Bienvenue dans la police du « précrime »
La décision du préfet de police d’interdire la réunion d’hommage à Dominique Venner prévue ce dimanche 21 mai sous prétexte qu’il existait « des risques sérieux qu’à l’occasion de cet hommage des propos incitant à la haine et à la discrimination […] soient tenus » nous fait en effet entrer de plain-pied dans l’univers fou de la police du « précrime ».
Ainsi, le fait qu’un préfet, donc un agent du gouvernement, estime qu’il existerait des « risques sérieux » que vous soyez susceptible de faire quelque chose de pas autorisé peut donc vous valoir désormais l’interdiction préventive de faire.
À vrai dire la préfecture de police avait déjà rodé sa présomption de culpabilité lors des manifestations des Gilets jaunes ou contre la réforme des retraites : en procédant à des gardes à vue « préventives » et donc illégales, contre lesquelles l’ordre des avocats avait mis en garde et que la justice a fini, mollement, par sanctionner.
La répression préventive des crimes par la pensée
On avait déjà inventé le délit d’incitation à la haine, relevant de la sorcellerie, puisqu’il permet au juge de poursuivre des propos ou des attitudes même si – et surtout si, pourrait-on ajouter – aucune conséquence concrète ne peut leur être imputée. Comme lorsqu’on poursuivait autrefois le commerce avec un diable que personne n’avait pu voir.
Le préfet de police nous fait donc franchir une nouvelle étape : cette fois, la répression préventive des mal-pensants. Celle des « crimes par la pensée », qu’envisageait déjà George Orwell dans sa célèbre dystopie Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, parue en… 1949.
Et, dans cette optique répressive, plus de présomption d’innocence, bien évidemment.
Nous voilà désormais sous le régime de la présomption de culpabilité. Mais pour les seuls mal-pensants, c’est-à-dire pour les adversaires politiques désignés par la macronie s’entend : donc, par exemple, pas pour les black blocs, les antifas ou les réunions réservées aux « racisés », cela va sans dire.
La réalité dépasse la science-fiction
Cette nouvelle atteinte à la liberté de réunion, de parler et finalement de penser se déroule évidemment dans un silence politique et médiatique assourdissant. Avec la complicité des médias de grand chemin gauchistes, une nouvelle fois.
Elle nous fait entrer lentement mais sûrement dans le monde tyrannique qu’avaient prévu Philip K. Dick, George Orwell, Aldous Huxley et bien d’autres auteurs de science-fiction. Dans une tyrannie en pente douce mais qu’il est de plus en plus difficile de remonter.
Ce qu’avaient aussi compris avec horreur les dissidents soviétiques passés à l’Ouest dans les années soixante-dix, découvrant que l’Ouest était sur la même trajectoire totalitaire que l’Est, à la différence que les Occidentaux aimaient plus leur servitude que les Soviétiques.
Il serait temps de se réveiller, avant que la police ne vienne arrêter tous les dissidents et opposants… préventivement.
Michel Geoffroy 25/05/2023
Michel Geoffroy, Bienvenue dans le meilleur des mondes – Quand la réalité dépasse la science-fiction, les éditions de La Nouvelle Librairie, 2023.