Stefan Möller est, avec Björn Höcke, un des deux codirigeants du parti patriotique allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD) en Thuringe. Tous deux ont été réélus, le 1 septembre 2024, députés au sein du Parlement de Thuringe. Leur parti, ayant obtenu 32,8 % des voix, est arrivé premier lors de ce scrutin. Lionel Baland a rencontré et interrogé, pour Breizh-info, Stefan Möller à Erfurt, la capitale de la Thuringe.
Breizh-info.com : Étiez-vous auparavant membre d‘un autre parti politique et pourquoi avez-vous rejoint l’AfD ?
Stefan Möller : Je n’ai jamais été membre d’une autre formation politique. J’ai adhéré à l’AfD en 2013. Auparavant, j’exerçais une profession totalement normale en tant que juriste d’entreprise à Erfurt.
Stefan Möller est, avec Björn Höcke, un des deux codirigeants du parti patriotique allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD) en Thuringe. Tous deux ont été réélus, le 1 septembre 2024, députés au sein du Parlement de Thuringe. Leur parti, ayant obtenu 32,8 % des voix, est arrivé premier lors de ce scrutin. Lionel Baland a rencontré et interrogé, pour Breizh-info, Stefan Möller à Erfurt, la capitale de la Thuringe.
Breizh-info.com : Étiez-vous auparavant membre d‘un autre parti politique et pourquoi avez-vous rejoint l’AfD ?
Stefan Möller : Je n’ai jamais été membre d’une autre formation politique. J’ai adhéré à l’AfD en 2013. Auparavant, j’exerçais une profession totalement normale en tant que juriste d’entreprise à Erfurt.
Breizh-info.com : Êtes-vous originaire de l’Est de l’Allemagne ?
Stefan Möller : Oui, je suis natif d’Erfurt.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous la si grosse différence entre l’Ouest et l’Est de l’Allemagne, par exemple pour les patriotes ?
Stefan Möller : Cela est relativement simple. L’implantation des partis du système n’est pas la même. Dans l’Est, les personnes n’appartiennent pas à ces formations politiques de génération en génération. Ici, la situation politique est beaucoup plus dynamique. Nous avons aussi, bien entendu, une autre attitude, beaucoup plus directe, par rapport aux crises que nous vivons. Par exemple, nous n’avons pas, comme à l’Ouest, un biais qui nous empêche de voir la réalité telle qu’elle est. Nous saisissons à quel point nous sommes affectés par les politiques néfastes.
Et puis, bien sûr, nous avons aussi une idée claire de la manière dont nous sommes trompés par les politiciens. Si, par exemple, la politique d’immigration est décrite favorablement, comme un bienfait dû à la diversité et au côté positif du mélange de populations, nous savons que la réalité est, en fait, très différente.
L’Est y est plus sensible que l’Ouest. Cela est également dû à des raisons historiques. À l’Est, par exemple, les gens veulent pouvoir dire ce qu’ils pensent et ne renonceront pas aux libertés fondamentales pour lesquelles ils se sont battus en 1989. Mais c’est un point à propos duquel la population entre très rapidement en conflit avec le système politique en place, qui veut créer un récit déterminé et désire que celui-ci ne soit pas contredit. Surtout en ce qui concerne l’immigration. Je pense que ce sont les points clés qui font la différence.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous que des communistes soient encore présents au Parlement de Thuringe, avec le parti [post-communiste] Die Linke ?
Stefan Möller : Cela a un rapport avec l’histoire. Tout particulièrement les personnes âgées qui habitent en Thuringe, et qui y constituent une partie importante de la population, ont perçu le parti Die Linke, pendant de nombreuses années, comme une sorte d’opposition au système politique importé depuis l’Ouest et à toutes les injustices que l’Est a connues. Mais, cela est en train de changer fortement. Entre-temps, les gens de cette génération ont également vu clair dans le jeu du ministre-président sortant [post-communiste] Bodo Ramelow de Die Linke. Cela constitue la raison pour laquelle Die Linke perd maintenant l’approbation de la population de manière spectaculaire.
Breizh-info.com : À l’époque de la République Démocratique allemande (RDA) communiste, peu d’étrangers se trouvaient dans ce pays. Or, le parti post-communiste Die Linke est favorable à l’immigration.
Stefan Möller : Oui, cela est dû au fait que de nombreux électeurs ne le perçoivent pas de cette manière. Ces personnes relient toujours le parti Die Linke au fait que ce dernier s’engage à faire en sorte que nous ayons des retraites décentes et que des salaires corrects soient payés, ainsi qu’à lutter contre le chômage. Mais, souvent, ils ne sont pas du tout conscients de ce lien entre Die Linke et cette politique d’immigration, que la plupart des gens rejettent. Ils ne se rendent pas compte que celle-ci est aussi causée par ce parti.
Breizh-info.com : Le nouveau parti BSW de Sahra Wagenknecht est-il patriote ou pas ?
Stefan Möller : Je crains que non ! Mais cela ne peut pas, pour le moment, encore être déterminé. Il est un peu trop tôt. Le Bündnis Sarah Wagenknecht n’a pas encore vraiment indiqué ce qu’il est. Sarah Wagenknecht dit une chose. Katja Wolf, la candidate de tête de ce parti lors des élections pour le Parlement de Thuringe, parle comme une gauchiste classique d’autrefois. Et, je ne peux pas déterminer, pour de nombreuses personnalités politiques du BSW, comment je dois les classer. Certaines parlent d’une manière sage alors que je ne peux pas tirer grand chose des phrases que d’autres prononcent. Nous le saurons dans le futur.
Breizh-info.com : Et après les élections, la possibilité d’un front transversal (Querfront) AfD-BSW peut-elle être envisagée ?
Stefan Möller : Travailler avec toutes les forces qui représentent des positions similaires à celles que nos électeurs désirent ne nous pose aucun problème. Mais, bien sûr, j’entends dire par le BSW, en particulier par les cadres importants, que cette formation politique rejette toute coopération avec nous.
Breizh-info.com : Mais la situation peut aussi évoluer au fil du temps ?
Stefan Möller : Espérons que le bon résultat de l’AfD poussera le BSW à revoir ses positions.
Breizh-info.com : Oui, et l’AfD avec la CDU ?
Stefan Möller : Oui, il existe, jusqu’à présent, une possibilité de rapprochement. Cependant, pas pour former une coalition, car je ne pense pas que [le candidat de tête de la CDU] Mario Voigt y survivrait politiquement à l’intérieur de son parti.
Breizh-info.com : L’AfD est en faveur de la remigration, ici, à l’Est. Que signifie la remigration pour vous ?
Stefan Möller : Cela signifie chez nous la vérification des abus en matière de demande d’asile et la suppression de normes de prise en charge trop favorables. Ensuite, bien sûr, cela inclut également l’expulsion, c’est-à-dire l’optimisation des expulsions qui ne sont majoritairement pas appliquées aujourd’hui. Les contrôles aux frontières sont, bien sûr, toujours fondamentaux ! La sécurisation des frontières est également une mesure importante parmi les éléments qui caractérisent le concept de remigration.
Breizh-info.com : Et à l’Ouest, les gens de l’AfD ne sont pas favorables à la remigration ?
Stefan Möller : Si, si vous vous en tenez exactement à ce concept de remigration, si vous le comprenez tel que je viens de vous le décrire, celui-ci est également partagé au sein de l’AfD de l’Ouest.
Breizh-info.com : Et pour l’économie, vous êtes en faveur du patriotisme social ?
Stefan Möller : Oui, bien sûr. Et en ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, nous disons, par exemple, que nous voudrions activer nos propres réserves dans la société. Nous avons donc entre 1.000 et 1.500 élèves par an ici en Thuringe qui sortent de l’école sans diplôme et qui ne sont pas disponibles sur le marché du travail. Et là, nous voyons des possibilités de trouver des travailleurs qualifiés qui n’ont pas de problème linguistique et, en fin de compte, de résoudre ce problème de manque de travailleurs qualifiés.
Breizh-info.com : Vous êtes critiqués par certaines grandes entreprises qui affirment publiquement que l’AfD est un problème pour l’économie. Qu’en dites-vous ?
Stefan Möller : L’Allemagne est actuellement en grave récession. Et celle-ci n’est pas causée par l’AfD, mais par le gouvernement fédéral en place [regroupant les sociaux-démocrates du SPD, les écologistes du Bündnis 90/Die Grünen et les libéraux du FDP] et par la CDU.
À cet égard, je peux seulement dire qu’il s’agit de déclarations politiques qui n’ont rien à voir avec la réalité et qui ont lieu par loyauté envers les politiciens en place dans le but, bien entendu, d’obtenir des avantages en retour.
Breizh-info.com : Subissez-vous des attaques émanant de gauchistes, à votre domicile ou dans la vie ?
Stefan Möller : Non, pas ici dans l’Est de l’Allemagne. Je peux me promener en ville sans aucun problème. En fait, je ne reçois que des commentaires positifs.
Propos recueillis par Lionel Baland
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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