On connaît la belle histoire de l’indépendance de la Justice, qu’on essaie de nous vendre sur tous les plateaux de télévision et dans tous les journaux. Sans approfondir le débat sur les bienfaits, ou pas, de ce que serait une véritable indépendance de la Justice, peut-on sérieusement imaginer que la présidente Bénédicte de Perthuis et ses deux adjoints pourront décider, seuls, de priver, ou pas, la possible future présidente de la République de pouvoir se présenter en 2027 ?
Tout le monde sait qu’en Roumanie, ce n’est pas la Cour suprême seule qui a décidé de rendre Calin Georgescu inéligible, mais l’Union européenne, soutenue par Macron.
Le pouvoir politique a suffisamment de moyens de pression sur les juges (avancements, mutation, campagnes de presse) pour leur faire voter la décision qui conviendra à ses intérêts, quand elle est d’un tel niveau.
Bien sûr que ce n’est pas Macron qui prendra le téléphone en personne pour convaincre la présidente du tribunal de prendre telle décision ou telle décision. Il y aura des relais, dont Darmanin, présumé ministre de la Justice, qui saura trouver les bons interlocuteurs pour convaincre les magistrats de prendre la bonne décision.
Donc, la seule question qui vaille n’est pas l’opinion des juges, tout le monde s’en fout. Ce qui compte, c’est de savoir si Macron, qui ne sera plus candidat en 2027 (sauf exploit juridictionnel de Ferrand, qui s’était déclaré favorable à ce que son ami puisse faire un troisième mandat), a intérêt à la présence, une quatrième fois, de la patronne de Rassemblement national, dont Bardella est le président, parce qu’il considère qu’elle est le meilleur faire-valoir pour faire gagner son successeur, ou bien si cette fois, il pense que le danger d’une victoire de Marine en 2027 est suffisamment important pour l’empêcher de postuler.
Le reste n’est que littérature.
Lucette Jeanpierre