En 2023, en Allemagne, des activistes identitaires de Reconquista 21 ont attiré l’attention sur les agressions sexuelles commises par des migrants en organisant une action dans la piscine Inselbad de Stuttgart. Trois activistes viennent pour cela d’être condamnés à six mois avec sursis pour incitation à la haine.
Nous nous sommes entretenus avec Max, l’un d’entre eux. (Interview d’Heimatkurier : https://heimatkurier.at/aktivismus/skandalurteil-inselbad-wir-haben-mit-einem-der-aktivisten-gesprochen)
Breizh-info.com : L’action dans la piscine d’Inselbad remonte maintenant à plus d’un an. Pouvez-vous résumer brièvement pour nos lecteurs de quoi il s’agissait à l’époque et ce que vous avez fait, ainsi que les raisons qui vous ont motivé ?
Max : À cette époque, nous avons constaté une augmentation des agressions sexuelles commises par des migrants dans l’Inselbad. Cette piscine est devenue le symbole d’une problématique plus large observée dans les piscines publiques à travers l’Allemagne. Nous souhaitions donner une voix aux victimes et aux personnes qui craignaient d’aller à la piscine. Il était essentiel pour nous que le débat ne se limite pas à une généralisation sur les « hommes », mais qu’il questionne précisément quel type d’hommes étaient concernés. Nous pensons qu’il est urgent de faire preuve d’honnêteté à ce sujet. Par ailleurs, nous voulions mettre en lumière à la fois les causes et les solutions à ces dysfonctionnements. Nous devons aux victimes de ne pas nous contenter d’aborder les symptômes de manière superficielle.
Breizh-info.com : Pour cela, vous et deux autres militants avez été condamnés à six mois avec sursis. Cependant, un tel procès est précédé de plusieurs événements. Pouvez-vous décrire ce qui a suivi l’action ? Comment en êtes-vous arrivé à l’inculpation et que s’est-il passé ensuite ?
Max : Lors de l’action, nous avons dû sauter des toits de la piscine pour échapper au personnel de sécurité et aux policiers en civil. Une caméra GoPro a été perdue durant cette fuite, et son contenu incriminait clairement certains activistes. Une accusation absurde d' »incitation à la haine » a été portée à l’encontre de plusieurs de nos actions l’année dernière, ce qui a justifié pour le parquet huit perquisitions internationales en Allemagne et en Suisse. Les preuves ainsi recueillies ont été utilisées pour engager des poursuites.
Breizh-info.com : Sur quoi repose cette accusation ? Il me semble que cela pourrait aussi être considéré comme une violation de domicile.
Max : Le parquet nous reproche de « susciter dans la population une attitude hostile envers les migrants ou de renforcer une attitude déjà existante sur la base d’une motivation xénophobe ». Nous étions soi-disant conscients que la bannière affichée, le slogan crié et les tracts distribués pouvaient éveiller ou renforcer dans la population une tendance à enfreindre la loi au détriment des migrants.
Breizh-info.com : Comment s’est déroulée la procédure ? Le procès n’a eu lieu qu’un an plus tard.
Max : L’enquête a bien sûr commencé immédiatement après l’action. Les perquisitions ont eu lieu fin août 2023, l’acte d’accusation a été rédigé le 23 mai 2024, et le procès s’est tenu à la mi-septembre.
Breizh-info.com : C’est la première fois qu’une de vos actions se termine par une telle condamnation pénale. Cela change-t-il quelque chose pour vous ?
Max : Ce jugement n’a pas entamé ma volonté d’être politiquement actif, car j’étais déjà conscient que critiquer les puissants de manière fondamentale et efficace entraînerait des conséquences. Je m’y attendais, bien sûr, et c’est précisément le devoir d’un activiste d’être prêt à faire face à ces répercussions. Cependant, il est nécessaire de réagir à ce jugement. Je pourrai toujours jouer un rôle dans l’activisme et la résistance malgré cette condamnation. Nous ferons appel de ce jugement. Celui-ci n’est pas encore définitif, et je reste convaincu de son illégalité. Je suis optimiste quant à la possibilité de poursuivre mes activités politiques à l’avenir sans être sanctionné.
Breizh-info.com : Ce sont surtout les conséquences de ce jugement sur votre travail politique qui vous préoccupent maintenant ?
Max : Ils s’attendent, bien sûr, à ce que cela me réduise au silence. J’ai maintenant la menace d’une peine de prison au-dessus de la tête. Bien qu’elle soit suspendue, chaque procureur sait qu’il peut me renvoyer en prison dans les deux prochaines années – période durant laquelle la peine est suspendue – en construisant d’une manière ou d’une autre une accusation d’incitation à la haine. Ils espèrent que cela agira comme une muselière.
Breizh-info.com : Vous considérez donc cette condamnation comme un obstacle pratique, mais vous n’êtes pas surpris par ces réactions du système ?
Max : Exactement. Depuis les perquisitions, ma confiance dans l’État de droit a été ébranlée.
Breizh-info.com : Vous faites référence à la grande vague de répression de l’année dernière ?
Max : Oui, c’est bien cela. Le fait d’empiéter sur les droits fondamentaux des activistes sous de faux prétextes a largement détruit ma confiance dans l’État de droit.
Breizh-info.com : Si l’on continue comme vous, finit-on par ne plus faire confiance aux institutions juridiques ?
Max : Oui, on constate que lorsque ces procès sont menés sur des bases politiques, on apprend à y répondre par ses propres campagnes, donc politiquement. Il ne faut pas se contenter d’argumenter sur le plan juridique, car en cas de doute, vos droits n’intéressent pas vraiment le juge. En dénonçant les violations du droit par la justice, on rend également plus difficile pour la politique de condamner.
Breizh-info.com : Donc, vous devenez plus actif politiquement, non seulement par idéalisme ou par désespoir, mais également pour vous protéger ?
Max : Je formulerais cela ainsi : nous allions l’utile à l’agréable. En travaillant politiquement et en luttant contre l’adversaire, nous rendons également plus difficile pour eux de nous condamner, car ils savent que cela déclenche des vagues de solidarité à notre égard.
Breizh-info.com : Que proposez vous de manière générale pour soutenir les activistes confrontés à la justice politique ?
Max : La semaine prochaine, nous lancerons une campagne de solidarité en collaboration avec EinProzent. Le fonds de solidarité d’EinProzent est toujours utile lorsque l’on souhaite soutenir des activistes subissant la répression.
Propos recueillis par Matisse Royer
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