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L’antenne de SOS Méditerranée en Corse suscite des résistances

Capture écran Arte
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Voilà une information qui a bien failli passer sous les radars médiatiques : l’installation d’une antenne de SOS Méditerranée dans l’île de Beauté. Le seul journal local à avoir levé le lièvre ? Le site Corse Net Infos annonce, ce mardi 17 septembre : « SOS Méditerranée fait escale en Corse pour le lancement d’une antenne bénévole. »

Au programme des réjouissances, toujours selon la même source : « SOS Méditerranée, l’association engagée dans le sauvetage des migrants en Méditerranée, organise un événement de deux jours en Corse pour sensibiliser le public aux enjeux migratoires et aux droits humains des femmes migrantes. À cette occasion, la projection du documentaire Mothership, tourné à bord de l’Ocean Viking, sera suivie d’un débat avec la cofondatrice de l’association, Sophie Beau. L’événement marquera également le lancement de la première antenne bénévole de SOS Méditerranée sur l’île. »

A priori, l’affaire paraissait pliée. C'était sans compter sur la vigilance de Marie-Pierre Cesari, la représentante locale de Reconquête, qui poste illico ce message, sur X : « La Corse ne sera pas le Lampedusa de demain. Par la presse, nous apprenons que l’association immigrationniste SOS Méditerranée compte tenir une conférence en Corse dans les prochains jours, puis ouvrir sur notre île une antenne locale de son organisation. »

Reculade des organisateurs

Les réjouissances sont censées se tenir au parc Galea, situé près de Bastia. Une conférence est même prévue le 22 septembre prochain, avec une causerie en compagnie de « l’anthropologue et autrice (sic) Sabah Rhamani », consacrée aux « Peuples racines, gardiens de connaissances millénaires, Papous, Massaïs, Maori, Peuls, Kogi ou Mapuche, ce que ces peuples premiers, en recherche constante de l’harmonie sociale et écologique, ont à nous enseigner ». L’événement est maintenu, mais pas l’intervention de SOS Méditerranée, annulée en catastrophe.

D’où les explications pour le moins confuses de ce site enchanteur, mais manifestement de moins en moins enchanté par la tournure de l’affaire : « Le parc Galea est un espace dédié au partage des savoirs auprès d’un public familial. La rencontre prévue ce dimanche 22 sept à 17h, qui avait pour but d’éclairer le travail de l’association SOS Méditerranée, semble pouvoir appeler à un climat d’échanges peu serein, qui n’est pas de son fait. Dans ce cadre, nous préférons l’annuler… »

Aussitôt, un certain « Jan the X » poste, sur X, sur message tout en nuances : « Le parc Galea avait concocté un excellent programme comme toujours. Malheureusement, les menaces de nazillons les obligent à annuler. Pauvre Corse. »

Front sacré des patriotes ?

Que s'est-il passé ? Entre-temps, Nicolas Battini, l’un des porte-parole du mouvement autonomiste Palatina (canal identitaire et anti-immigrationniste) s’est insurgé : « Une ONG internationale connue pour son rôle actif dans le trafic d’êtres humains en Méditerranée se structure en Corse. Nous allons tout faire, dans le cadre de la démocratie et du débat pacifique, pour marginaliser son action chez nous. La Corse ne sera jamais Lampedusa. »

Joint au téléphone, François Filoni, le représentant du RN, va dans le même sens et nous confie : « Cette initiative n’est jamais rien d’autre que de la provocation. Surtout quand on connaît la situation sociale de la Corse, gangrenée par une pauvreté grandissante, où même nos jeunes ne parviennent plus à se loger au pays, tandis que nous sommes submergés par ces "travailleurs détachés" venus de partout. »

Ce sentiment croît dans l'île de Beauté. Les résultats de plus en plus flatteurs du Rassemblement national en Corse en témoignent. François Filoni, toujours : « Sur 230.000 inscrits sur les listes électorales, nous sommes passés, lors des dernières élections législatives, de 5.000 à 53.000 voix. »

Du côté de SOS Méditerranée, silence radio, pour le moment. Contactée par nos soins, l'ONG n'a pas donné suite à nos questions. Chose rare, en Corse, l'association aura réussi à réconcilier les trois clans rivaux zemmouristes, lepénistes et autonomistes : bel exploit !

Nicolas Gauthier

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