Rejeté et ignoré, incapable de nommer le Premier ministre de son choix, Macron doit partir.
52 % des Français veulent désormais son départ et le jugent entièrement responsable du chaos institutionnel actuel qui s’éternise depuis des mois.
La capitulation de Macron face à un Bayrou déterminé qui s’est imposé à Matignon en dit long sur l’impuissance du chef de l’Etat, devenu une véritable potiche sans aucun pouvoir depuis la dissolution kamikaze de l’Assemblée.
Tout lui échappe. Il reste impuissant face aux provocations du pouvoir algérien qui emprisonne Boualem Sansal sans motif sérieux. Il reste impuissant face à Ursula von der Leyen qui signe dans son dos le Mercosur, contre l’avis de la France. Il reste impuissant face au sentiment antifrançais qui gagne nos ex-colonies et nous chasse de l’Afrique.
La diplomatie française est un tel fiasco que plus personne n’écoute l’agité de l’Elysée qui retourne sa veste en permanence. Gaza, Liban, Syrie, Ukraine, tout se traite sans lui. Son double jeu permanent avec Poutine et Netanyahou l’a mis définitivement hors jeu sur l’échiquier international, son soi-disant domaine réservé.
Le Jupiter de 2017, qui rêvait de s’imposer au monde du haut de ses 39 ans, ivre de sa réussite, n’est plus qu’un fantôme abandonné de tous. Jupiter est devenu insignifiant aux yeux du monde. Et même l’Europe avance désormais sans la France.
C’est pourquoi de plus en plus de voix se font entendre pour qu’il démissionne.
Les Français le souhaitent, LFI le réclame, le RN l’espère sans le demander. Mais d’autres voix se manifestent en ce sens, Hervé Morin, Jean-François Copé, Charles de Courson.
Chacun s’accorde à dire que si Bayrou échoue, c’est le tandem Elysée/Matignon qui fera ses valises. Or, les difficultés de Bayrou à former un gouvernement montrent que le champion du compromis patauge lamentablement autant que son prédécesseur.
En réunissant aujourd’hui les seuls partis responsables du naufrage de la France, ceux qui ont surtout l’expérience de l’échec, donc sans LFI et sans le RN, Bayrou prouve qu’il n’a rien compris. Il veut ressortir de la naphtaline des incapables qui ont déjà sévi. Il va encore nous faire un gouvernement de pyromanes alors que l’incendie fait rage.
Mais c’est aussi la preuve que la censure n’a servi à rien et que seule la démission de Macron mettra fin à ce mortel immobilisme centriste qui nous ruine depuis des années. À vouloir godiller de gauche à droite, donc sans réelle conviction, le pouvoir accélère l’effondrement de la France, déclassée d’année en année dans tous les domaines. Et ce ne sont ni les JO, ni Notre-Dame qui doivent faire illusion.
La France ne pourra survivre qu’avec des réformes de choc. Et ce n’est pas Bayrou, un mollasson, un marin d’eau douce qui ne veut pas de vagues, qui sera l’homme de la situation. Il nous faut un capitaine de gros temps, capable de faire franchir le Cap Horn au bateau France. Mais pour cela, il faut d’abord une majorité, donc des présidentielles et des législatives qui remettent les compteurs à zéro. Aucun rafistolage, aucun compromis ne résoudra nos problèmes.
Evidemment, Macron se retranche derrière la Constitution.
« Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans, et je l’exercerai pleinement jusqu’à son terme. »
Il n’a pas tort, le peuple a été assez crétin pour le réélire en 2022.
Mais la chute de Michel Barnier et les débuts chaotiques de Bayrou n’augurent rien de bon. Tôt ou tard la pression va devenir telle que les sondages appelant à la démission du chef de l’Etat ne pourront être ignorés.
Quand 70 % des Français réclameront son départ, Macron ne pourra que s’exécuter.
Et si Bayrou saute plus vite que prévu, il entraînera Macron dans sa chute.
C’est le pari que beaucoup commencent à faire. Car les lignes rouges de LFI et du RN, totalement incompatibles, n’ont pas disparu avec Barnier. Ce grand écart est toujours mission impossible.
Le champion du compromis ne fera donc pas de miracle. Il ne fera rien qui puisse bousculer les extrêmes afin de durer le plus longtemps possible, laissant la France couler vers un déclassement inexorable et irréversible.
Jacques Guillemain