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Le Nouveau Front populaire n’est plus la première force politique au Palais-Bourbon

Il existe à l’Assemblée nationale trois blocs, mais pas de majorité, même relative. Donc tout Premier ministre est à la merci d’une motion de censure. Aujourd’hui François Bayrou, hier Lucie Castets si Emmanuel Macron avait eu l’astucieuse idée de la nommer à Matignon.

Au lendemain des élections législatives qui ont suivi la dissolution, la logique eût effectivement voulu que Lucie Castets s’installât à Matignon. Certes les quatre groupes qui constituent le Nouveau Front populaire n’obtenaient pas la majorité absolue (289), mais, avec ses 193 députés (72 pour La France insoumise, 17 pour les communistes, 66 pour les socialistes, 38 pour les écologistes), ce cartel était le plus important au Palais-Bourbon puisque l’ancienne majorité présidentielle ne totalisait alors que 165 députés (96 pour Renaissance-EPR, 36 pour le MoDem et 33 pour Horizons). Quant au Rassemblement national, il se contentait de 126 députés. Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes, avait donc raison de souligner que c’est au « NFP, première force politique sortie des urnes, à qui il revient de former un gouvernement et de construire des majorités » (Ouest-France, Rennes, vendredi 30 août 2024). Mais Emmanuel Macron n’a pas voulu entendre parler de Lucie Castets… Il a préféré Michel Barnier, lequel a élargi sa base en ajoutant au « bloc central » le groupe de la « Droite républicaine » (LR, Laurent Wauquiez), soit 47 députés, mais sans parvenir à obtenir la majorité absolue (289) – d’où un attelage en danger en cas de motion de censure.

Aujourd’hui, François Bayrou a remplacé Michel Barnier, sans que cette « majorité minoritaire » soit en position de force. Pourtant Erwan Balanant (MoDem), député de Quimperlé, est satisfait : « Je pense qu’il a la capacité de rassembler (…) ; ça donne des responsabilités à notre famille politique. On doit les aborder avec beaucoup d’humilité et de capacité d’écoute. Ce que sait faire François Bayrou. » (Le Télégramme, samedi 14 décembre 2024). Pour lui, « François a une force de persuasion et des convictions. Certains disent des coups de colère… » (Le Monde, dimanche 15-lundi 16 décembre 2024). Mais tout le monde n’est pas de cet avis ; c’est le cas de Mickaël Bouloux (PS), député de Rennes-Saint-Jacques-de-la-Lande, pour qui « la nomination de François Bayrou est désolante. C’est, une fois encore, une attitude de mépris à  l’encontre des Français qui se sont rendus massivement dans les urnes lors des élections législatives et qui ont décidé alors de porter les forces du Nouveau Front populaire (NFP) en tête et, ce faisant, de faire barrage à l’extrême droite  incarnée par le Rassemblement national. » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, 14-15 décembre 2024). Johanna Rolland, maire de Nantes et n°2 du PS, insiste sur le fait que son parti ne veut pas siéger dans le gouvernement Bayrou « car nous demandions un Premier ministre de gauche, tout en nous engageant à ne pas recourir au 49-3, et donc à aller chercher des compromis républicains à l’Assemblée. Nous resterons donc, clairement, dans l’opposition au Parlement. » (Ouest-France, samedi 14-dimanche 15 décembre 2024)

LFI est obnubilée par sa prochaine motion de censure

Tout cela est bel et bon mais ce qui était vrai pendant « l’épisode Castets »  ne l’est plus aujourd’hui. En effet si, à l’époque,  la coalition NFP comptait le plus de députés (193), ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tout simplement parce que le « socle commun » qui soutenait ( ?) Barnier comptait 210 députés… On peut même ajouter que le Béarnais peut compter sur la « bienveillance » des 23 députés du groupe Liot (Paul Molac en Bretagne)… La preuve a été également apportée de l’insuffisance numérique des quatre groupes du Nouveau Front populaire : ils ont besoin du renfort du Rassemblement national pour que leur motion de censure soit adoptée.

Ces récriminations de la gauche n’existeraient pas si Emmanuel Macron avait respecté la logique qui se dégageait du résultat des élections législatives. Puisque le Nouveau Front populaire arrivait en tête, la place de Lucie Castets se trouvait à Matignon. Certes elle n’y serait pas restée longtemps – une dizaine de jours – puisqu’elle aurait été exécutée vite fait bien fait par une motion de censure qui aurait vu l’association du « bloc central », de la droite et du Rassemblement national – tous unis contre La France insoumise. Reste la question de la censure qui surviendra au lendemain de la déclaration de politique générale de François Bayrou. « Tant que le Président n’aura pas purgé l’hypothèse d’une Premier ministre de gauche, la censure est probable. Un gouvernement dirigé par une personnalité de gauche ne serait pas non plus viable mais, symboliquement, il faudrait en passer par là », explique Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université de Lille (Ouest-France, vendredi 13 décembre 2024). Mais Emmanuel Macron a préféré finasser plutôt que « purger »

Nous continuons à regretter que Lucie Castets n’ait pas eu l’occasion d’effectuer un séjour à l’hôtel de Matignon. Elle possédait certainement le talent nécessaire pour appliquer les « compromis républicains » chers à Johanna Rolland… Et nous nous serions félicités que la maire de Nantes devînt la ministre des « compromis républicains »

Bernard Morvan

Crédit photo :  Guallendra/Wikipedia (cc)
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