'inflation, en 2023, devraient être, selon Michel-Édouard Leclerc, les produits pour chiens et chats (+41 % !). Croquettes et litières au prix du caviar ! Selon l'IFOP, cela aurait déjà conduit un quart des Français à renoncer à adopter. Cela devrait, malheureusement, aussi multiplier les abandons, comme le redoute la SPA. Mais si cela permettait aussi à notre société malade et qui ne sait plus faire d'enfants de réfléchir un peu sur elle-même, ce serait bien. Faut-il rappeler que la France est championne d'Europe pour le nombre d'animaux de compagnie (et quasiment que pour ça) : 80 millions...
Frédéric Sirgant
https://www.bvoltaire.fr/lyon-envahie-par-les-rats-mais-aussi-par-les-chats-errants/