C’est certes du jamais vu pour les observateurs israéliens. Pour certains, les images de l’attaque lancée par la résistance palestinienne Ouragan d’al-Aqsa (Déluge d’al-Aqsa) rappellent la guerre d’octobre 1973, quant à l’effet surprise qu’elle a laissé. Pour d’autres c’est le retour aux premiers jours de l’occupation de la Palestine en 1848.
Ceci a commencé par les sirènes d’alertes qui ont retenti dans presque toutes les colonies de la couverture de Gaza, l’une après l’autre jusqu’à retentir à Tel-Aviv et la ville sainte d’al-Qods/Jérusalem. Et puis, ils ont appris que des colonies israéliennes de la couverture de Gaza sont attaquées et envahies par les combattants palestiniens.
L’effet surprise était d’autant plus puissant que l’opération palestinienne a été lancée depuis le sol, la mer et les airs. Du jamais vu.
Surprise, incompréhension, confusion, choc… les mots fusent pour décrire l’effet de cet évènement sur les responsables israéliens qui ont pris du temps pour réagir.
«Le 7 octobre est un jour qui restera gravé dans les mémoires de l’histoire d’Israël, après que le Hamas a réussi à surprendre tout le monde» est l’avis de l’un de ces observateurs de la chaine de télévision Channel 13, et qui résume l’impact qui ne sera certes pas passager.
«La surprise d’octobre» est l’article signé dans le site israélien Israel Hayom par l’ancien commandant de la marine israélienne le général Eliezer (Eli) Marom, selon lequel l’entité sioniste s’est trouvé «sans renseignements d’intelligence» de quoi rappeler la guerre en 1973, estimant que «l’attaque d’aujourd’hui a été planifiée d’avance».
Selon Amos Hariel du Haaretz, «les dirigeants des appareils militaires et politiques sont tombés sous le choc» et «les renseignements ont été surpris par l’attaque car il n’y avait pas d’estimations israéliennes préalables sur une possible attaque de ce genre».
Pourtant on s’y était préparé
«L’ampleur du fiasco que nous avons vu ne provient pas de l’effet surprise de la part d’une organisation palestinienne. Mais du fait que ce scénario, on s’y était entrainé pendant plusieurs années. Non pas de la part de l’armée seulement mais aussi de la police et de tous les appareils d’urgence. Tous ont été entrainés pour faire face à ce scénario et malgré ceci on a été surpris», a commenté le chroniqueur politique de la chaine de télévision israélienne Channel 12 Amit Seguel.
Et de poursuivre : «il faut dire qu’il a fallu 20 minutes au Premier ministre pour obtenir les informations de Renseignements. J’ai vu le convoi du Premier ministre sur le chemin du siège du ministère de la Défense à Tel-Aviv après 45 minutes. Ce qui veut dire que les plus hauts niveaux ont pris du temps pour comprendre que l’évènement ne se limitait pas à un pilonnage de roquettes ou à une riposte ou à un jour de colère et que c’était toute autre chose».
«On a cru pendant des années, chez tous les gouvernements d’Israël, qu’on pouvait contenir un évènement pareil. Mais la situation s’est effondrée devant l’attaque palestinienne … Si cette organisation, avec l’aide de l’Iran, peut tuer des centaines d’Israéliens et en kidnapper des dizaines d’autres, ceci veut dire que nous sommes devant une scène dramatique qui bouleverse toutes les équations», selon lui.
L’armée n’était pas présente
Le correspondant militaire de la chaine de télévision israélienne Channel 13, Alon Bou Kir, l’opération est sans précédent depuis 1948.
«Les forces de sécurité israéliennes, toutes branches confondues n’avaient aucune présence sur le terrain, lors des premières heures de l’attaque contre les localités israéliennes», a-t-il dit. «Ceux qui ont fait face à l’attaque sont les policiers».
«Le commandement du front interne n’a pu fournir les besoins les plus élémentaires des centaines de familles juives qui appelaient au secours et qui se sont abrités dans les abris et les maisons et étaient sous le contrôle de hommes armées».
Selon les médias israéliens, les colons de «la zone entourant Gaza ont supplié l’armée israélienne de leur parvenir».
Channel 12 a rapporté que les colons «se demandent ou est l’armée ? ou sont les forces de sécurité ? Pourquoi ne sont-ils pas encore arrivés ?»
Difficile de comprendre
Le chroniqueur israélien Alon ben David a quant à lui assuré «qu’Israël était sous le choc de la guerre déclenchée par le Hamas au sud».
«il est difficile de comprendre ce qui s’est passé. Personne en Israël ne s’attendait à une deuxième guerre du kippour, et à Gaza en particulier», a-t-il commenté. «En dépit que 5 heures étaient passées, aucun des responsables israéliens ne s’est exprimé devant le public israélien et ils ont gardé le silence».
D’après lui, «le comportement du commandement israélien reflète l’ampleur de la surprise et illustre que l’armée israélienne n’était pas prête à une confrontation globale à Gaza».
Et de conclure : «le Hamas a conquis des régions dans le sud, ce qu’aucune armée arabe n’avait fait auparavant».
Israël s’est comporté avec arrogance
L’expert dans les affaires arabes et palestiniennes Alon Avital estime que le mouvement Hamas était hautement préparé à cette opération alors qu’Israël s’est comporté «avec arrogance», d’autant qu’il avait propagé pour sa société que le Hamas est dissuadé et n’est pas prêt à une escalade.
«Ce qui lui a permis de conquérir 10 localités israéliennes», selon lui, et «d’imposer une guerre à Israël qui rappelle la guerre de Kippour».
«Le mouvement Hamas est prêt à payer le prix pour réaliser ses objectifs stratégiques de libérer la Palestine et n’est pas prêt à capituler ou à faire des concessions».
Des otages et des images
Un autre aspect, sans précédent, a profondément choqué les observateurs israéliens : le nombre important des Israéliens qui ont été capturés, dont des militaires et dont les images ont été diffusées dans les médias et les réseaux sociaux.
«Les Palestiniens diffusent avec un sentiment de victoire les vidéos des soldats israéliens traînés, les mains menottées, dans des jeeps comme les détenus de Daech», a écrit le journaliste Gay Bakhour selon lequel «le chiffre des otages s’élève à plusieurs dizaines de civils et de soldats et pourrait monter davantage car les frontières sont franchies».
source : Al-Manar