Pour l’aïd, l’absence est permise
Si les étudiants sont soumis à une obligation d’assiduité, « des autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses qui ne coïncident pas avec un jour de congé et dont les dates sont rappelées chaque année par une instruction », peut-on lire sur le site Internet de l’académie de Paris qui cite un extrait de la circulaire du 18 mai 2004. Au même titre que Yom Kippour pour les israélites ou le Grand Vendredi saint pour les orthodoxes, l’aïd connaît un régime d’exception. Si cette disposition ne semble pas particulièrement outrageuse en soi, c’est l’ampleur du phénomène qui pose question.
En Île-de-France, certains établissements d'enseignement primaire et secondaire ont connu des taux record d’absentéisme. Interrogée par Le Figaro, Florence Portelli, vice-présidente de la région et maire (LR) de Taverny, s’insurge : « Il manquait 400 élèves sur les 2.000 personnes scolarisées en cours élémentaire à Taverny. En plus d'être ingérable pour les enseignants, c'est un immense gaspillage pour la cantine scolaire : les parents n'ont pas prévenu et une quantité importante de nourriture a dû être jetée », confie-t-elle, avant d’ajouter que « même si chaque année des élèves sont absents pour l'aïd, cela n'a jamais été dans ces proportions ». Même scène à Paris, où l’on rapporte un taux de présence de seulement 20 % dans certaines écoles primaires, selon Le Figaro.
TikTok, nouvelle arme de conquête
Nous le disions, les vidéos au sujet de l’aïd sont légion sur les réseaux sociaux, et en particulier TikTok, qui mobilise une grande partie de la jeunesse. En tête des vidéos les plus vues ? Des conseils pour pouvoir s’absenter le jour de célébration de la rupture du ramadan. Le plus connu, Masdak, fort de ses deux millions et demi d’abonnés, partage, le plus souvent, ses connaissances sur des sujets juridiques. À l’occasion de l’aïd el-fetir, ce dernier explique comment pouvoir rater les cours en toute légalité. D’autres lui ont emboîté le pas, à l’image de Hicham, assistant d’éducation dans un collège, qui réunit vingt-quatre mille fidèles et explique de la même manière les dispositions à prendre. Enfin, un certain Adam Strangelaw, vulgarisateur du droit, a partagé une vidéo vue plus d’un million de fois. Autant de contenus qui rencontrent un succès croissant auprès des jeunes musulmans et qui renforce un sentiment communautaire déjà bien présent. Certains messages d’utilisateurs sont sans équivoque et expliquent que leur absence aurait eu lieu avec ou sans autorisation. Outre les vidéos poussant les jeunes filles à venir voilées à l’école et les garçons à porter des tenues islamiques, la fête de l’aïd est une occasion de plus de constater les profondes fractures au sein de la communauté nationale.
Julien Tellier