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Le Pen, victime du coup d’Etat des juges

Cela s’appelle un scandale démocratique : en choisissant d’appliquer, sans retenue ni discernement, l’ « exécution provisoire » de la peine d’inéligibilité prononcée ce lundi contre Marine Le Pen, le tribunal correctionnel de Paris force la candidate à la présidentielle à abandonner la course. L’abus de pouvoir est d’autant plus révoltant qu’un sondage Ifop-JDD la créditait hier de 37% des suffrages au premier tour, loin devant ses concurrents. Le 13 novembre, le parquet avait requis cinq ans de prison dont deux ferme, 300.000 euros d’amende et l’application de l’exécution provisoire, en sanction d’un détournement de fonds publics liée à l‘emploi d’assistants parlementaires européens du RN.

Or ce pouvoir exorbitant des magistrats, qui brisent un processus électoral, est une violence. La France est semblable à la Roumanie dont la justice a empêché le favori de poursuivre sa course. En 2017, la traque du parquet national financier contre le présidentiable François Fillon n’avait néanmoins pas empêché le candidat de se présenter. Mais ce sont les parlementaires qui ont accepté, avec la loi Sapin II du 9 décembre 2016 instituant cette exécution provisoire dérogeant à l’appel suspensif, de placer la politique à la merci des gens de robe. Cette légèreté rappelle celle de Louis XVI qui dès 1774 avait rétabli les parlements (qui avaient fonction de cour de justice) dans leurs droits, supprimés par Louis XV en 1771. La suite est connue : se heurtant au judiciaire, Louis XVI en appela aux Etats généraux, qui allaient conduire à la Révolution. Le coup d’Etat des juges, perpétré ce lundi, procède de ce même angélisme du législateur. Jeudi, le réquisitoire infâmant du parquet financier contre Nicolas Sarkozy dans la nébuleuse affaire libyenne co-instruite par Médiapart (192 articles à charge) – sept ans de prison en dépit d’une absence de preuves – avait dévoilé le ressentiment des magistrats reprochant à l’ancien président, faute de mieux, « une quête effrénée à la recherche de financements nécessaires à la satisfaction de ses ambitions politiques dévorantes » et un « pacte de corruption faustien ».

La Justice, quand elle s’éloigne de l’esprit des lois pour imposer sa vertu vengeresse, devient inquisitoriale et donc dangereuse. Dès lors, elle défigure la démocratie en entravant l’expression de la souveraineté nationale au nom d’un état de droit dévoyé. C’est ce qui se passe lorsque des juges, perméables pour certains au militantisme du syndicat de la magistrature, traquent des mauvaises pensées à défaut de statuer sur des actes. Ces justiciers sont pareils aux théologiens de jadis qui punissaient les péchés des hérétiques. Ils laissent voir « cette sombre superstition qui porte les âmes faibles à imputer des crimes à quiconque ne pense pas comme elles » (Voltaire). La condamnation d’Eric Zemmour, mercredi dernier, à 9000 euros d’amende (qui faute de versement donnerait lieu à son incarcération !) illustre cette dérive doctrinaire. Le tribunal correctionnel de Paris a reproché au président de Reconquête, commentant le meurtre au couteau de Thomas lors d’un bal populaire à Crépol en novembre 2023, d’avoir notamment déclaré : « Nous avons, aujourd’hui, une situation où nous avons deux peuples, deux France, deux jeunesses, celle de Thomas, celle de Chahid ». Or ce que décrit Zemmour n’est que le reflet d’une fracture identitaire, décrite par votre serviteur dès 2007 (1), qui ne cesse de se radicaliser. S’il y a un « pacte » qui corrompt la démocratie, c’est chez ces juges non élus qui veulent reléguer les politiques à des rangs subalternes. Avec leur aval…

(1) La fracture identitaire, Fayard

https://blogrioufol.com/le-pen-victime-du-coup-detat-des-juges/

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