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Wokisme, LGBTisme, féminisme : comment Harris s’est aliénée le vote des minorités raciales

« Qui trop embrasse mal étreint » dit un proverbe qui devrait – s’il existe en anglais – être médité par la candidate à la Maison-Blanche. Les minorités raciales, traditionnellement acquises au parti de l’âne, se sont détournées de Harris, pour l’abstention, voire – horresco referens – pour le vote Trump. En cause : le wokisme et le LGBTisme débridés naguère encore professés par la candidate démocrate et les caciques du parti. Les susdites minorités sont tout sauf progressistes sur le plan sociétal et rejettent massivement la vision « émancipatrice » que professe l’Afro-indienne. Des voix précieuses vont lui manquer entre autres dans les fameux « Swing States », alors que déjà, Harris est donnée perdante par les bookmakers.

10.000 voix ont fait défaut à Hillary Clinton en 2016 pour remporter l’État du Michigan et ses 16 grands électeurs. Avec quelques autres États-clés considérés comme acquis aux Démocrates. La messe était dite et Trump élu. C’est ce même scénario qui pourrait se répéter le 5 novembre et conduire à la défaite de la candidate du « camp du Bien ».

Avec Donald Trump comme candidat du « camp du mal », Harris jouait pourtant sur du velours. Comme chacun sait, Donald Trump « est financé par des donateurs pro-colonies qui soutiennent l’annexion israélienne de la Cisjordanie ». Il a par ailleurs promis de donner à Netanyahou ce dont il a besoin pour « finir le travail à Gaza », et entend expulser des universités les étudiants et les militants propalestiniens qu’il qualifie de « djihadistes ». Et n’oublions pas non plus que son gendre Jared Kushner, un juif, a promis de transformer Gaza en « propriétés lucratives en bord de mer ». C’était du lourd. L’abomination de la désolation pour des électeurs démocrates qui sont depuis peu majoritairement pro-palestiniens. Oui, mais ces mêmes électeurs démocrates constatent sur la question proche-orientale, Harris ne se démarque pas fondamentalement de Trump. D’où la décision de beaucoup d’entre eux d’appliquer la philosophie du « ni-ni » le 5 novembre prochain, en n’allant pas voter.

Le Figaro rapporte le cas d’école d’Hamtramck une petite ville de l’Est américain, qui jusque dans les années 2010 était peuplée de petits blancs – immigrés polonais et ukrainiens, de tradition catholique – Sont alors venues des vagues de Yéménites et de Bangladais, tous musulmans, qui, désormais majoritaires, ont élu pour maire un de leurs coreligionnaires. Les Démocrates sont d’abord aux anges et chantent les louanges d’un maire « issu de la diversité », démocrate de surcroit. Ils doivent rapidement déchanter : sitôt élu, Amer Ghali – c’est son nom – fait voter un arrêté interdisant l’exposition dans la commune du drapeau LGBT arc-en-ciel. L’édile est même allé jusqu’à soutenir publiquement Donald Trump lors du passage du candidat républicain dans le comté de Wayne, il y a quelques jours : « Nous avons longtemps été déconnectés avec le Parti républicain qui est le parti du bon sens. Nous pouvons désormais mettre fin à cette situation. »

Consciente que les dérives féministes peuvent rebuter les mâles afros et latinos, Harris s’est adjoint les services de deux « mecs » (dudes en anglais) dont le message est simple : « De nombreux hommes ont pu se sentir attaqués ou menacés par la culture woke, et Trump en a profité pour se poser comme leur porte-parole ; on a voulu leur dire que la masculinité n’était pas forcément toxique. » Mais le mal est fait. Trop tard pour rétablir une image très gauchisée par des années de wokisme démocrate. L’Américain moyen, blanc, afro, latino ou asiatique, est horrifié par le spectacle woke qu’offrent la plupart des universités du pays. Un spectacle dont Harris tente de se démarquer, mais qui a encore l’agrément, sinon le label, démocrate.

« Ce sont les femmes qui vont vaincre Trump et décider de cette élection », assure James Hickman, un soutien de la vieille école de Harris. Cet entrepreneur noir a fondé sa compagnie d’édition après avoir eu affaire à la justice dans sa jeunesse. Il a déjà imprimé un calendrier 2025 en l’honneur de la présidente Kamala Harris. « Je vois plus de difficulté avec les hommes noirs. Je les entends dans les bars et les soirées : beaucoup veulent voter Trump. » avoue-t-il. Mais il veut croire que « ce sont les femmes qui vont gagner, c’est un deuxième chapitre qui s’ouvre, la suite de celui qu’avait été l’élection d’Obama en 2008. » Les « dudes » de toute race se reconnaissent davantage dans le « mec » Trump qui leur parle le langage de la virilité et de la grandeur de leur nation que dans la vision étriquée d’une Harris qui, naguère encore, culpabilisait le « mâle toxique ». Par ailleurs, les mêmes « dudes » afro-latinos ne pardonnent pas à Obama qu’ils ont plébiscité en 2008 et 2012 de les avoir déçus. Une dette qu’ils font payer cash à Harris, qui n’en peut mais.

Quant au monde ouvrier, il y a longtemps qu’il a tourné la page démocrate et vote républicain.

Henri Dubost

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