La plus haute juridiction financière de l’ordre administratif, la Cour des Comptes, s’en prend au nombre de bovins des élevages français dans ses recommandations. Les « impératifs écologiques » résultant des engagements internationaux de la France impliqueraient de réduire le cheptel, ce qui suscite légitimement l’inquiétude des éleveurs.
Le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) Arnaud Rousseau s’est dit « agacé et blessé » par le rapport de la Cour des comptes. En écrivant que « le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement une réduction importante du cheptel », les Sages de la rue Cambon, qui viennent de publier le 22 mai leurs recommandations en matière d’élevage dans un rapport de 137 pages, ont suscité une vive émotion dans le monde agricole.
Les éleveurs, déjà largement affectés par la crise économique, s’inquiètent d’une telle préconisation à la diminution de leurs troupeaux. En cause : les « gaz à effet de serre » dus au méthane produit lors de la digestion des animaux. La juridiction financière évalue même la responsabilité de l’élevage bovin à « 11,8% des émissions d’équivalents CO2, comparables à celles des bâtiments résidentiels du pays ».
Les recommandations de la Cour des comptes préconisent une feuille de route qui aurait pour conséquence une diminution rapide du nombre d’exploitants agricoles : le document propose deux recommandations, la première est de « mieux accompagner les éleveurs les plus en difficulté en développant un dispositif d’aides à la reconversion » ; la seconde est de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin ».
La motivation de la Cour des comptes est expliquée dès l’introduction du rapport. Les réformes de la Politique agricole commune (PAC) de 2003 et 2013 visent ainsi à « soutenir la production agricole » et à « assurer un niveau de vie équitable aux exploitants », mais aussi à « assurer une gestion durable des ressources naturelles et la préservation du climat ».
Un objectif européen retranscrit dans le droit national avec la loi énergie-climat de 2019 qui vise la neutralité carbone pour 2050 et qui, selon la Cour des comptes, engage indirectement la France à réduire l’élevage bovin.
Ces objectifs sont également rappelés par le Global Methane Pledge, qui fut lancé en novembre 2021 lors de la COP 26. Ce « pacte mondial pour le méthane » a été signé par la France et implique une diminution de 30% d’émissions de méthane entre 2020 et 2030.
Qu’il est loin le temps où nos édiles disaient encore, comme Maximilien de Sully en 1638, que « labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée. » (in Économie royale)
Et le fait que l’élevage bovin ait été observé en France et en Europe depuis le Néolithique, soit plus de 3 000 ans, sans que le continent n’ait été englouti sous une montée des eaux ou une fournaise, ne semble pas faire siller les yeux des idiots crédules de la tyrannie écologiste…
Cette politique s’inscrit dans un cadre beaucoup plus vaste de volonté des institutions européennes de détruire toute possibilité d’auto-suffisance alimentaire de l’Europe. Ainsi, par exemple aux Pays-Bas, l’UE a approuvé un plan de rachat d’exploitations agricoles néerlandaises pour atteindre les objectifs climatiques. Les agriculteurs protestent, parfois violemment, ça se comprend, contre le régime gouvernemental qui leur offrira 120 % de la valeur de leurs entreprises s’ils acceptent de les liquider.
Verra-t-on de semblables protestations en France ?