Un Salaud !
« Le salaud se regarde tranquillement dans la glace, il s’aime, il s’admire, il se justifie, il a l’impression – tant qu’il n’est pas mis en échec – de triompher des difficultés qui arrêtent les autres ; il n’est pas loin de se prendre pour un héros… » (Éric-Emmanuel Schmitt).
Durant ce long week-end de la Toussaint, je comptais me reposer, souffler un peu et avoir une pensée et une prière pour mes proches et mes amis rappelés à Dieu. Je n’avais pas l’intention de vous parler, encore et encore, de l’Algérie. Combien de fois ai-je dit (ou écrit) que je ne voulais plus en parler ? Une page est tournée, les regrets ne servent à rien. Et puis, j’ai consacré à ce beau pays plusieurs de mes livres (1) et des dizaines d’articles. Je croyais avoir épuisé le sujet, que nenni !
Albert Camus a écrit : « L’Algérie, on n’en guérit jamais ». Elle reste une plaie à vif, une plaie qui ne cicatrise pas, et ce, d’autant plus que, tant du côté français que du côté algérien, on s’ingénie à mettre du sel dessus, pour nous faire souffrir, pour raviver une douleur ancienne.
Voilà qu’avant hier, 70 ans après la « Toussaint rouge », début de l’insurrection du FLN (2) en Algérie, la petite frappe qui tient lieu de président de la « Ripoux-blique » a reconnu que le dirigeant du FLN Larbi Ben M’hidi « a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses ». Le choix de cette date ne doit rien au hasard ; c’est encore une provocation.
« La reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune se poursuivra », nous dit le communiqué de l’Elysée. Et la presse (3) ajoute que « Le but d’Emmanuel Macron est d’aboutir à la constitution d’une mémoire apaisée et partagée ». De qui se moque-t-on avec cette auto-flagellation unilatérale ? Va-t-on cesser un jour d’humilier la France et d’insulter son Armée ? C’est honteux !
Dans le film « Le président », Michel Audiard fait dire à Jean Gabin, s’adressant à un politicard joué par Bernard Blier : « Pour des raisons particulières je vous ai longtemps pris pour un salaud et je constate avec plaisir que là aussi j’avais quinze ans d’avance. »
On dirait que cette tirade a été écrite spécialement pour Emmanuel Macron.
Avant son élection, en février 2017, Macron osait qualifier l’œuvre française en Algérie, le travail remarquable (et souvent désintéressé) des colons français sur une terre inhospitalière durant 132 ans, de « crime contre l’humanité ». Puis, en octobre 2018, il allait salir notre Armée en faisant repentance, pour la France, au domicile de la veuve de Maurice Audin. En juillet 2020, il chargeait Benjamin Stora de « dresser un état des lieux juste et précis » sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Au final, ce « Rapport Stora » est une invitation à repentance aussi unilatérale que l’étaient les Accords d’Évian. Il propose notamment : de commémorer les dates symboliques du conflit (le 19 mars 1962, le 25 septembre, et le 17 octobre 1961) ; de restituer à l’Algérie l’épée de l’émir Abdelkader « héros de la résistance à la colonisation française »; de reconnaître l’assassinat de l’avocat et militant politique Ali Boumendjel, pendant la bataille d’Alger ; de poursuivre les travaux sur les essais nucléaires français dans le Sahara et leurs conséquences (ainsi que celles de la pose de mines antipersonnel durant la guerre) ; de réactiver le projet de « Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie » abandonné en 2014 ; de faire entrer au Panthéon l’avocate Gisèle Halimi (4), etc.
Dans la foulée, Macron, comme Hollande, condamnait le soi-disant massacre du 17 octobre 1961 (5), puis, la ministre Roselyne Bachelot annonçait qu’on allait ouvrir « avec 15 ans d’avance » les dossiers concernant la guerre d’Algérie. En clair, nous faisions encore notre autocritique.
Du côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune, comme TOUS ses prédécesseurs, se moque des gesticulations françaises comme de sa première djellaba. Ce qu’il attend, c’est un acte de contrition en bonne et due forme, avec, à la clé, des indemnisations pour les « spoliations et crimes » que nous aurions commis en Algérie. N’a-t-il pas fait réintroduire un couplet menaçant la France dans l’hymne national de son pays ? Mais revenons à son comparse Emmanuel Macron.
Apparemment Macron ignore ce que fut la « bataille d’Alger ». Or cette bataille aura été, indéniablement, une affaire de parachutistes. Des paras qui, avec abnégation et courage, ont fait un travail remarquable et ont éradiqué le terrorisme à Alger. Une période trouble durant laquelle Alger, deuxième ville de France à l’époque, aura connu 112 attentats dans le seul mois de janvier (1957).
Le commissaire Benhamou n’arrivant à rien avec 1500 policiers, le socialiste Robert Lacoste a donné les pleins pouvoirs (y compris ceux de police) au général Massu qui rentrait de l’« Opération Mousquetaire » à Suez. Massu, qui étrennait ses étoiles, commandait la 10e Division Parachutiste. Ses régiments vont tous converger sur Alger. Ce sont des unités solides et bien commandées : le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (1er RCP), commandé par lt-colonel Mayer ; le 1er Régiment Etranger de Parachutistes (1er REP), aux ordres d’une légende vivante des paras-Légion, le lt-colonel Jeanpierre ; le 2ème Régiment de Parachutistes Coloniaux (2ème RPC), commandé par Château-Jobert, dit « Conan », puis par le lt-colonel Fossey-François, son adjoint à Suez ; le 3ème Régiment de Parachutistes Coloniaux (3ème RPC), du légendaire colonel Bigeard… Une autre unité – le 9ème Zouaves – commandée par le colonel Bargeot, participera aussi à la bataille d’Alger. Le colonel para Henri Le Mire, assisté du capitaine Graziani, para lui aussi, dirige le 2ème bureau de la 10ème DP.
Pendant la bataille d’Alger, Audin est arrêté par les hommes du lieutenant Erulin (6), du 1er REP, puis remis pour interrogatoire aux paras du commandant Aussaresses. Il disparaît le 11 juin 1957 et on ne saura jamais de façon certaine s’il a été tué par les gens chargés de l’interroger ou par ses amis du FLN après s’être évadé. Mais le communiste Maurice Audin était un traître à sa patrie. En d’autres temps, il aurait fini avec 12 balles dans la peau. Les traîtres meurent souvent jeunes.
Préalablement, le 23 février 1957, les paras de Bigeard arrêtaient un gros poisson : Larbi Ben M’hidi. C’était l’un des neuf fondateurs du « Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action » (CRUA) qui le 10 octobre 1954 transforment celui-ci en FLN et décident de la date du 1er novembre 1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l’indépendance algérienne. On lui confie la direction de l’Oranie (wilaya V). En 1956, il devient membre du « Conseil National de la Révolution Algérienne » (CNRA). Nommé à la tête de la « Zone Autonome d’Alger », il participe à l’organisation des attentats dans la capitale (notamment ceux du 30 septembre 1956, dont celui du « Milk-Bar »). C’est donc un terroriste que les paras arrêtent le 23 février 1957. Dans une interview au journal « El Watan », en 2017, sa sœur Drifa déclare être certaine que son frère a été dénoncé par ses compagnons d’armes. C’est donc un chef fellagha qui a été trahi par d’autres fellaghas ; encore une traîtrise !
Mais l’homme impressionne ses geôliers par ses convictions fortes et son courage. Je n’ai pas le moindre doute sur ce qu’en dit le colonel Jacques Allaire, que j’ai eu le privilège de connaître.
Lieutenant chez Bigeard, c’est lui qui a arrêté Ben M’hidi. Il déclarera beaucoup plus tard :
«… L’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’Hidi… Il était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction… C’est un homme qui est calme, serein, je ne peux même pas dire qu’il était inquiet, il avait déjà compris que la page était tournée pour lui… Que faire de Ben M’Hidi ? Nous avons d’abord longuement parlé avec le colonel Bigeard et j’ai dit que Ben M’Hidi est un poisson trop gros pour nous… et c’est à l’échelon supérieur de décider de ce que l’on pourra faire de lui… Je l’ai remis à l’État-major, et à une équipe qui est venue le chercher, et c’était la nuit, et bien que le règlement s’y oppose, je lui ai fait présenter les armes, parce qu’il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage. Et Ben M’Hidi était pour moi un grand monsieur et d’ailleurs son prénom, dans la résistance, c’était Hakim, qui veut dire : le preux… Après, il a été remis à la justice… et j’ai appris à travers la presse, les journaux, et tous les livres d’histoire que j’ai parcourus qu’il s’était suicidé dans sa cellule le 4 mars… ».
Bigeard, qui raconte l’avoir interrogé sous « Penthotal », refusant de le torturer, a dit en gros la même chose : chez les « Centurions » on respecte un ennemi courageux.
Puis, en 2001, dans son livre « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 », le général Aussaresses reconnaît avoir exécuté Larbi Ben M’Hidi, par pendaison maquillée en suicide, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Selon lui, ce crime a été commis avec l’assentiment tacite de sa hiérarchie et d’un juge (qui aurait lu le rapport sur le prétendu suicide… avant que celui-ci ait eu lieu). Ce livre a fait l’effet d’une bombe ! Le monde des faux-culs et des Tartuffes a fait semblant de découvrir que les Services Secrets (de tous les pays) utilisent parfois des méthodes condamnées par les lois et conventions qui voudraient régenter (et humaniser) les guerres modernes.
Pourquoi le général Aussaresses, qui fut un beau soldat, a-t-il balancé un tel pavé dans la marre ? Pour éclabousser une institution – la « grande muette » – qui n’aurait pas assez reconnu ses mérites ? Mon camarade Jean-Claude Sanchez donne plusieurs pistes dans un excellent livre fort bien documenté (8). Si ce n’est pas une fanfaronnade, l’exécution de Larbi Ben M’Hidi n’est pas glorieuse, c’est le moins que l’on puisse dire, mais ceux qui, aujourd’hui, font de ce chef du FLN « le Jean Moulin algérien », oublient que Jean Moulin n’a jamais posé de bombes dans des bars ou des lieux publics, tuant des civils, des femmes et des enfants. Alors, de grâce, arrêtons l’hypocrisie et la compassion à géométrie variable ! Ce conflit était une sale guerre, mais toutes les guerres sont sales !
Les officiers paras que j’ai connus – Pierre Château-Jobert, Jacques Allaire, Pierre Sergent, entre autres – ont gardé un très mauvais souvenir de la mission de basse police qu’a été la bataille d’Alger. Et pourtant, ces paras ont fait un travail remarquable et ont éradiqué le terrorisme à Alger.
Ceci force le respect et mériterait un hommage, surtout pas des critiques.
Avant de conclure, rappelons, juste pour mémoire :
a)- Que les unités parachutistes et légionnaires ont eu, à elles seules, plus de la moitié des pertes au feu du conflit algérien, de novembre 1954 à juillet 1962. b)- Que des officiers de la 10ème (et de la 25ème DP) sont morts pour la France en Algérie : le colonel Jeanpierre, le capitaine Graziani, et quelques dizaines d’autres moins connus. c)- Que d’autres officiers paras ont choisi « les voies de l’Honneur », en avril 1961, pour ne pas livrer l’Algérie au FLN: les colonels Dufour et Château-Jobert, le commandant Denoix de Saint-Marc, les capitaines Sergent et Montagnon… La liste de ces hommes courageux est longue ! d)- Que c’est Massu, dont la position a pourtant été ambiguë sur l’Algérie, qui a obtenu, en 1968, à Baden-Baden, la promesse d’amnistie des « soldats perdus » de l’Algérie française. e)- Que la bataille d’Alger, enfin, est une bataille incontestablement gagnée par les paras.
Dans n’importe quel pays, on honore les héros, on ne salit pas leur mémoire. Or, une fois de plus, Emmanuel Macron insulte la France et salit son Armée. C’est carrément dégueulasse !
En raison de leur âge, nos anciens d’Algérie disparaissent les uns après les autres. Lors de la visite de Macron à la veuve Audin, j’écrivais au général-président d’une association d’anciens paras :
« Si nous ne disons rien, dans quelques années il n’y aura plus personne pour prendre la défense de nos frères d’armes d’Algérie. Ils seront insultés et considérés comme des « criminels de guerre »… ». Nous en sommes là, hélas, et l’Algérie revancharde l’a bien compris.
Ce pays compte aujourd’hui 45 millions d’habitants et plus de la moitié de cette population a moins de 25 ans, or, comme disait Coluche : « Dans le divorce entre la France et l’Algérie, c’est la France qui a obtenu la garde des enfants ». Car où vont tous ces jeunes désœuvrés, miséreux, sans travail, victimes de l’incompétence et de la corruption des anciens fellaghas qui dirigent leur pays depuis plus de soixante ans ? En France, bien sûr, ce pays colonisateur honni qu’on leur a appris à détester dès l’enfance. Ils arrivent chez nous en quémandant nos aides sociales diverses et variées, et la haine chevillée au corps. Et Macron souffle sur la braise pour attiser un feu mal éteint.
Pour faire avancer son « œuvre de réconciliation de mémoire apaisée et partagée », je lui suggère de demander à son ami Abdelmadjid Tebboune ce que sont devenus les 3000 « Pieds noirs » disparus entre le 19 mars et le 5 juillet 1962, date de l’indépendance de l’Algérie ? Où sont passées les femmes enlevées et livrées comme putains aux bordels de l’ALN ? Où sont les Européens utilisés au déminage (préalablement amputés d’une jambe pour éviter toute velléité d’évasion) ? Il peut aussi lui demander des comptes sur nos supplétifs, nos Harkis et leur famille, abattus en masse, lors des deux principales vagues de répression en été et en automne 1962. Quelquefois par unité entière, par village entier, par famille entière, les femmes et les enfants n’étant pas épargnés. Les supplices précédant leur mort, d’une cruauté inouïe, pouvaient durer plusieurs heures, voire plusieurs jours : corps ébouillantés, dépecés, enterrés ou brûlés vifs, énucléations, membres découpés en lanières et salés. Des anciens combattants contraints d’avaler leurs médailles avant d’être brûlés vifs dans le drapeau français. Certains harkis ont été crucifiés sur des portes, les yeux crevés, le nez et les oreilles coupés, la langue arrachée, systématiquement émasculés… D’autres furent dépecés vivants à la tenaille, leur chair palpitante jetée aux chiens…
Quant aux familles : des vieillards et des infirmes étaient égorgés, des femmes violées puis éventrées, des nourrissons avaient la tête écrasée contre les murs sous les yeux de leur mère. De l’aveu même de Ben Bella, ces tueries de masse ont concerné 150.000 personnes.
Mais Macron sait-il toutes ces horreurs ? Evidemment !
Quand il lèche les babouches de Tebboune est-il inconscient ? Vraisemblablement !
Fait-il tout ça par mépris du passé de son pays ? Probablement !
N’est-il pas en train d’affaiblir la France en la soumettant à l’Islam ? Assurément !
En fait, Macron n’est-il pas tout simplement un salaud ? Oui, Incontestablement !
Eric de Verdelhan
1)- Entre autres « Requiem pour l’Algérie française » et « Hommage à NOTRE Algérie française » ; Editions Dualpha ; 2019
2)- FLN : Front de Libération Nationale (son bras armé est l’ALN, Armée de Libération Nationale)
3)- « Franceinfo » du 1er novembre 2024
4)- Rappelons que Gisèle Halimi était proche du FLN et œuvrait contre la France.
5)- Le professeur Bernard Lugan et moi-même avons rédigé suffisamment d’articles sur le sujet pour qu’il ne soit pas utile d’y revenir ici.
6)- Philippe Erulin, né à Dole le 5 juillet 1932 et mort à Paris le 26 septembre 1979. Il était chef de Corps du 2ème REP lors de l’opération de Kolwezi en mai 1978.
7)- « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 » de Paul Aussarresses ; Perrin ; 2001
8)- « Paul Aussaresses : plaidoyer pour un patriote : 1918-2013 » de Jean-Claude Sanchez ; Indo-éditions ; 2020
https://ripostelaique.com/macron-est-bien-un-salaud-la-preuve-par-lalgerie.html