Raphaëlle Claisse. Combien les associations d’aide aux migrants perçoivent-elles d’argent public ?
Jean-Paul Gourévitch. Dans l’étude, tout un travail a été fait sur ce que perçoivent les associations d’aide aux migrants, que ce soit des migrants réguliers ou des migrants irréguliers. Et ces chiffres se retrouvent dans les tableaux. Il est très difficile de faire une étude exhaustive sur cette question et d’arriver, en gros, à un chiffre rond : 1,2 milliard.
R. C. Qu’en est-il de l'aide médicale d’État ?
J.-P. G. Il faut bien différencier les aides données aux migrants réguliers, qui sont essentiellement des investissements, et les aides données aux migrants irréguliers, qui sont des surcoûts. Si on prend les surcoûts de l’immigration irrégulière, l’ensemble est de 3,8 milliards. Les aides médicales avec l’AME représentent 1,55 milliard.
R. C. Peut-on savoir précisément où va l’argent du contribuable dans les aides apportées aux migrants ?
J.-P.G. Cette étude montre que sur les 53,9 milliards de déficit payé par le contribuable, un certain nombre de déficits relèvent de l’immigration régulière et d’autres de l’immigration irrégulière. Parmi ces déficits, il y a une différence entre les aides perçues par les migrants et les contributions fournies par les migrants. D’autre part, il y a les coûts sociétaux, les coûts de la fraude, de la contrebande et de la contrefaçon, qui sont aussi des manques à gagner pour l'État.
R. C. Que pensez-vous de cette tendance de l’État à déléguer aux associations l’aide juridique aux migrants ?
J.-P.G. L’État prend en charge directement certaines choses : par exemple, la construction des CADA et des CRA. Mais certaines dépenses sont déléguées. Pour les demandeurs d’asile, l’État a délégué à certains organismes leur gestion car il lui est impossible de les gérer en totalité.
R. C. L’État finance en même temps des instances chargées de l’expulsion des déboutés du droit d’asile et des associations qui font tout pour empêcher ces expulsions. N’y a-t-il pas un paradoxe ?
J.-P.G. Oui, il y a une véritable antinomie. En effet, les expulsions et les retours aidés coûtent un certain prix à l’État. Pour la lutte contre l’immigration irrégulière, on arrive à 1,63 milliard, auquel il faut ajouter les surcoûts de l’hébergement d’urgence, qui représentent un peu plus d’un milliard.
C’est contradictoire avec le fait de financer en partie certaines associations qui luttent pour la régularisation des migrants irréguliers et non pour leur expulsion. Il n’est pas facile de reconduire des migrants irréguliers car, parfois, les États d’origine ne veulent pas les récupérer et nous n’avons pas beaucoup de moyens pour obliger ces États à les récupérer. C’est la raison pour laquelle nous proposons de conditionner l’aide au développement fournie à ces États au fait que ces derniers acceptent de reprendre les déboutés une fois qu’ils ont épuisé les voies de recours.
Raphaelle Claisse
https://www.bvoltaire.fr/reaction-les-associations-daide-aux-migrants-recoivent-12-milliards/