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Médecine : le grand n’importe quoi français

« Je suis malade, complètement malade… » En 1973, Serge Lama chantait ces mots. Cinquante ans plus tard, c’est le système de santé français qui devrait les entonner. Oui, la médecine française est malade et visiblement, pour ce qu’elle a, il n'y a pas de remède. Les médecins ont beau faire grève, ils n’obtiennent rien, ou pas grand-chose. Le 13 octobre prochain, ils battront le pavé pour réclamer une augmentation du prix de la consultation, fixé à 25 euros depuis 2017. Un tarif qui n’est ni à la hauteur des compétences requises, ni de l’investissement demandé, ni du coût de la vie. Un médecin généraliste joint par BV fait un constat amer : « Nous sommes moins bien payés que les coiffeurs. » En effet, un coiffeur qui a fait deux ans de CAP peut facturer une formule classique « shampooing, coupe, brushing » à plus de 60 euros et une coupe homme à près de 30 euros, quand un généraliste, après neuf années d’études, est bloqué à 25 euros. Bien évidemment, le tarif est arrêté pour permettre à tous d’avoir accès aux soins. Malheureusement, cela a aussi tendance à décourager les étudiants en médecine de devenir généraliste et, donc, à créer des déserts médicaux. Ce qui, par conséquent, rend la médecine moins accessible. Bref, c’est le serpent qui se mord la queue.

Parcours de soins, prix encadrés : des aberrations

Rappelons également que depuis 2004, un patient doit aller voir son médecin traitant pour être orienté vers un spécialiste. Cela s’appelle le parcours de soins. Une invention formidable qui donne une surcharge de travail à des généralistes qui n’avaient pas besoin de cela, ralentit les prises en charge et coûte deux consultations au lieu d’une à la Sécurité sociale et à l’assuré. Il fallait y penser ! Les technocrates français pensent à tout. Ils ont même pensé à encadrer les prix des médicaments remboursables par la Sécurité sociale. C’est ainsi que, lorsqu’il est prescrit et donc remboursé, le Doliprane™ est facturé 2,18 €, ce, dans n’importe quelle pharmacie de l’Hexagone. C’est aussi ainsi que lorsqu’il est acheté sans ordonnance, il ne coûte parfois que 1,95 €. Vous ne rêvez pas, l'assurance maladie paye plus cher le Doliprane™ qu’un consommateur lambda. Elle paye aussi parfois pour rien, car les patients ne suivent pas toujours les traitements qui leur sont délivrés en pharmacie.

La faute à l'apparente gratuité des médicaments, comme l’explique un pharmacien des Bouches-du-Rhône interrogé par BV : « Quand les patients me disent que c’est gratuit, je les corrige en leur expliquant que ce n’est pas gratuit mais pris en charge. » Il ajoute : « Je pense que si on mettait plus en évidence le prix des médicaments, cela éveillerait les consciences. »

Dysfonctionnement en tout genre à l'hôpital 

Autre secteur qui dysfonctionne : l’hôpital public. Une urgentiste du Centre hospitalier du Pays d’Aix raconte : « Nos urgences sont en permanence saturées. Nous ne sommes pas assez de médecins pour gérer le flux de patients. Les jours les pires, il peut y avoir jusqu’à 11 heures d’attente pour être pris en charge. » Depuis la promulgation de la loi Rist, en mai 2023, la situation aurait même empiré. Avec le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires à 1.390 euros bruts pour 24 heures de travail, les hôpitaux publics ne peuvent plus concurrencer le privé et peinent à remplir leurs plannings. Certains services ferment, d’autres tournent en sous-effectifs et parfois, « par manque de titulaires, les patients sont uniquement examinés par des internes ».

Comme le dit ce médecin contacté par BV« la qualité des soins s’en ressent ». Pour autant, le problème ne vient pas uniquement de l’hôpital, c’est toute la chaîne qui est à revoir. Le service de régulation du SAMU n’a pas les moyens de réguler correctement, les ambulances ne peuvent pas assurer toutes les courses demandées, les services de soins de suite et de réadaptation n’ont pas de lit… Le système de santé français devrait être entièrement repensé, mais cela ne semble pas être la priorité du gouvernement. L’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, la dissolution de Civitas… voilà ce qui préoccupe Emmanuel Macron et ses ministres. Pour la santé des Français, semble-t-il, il n’y a pas d’urgence, au propre comme au figuré.

Sarah-Louise Guille

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