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[Point de vue] Voici les messages de haine que j’ai reçus après mon passage chez Cyril Hanouna !

« Sale nègre de maison, traûtre, suceur, tu es un faible »« Vieux chien, vous êtes vraiment une sacrée merde »« Vendu, lèche-cul des juifs »« Ferme ta sale putain de gueule, tu mérites la peine de mort »« Ta mère aurait dû t'avorter ». Ce sont quelques-uns des milliers de messages reçus sur mon compte X (ex-Twitter). Pourquoi ce déversement de haine ?

Parce que j'ai accepté l'invitation de l'équipe de Cyril Hanouna de venir commenter mon tweet posté à la suite de l'information ayant fuité suite à la rencontre entre le Président Emmanuel Macron et la chanteuse Aya Nakamura. Rencontre qui a acté que l'artiste interpréterait une œuvre d'Édith Piaf lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques Paris 2024.

Mon tweet dénonçait le fait de brandir le racisme pour empêcher tout débat et qu'à titre personnel, je n'appréciais pas les chansons de l'artiste et que je propose d'autres noms de la diversité pour cette prestation monumentale. Sans nier les propos racistes de certains à l'endroit d'Aya Nakamura, j'ai signalé à raison que la Justice devrait s'en saisir car tombant sous le coup de la loi.

En acceptant de participer au débat, j'ai voulu faire valoir mon esprit critique, mon libre arbitre, pensant sottement m'inscrire dans l'intelligence d'une société qui défend la citation de Nietzsche « Des goûts et des couleurs on ne discute pas... et pourtant nous ne faisons que ça. » Je croyais débattre, échanger arguments contre arguments de mon point de vue de petit mélomane, mais bien mal m'en a pris. Sur le plateau de l'émission, j'ai eu droit à la plus horrible remarque raciste pour avoir dit que je n'appréciais pas Aya Nakamura. J'en profite pour remercier l'ensemble des chroniqueurs, et surtout Rost, qui m'ont défendu.

Au lendemain du premier tweet de la chanteuse Aya Nakamura (avant celui où elle évoquait la banderole raciste), je reçois des tonnes d'insultes, d'attaques, de menaces, des propos aussi racistes qu'ignobles. Mais avec plus de dix ans de présence sur les réseaux sociaux, ma maxime a toujours été de ne jamais répondre aux attaques. C'est ce que j'ai fait, jusqu'à ce que j'apprenne que SOS Racisme va porter plainte contre les auteurs de propos racistes contre Aya Nakamura.

Donc le racisme, c'est seulement quand une personnalité publique ou des gens de gauche sont concernés ; pour les autres victimes qui ne remplissent pas ces conditions, on leur dit que c'est bien fait pour eux, qu'il ne fallait pas soutenir les fachos.

La question qui se pose ici est de savoir si, en tant que Noirs, nous avons le droit de donner notre avis et dire notre opposition sur tel ou tel sujet, sans être ramenés à notre condition et, surtout, sans que des faits qui n'ont absolument rien à voir avec le débat soient rappelés alors que nos accusateurs devraient se regarder dans un miroir avant de lancer leurs chiens de garde pour polluer le moment d'intelligence qu'est le débat sain.

Le Noir n'a pas le droit d'aller chez Cyril Hanouna critiquer l'œuvre de la Noire Aya Nakamura, sinon il est raciste, surtout si on a appris qu'il a beaucoup d'amis à droite et, cerise sur le gâteau, s'il a été confronté à une affaire judiciaire relayée par Mediapart.

Et pourtant, je ne suis pas une « pleureuse », j'ai le cuir solide, je laisse ruisseler sur mon corps d'ébène toute leur haine, mais ce qui me surprend est l'absence de solidarité à droite. La couardise de certains, à droite, est à l'opposé de l'esprit de groupe chez les gens de gauche. Chacun reste dans son couloir, et si l'occasion est donnée, on va cracher sur l'autre. Je reconnais avoir moi-même eu cette attitude en d'autres temps, mais force est de constater, aujourd'hui, que cela est plus nuisible que constructif.

On ne peut plus débattre, on ne peut plus rien dire sans être rappelé à notre condition, à notre situation, comme si certains n'avaient qu'un seul objectif : empêcher le débat. Le débat doit être dialogique et permettre à toutes les sensibilités de s'exprimer. C'est la condition sine qua non pour en arriver à une conclusion digne et intelligente.

Platon critiquait le débat au sein de l'agora parce qu'il ne permettait pas de faire émerger des idées mais faisait la promotion du passionnel. Nous en sommes là, aujourd'hui, et malheureusement, le rationnel n'a plus sa place.

La France va à vau-l'eau !

Verlaine Djeni

https://www.bvoltaire.fr/point-de-vue-voici-les-messages-de-haine-que-jai-recus-apres-mon-passage-chez-cyril-hanouna/

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