Les bellicistes en charentaises ont les mains rouges. Après mille et un jours de guerre, l’Ukraine exsangue a perdu sa guerre contre la Russie. Les faits le montrent, même si l’aveu de la défaite est encore indicible pour ceux qui promettaient la victoire à ce peuple courageux. A dire vrai, l’issue était prévisible dès le premier jour du conflit, pour quiconque observait les forces en présence et restait sceptique sur les certitudes des experts parisiens. Une fois de plus, le paresseux unanimisme médiatique aura pris ses désirs pour des réalités. Les mêmes analystes qui pontifiaient sur la défaite de Donald Trump assuraient que Vladimir Poutine allait perdre et que la Russie allait s’effondrer avec lui, sous les assauts de l’Europe unie. Les militaires de plateaux des télévisions, qui prédisaient la déroute russe, ont encore du mal à reconnaître leurs erreurs.
Pareillement, les précédents médecins des chaînes infos, recrutés pour commenter la « guerre » contre le Covid, ne se bousculent pas pour évoquer aujourd’hui la fabrique artificielle de la peur hygiéniste sous le poids de l’industrie pharmaceutique, ou les effets indésirables des vaccins, enfin timidement reconnus par Le Figaro lundi. Le plus insupportable dans le traitement de ces trois épisodes (Covid, Trump, Ukraine) aura été d’entendre les plus respectables des intellectuels se prêter à leur tour aux injures contre les « populistes », les « complotistes », les « munichois », les « poutinistes » au prétexte de ne vouloir entendre autre chose qu’un discours unique, sans place pour la nuance ou la contradiction argumentée. Les va-t-en-guerre n’osent comptabiliser les centaines de milliers de morts que cette inutile guerre fratricide entre slaves a causé de part et d’autre, sous leurs encouragements éloignés.
« La Russie n’est pas en position de force », martèle toujours, néanmoins, la France d’en haut par l’intermédiaire de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères (Europe 1, ce mercredi matin). Mais c’est oublier que Poutine est soutenu par l’ONU et le Sud-global (la moitié de la planète) et que l’Allemagne est prête au dialogue direct avec lui, comme elle le fit en douce avec l’URSS avec le traité de Rapallo (1922). Barrot qualifie de « rhétorique » l’abaissement des seuils de recours à l’arme nucléaire, décrété mardi par Poutine à l’annonce de l’usage de missiles américains à longue portée pour frapper le territoire russe. Mais l’argument est léger. La France, qui a formé 2300 soldats ukrainiens qui vont rejoindre le front, promet six Mirage à Volodymyr Zelensky, pour poursuivre une guerre perdue. Il est loisible de voir dans cette stratégie « escalatoire » (un mot que chérit Emmanuel Macron) un procédé destiné à détourner les regards sur l’extrême fragilité sociale, financière et politique de la France. Alors que Marine Le Pen a confirmé ce matin sur RTL qu’elle n’excluait plus de participer à une motion de censure à l’issue de la présentation prochaine du budget, Macron n’a en tout cas plus que la guerre pour espérer reconstituer autour de sa personne un début d’union. Tout est à craindre d’un narcisse blessé qui ne s’est jamais donné aucune limite et qui aime le conflit et ses postures. L’Occident a commis l’erreur impardonnable de forcer la Russie, si proche de notre civilisation, à rejoindre l’Orient et les autres pays méprisés. Il est urgent aujourd’hui de tenter de réparer cette tragédie, plutôt que de la perpétuer au prétexte stupide que Poutine n’est pas démocratiquement fréquentable.
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