La sérénité ne semble être plus qu'un vieux souvenir chez les Français qui, sondage après sondage, affichent leur inquiétude sur à peu près tous les sujets.
Pouvoir d'achat, immigration, insécurité... Les Français sont angoissés et la dernière enquête réalisée par l'IFOP pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) corrobore une nouvelle fois ce constat.
Dans ce sondage, publié dans La Tribune Dimanche, on apprend ainsi que 71 % des Français redoutent que leur pays soit la cible d'attaques similaires à celle survenue le 7 octobre en Israël. Des chiffres qui s'inscrivent dans la droite ligne d'un sondage de l'institut CSA pour CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche, publié fin mars, qui nous apprend que les Français placent à 7/10 le curseur de crainte d'une attaque terroriste dans les semaines ou mois à venir.
Le constat est rude, mais il n'est pas surprenant : loin de se laisser endormir par le discours lénifiant du gouvernement qui s'échine à leur dire que tout est sous contrôle, les Français examinent les faits et se font une opinion. Et les faits ne sont pas encourageants, comme en témoignent les dramatiques attentats survenus ces dernières années. Une note publiée par le ministère de l'Intérieur sur « L'état de la menace terroriste en France » dresse un état des lieux chiffré de la réalité de cette « menace », et les chiffres sont éloquents. Mis à jour le 15 mars dernier, le document fait état de 273 personnes décédées à la suite d'un attentat terroriste, et de « très nombreux blessés » depuis 2012.
Si les victimes sont très nombreuses, les responsables le sont encore plus, avec 400 individus incarcérés pour des faits de terrorisme. Un détail mentionné dans le document ne rassurera pas les Français déjà inquiets : plus de 470 individus ont été libérés, depuis la mi-2018. Autant de données qui expliquent pourquoi « la menace potentielle portée par les détenus et anciens détenus est au cœur des préoccupations de la DGSI ». Une vigilance qui a permis de déjouer 76 attentats, dont 66 par la DGSI.
Si la lecture de ce sondage manifeste une prise de conscience chez les Français, on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine amertume à la vue de cette angoisse très largement partagée, qui n'est rien d'autre que la preuve ultime d'une grande défaillance de l'État. De droite comme de gauche, les Français ne font plus confiance au gouvernement pour les protéger et se sont, pour certains, faits à l'idée que la menace était plus que présente, et que l'on n'y pouvait rien. Si beaucoup se sont résignés à ce dramatique état des choses, d'autres, à l'image de Mickaëlle Paty, refusent de baisser les bras devant cette inaction coupable de l'État. La sœur du professeur assassiné demande ainsi à l'État de reconnaître sa responsabilité dans la mort de son frère, expliquant ainsi à nos confrères de Marianne : « Chacun doit assumer sa propre responsabilité et celle de l'un n’amoindrit pas ou n’exclut pas celle de l'autre. [...] L’État ne peut manquer à son devoir de reconnaître sa responsabilité lorsqu'il a manqué à la charge qui était la sienne : garantir la protection et la sécurité des enseignants qui, eux, prennent chaque jour ce qu'il convient de nommer un risque de transmettre aux enfants de la République. »
Si faire condamner l'inaction de l'État est une saine réaction, il reste souhaitable que les Français obtiennent une protection de l'État préalable aux drames par la mise en place d'une politique sécuritaire adaptée. Et ce n'est pas, par exemple, en gardant sur notre territoire les fichés S étrangers que cela se règlera.
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