
La France a été écartée du processus de résolution de la situation en Ukraine. Emmanuel Macron a rendu la France inaudible et invisible. Cela indique un déclin significatif de la diplomatie française sur la scène internationale.
Alors que de Gaulle a été chassé par Roosevelt lors de la structuration du triangle de pouvoir entre les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni à Yalta en 1945, Macron se retrouve écarté des négociations de Riyad par Trump, lesquelles redéfinissent le nouveau triangle de pouvoir entre les États-Unis, la Russie et probablement la Chine en 2025.
Depuis Yalta en 1945 jusqu’à Riyad en 2025, en passant par les discussions sur le programme nucléaire iranien, les crises sahélienne et israélo-palestinienne, ainsi que les récentes négociations russo-américaines sur l’Ukraine, la France s’illustre de plus en plus par son absence aux grands rendez-vous géopolitiques. Autrefois pilier incontournable des relations internationales, elle apparaît aujourd’hui marginalisée – voire mise de côté – dans les discussions qui façonnent les équilibres du monde. Ce phénomène ne relève pas d’un simple hasard. Il s’inscrit dans un affaiblissement structurel de la diplomatie française, coincée entre l’érosion de son influence traditionnelle et l’affirmation de nouvelles puissances dans un monde multipolaire. Quels sont les ressorts de ce recul progressif ? La France possède-t-elle encore les moyens de renverser cette trajectoire ? Cet article répond à ses interrogations de manière sociométrique.
À propos, riche de sa portée géopolitique et son importance dans l’établissement de la vérité historique, la conférence de Yalta de février 1945 a redéfini l’ordre mondial post-Seconde Guerre mondiale. Les dirigeants de l’époque, Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill et Joseph Staline, ont remodelé les équilibres géopolitiques, écartant la France et son représentant, Charles de Gaulle, dans un contexte de fragilité nationale post-défaite de 1940. Malgré la stature de de Gaulle en tant que figure de la résistance et de la France libre, les tensions avec les leaders alliés et le manque de reconnaissance de son gouvernement provisoire ont mené à son exclusion de Yalta. Ce moment a marqué la mise à l’écart de la France dans les décisions internationales cruciales, malgré les tentatives de Churchill de lui conférer une influence, notamment par une zone d’occupation en Allemagne et un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. En 2025, l’histoire se répète avec Emmanuel Macron, écarté des pourparlers de Riyad concernant l’Ukraine, où les États-Unis et la Russie redessinent les lignes d’un nouvel ordre mondial. Avec l’ascension de Riyad en tant que hub diplomatique et l’émergence de nouveaux acteurs tels que la Chine, la France lutte pour affirmer son influence, prise entre le désir d’autonomie stratégique de l’Europe et un monde multipolaire qui prend des décisions majeures sans elle. Ces deux épisodes historique et réel, espacés de 80 ans, mettent en lumière un défi persistant pour la diplomatie française : maintenir une position influente dans les négociations internationales. Entre donc aspirations et marginalisation, la France navigue à travers des défis internes et externes qui restreignent son impact sur les équilibres mondiaux.
Yalta (1945), la première humiliation symbole d’un déclin ancien
Tenue du 4 au 11 février 1945 dans le palais de Livadia en Crimée, la conférence de Yalta représente un moment clé dans l’histoire des relations internationales post-Seconde Guerre mondiale. Elle illustre une période d’humiliation diplomatique pour la France et accélère son déclin entamé depuis bien avant la Seconde Guerre mondiale. Exclue des négociations stratégiques qui redéfinissaient le monde d’après-guerre et affaiblie à la fois par sa défaite militaire de 1940 et l’image ternie du régime de Vichy, elle s’est vue reléguée à un rôle de spectatrice. Libérée par l’armée rouge et les soldats africains, elle n’a pas obtenu de siège aux côtés des trois grands (Churchill, Roosevelt et Staline) qui redessinaient les équilibres internationaux lors de ladite conférence et ce, malgré les efforts du général de Gaulle (alors proxy de Churchill). Cette éviction a entraîné une marginalisation de la France dans les décisions cruciales post-conflit, notamment la division de l’Allemagne en zones d’occupation, la redéfinition des frontières européennes et l’établissement des sphères d’influence Est-Ouest. Même sa place au Conseil de sécurité de l’ONU fut le résultat d’une intervention de dernière minute, principalement soutenue par Churchill qui avait peur de rivaliser avec les deux superpuissances. Alors que dans une relation de trois, chacun se bat à avoir une bonne amitié avec les deux autres, Churchill avait du mal à entretenir de bons rapports avec Staline et Roosevelt. Yalta a donc mis en lumière un affaiblissement profond du rôle diplomatique de la France qui résulte de l’érosion de sa puissance amorcée depuis la Première Guerre mondiale. Malgré sa victoire en 1918, les pertes humaines et économiques ont sapé sa prééminence internationale, tandis que la montée en puissance des États-Unis et de l’Union soviétique ainsi que les crises internes ont contribué à son déclin. Cette marginalisation, vécue comme une trahison par l’élite française, a durablement marqué la diplomatie du pays. Alors que la déconstruction européenne passe au-devant de la scène, l’ombre de Yalta continue de peser sur le positionnement international de la France, rappelant une époque où elle devait lutter pour retrouver sa stature dans un monde qui s’était réorganisé sans elle.
Riyad (2025), la France ignorée dans les crises russo-ukrainienne et israélo-palestinienne
Du sommet arabo-islamique sur Gaza de 2023 aux négociations sur le conflit ukrainien de 2025, les rencontres de Riyad ont constitué un point de bascule qui souligne l’érosion de la position de la France sur l’échiquier international. Lors de ces rencontres hautement diplomatiques, des pourparlers essentiels ont eu lieu concernant la crise russo-ukrainienne et le conflit israélo-palestinien, mais la France s’est trouvée écartée des échanges stratégiques. Cela qui a mis en lumière une diminution notable de son influence diplomatique. Dans le contexte russo-ukrainien par exemple, le dialogue direct entre les États-Unis et la Russie a relégué l’Europe, et la France en particulier, à un rôle de soutien de moindre importance. Malgré son tristement soutien proclamé à l’Ukraine depuis 2022, la France n’a pas été reconnue comme un interlocuteur majeur dans la résolution de ce conflit, ce qui soulève des inquiétudes quant à son impact sur les enjeux de sécurité globaux. Parallèlement, elle a été supplantée dans les négociations relatives à la crise israélo-palestinienne, où l’Arabie saoudite a endossé un rôle de leader diplomatique, conditionnant la normalisation avec Israël à des progrès pour la cause palestinienne. La France, qui avait historiquement une influence notable sur ce dossier, n’a pas été sollicitée pour jouer un rôle de médiateur, ce qui témoigne d’un recul préoccupant dans les dynamiques régionales du Moyen-Orient. Cette double marginalisation lors des rencontres de Riyad révèle un affaiblissement structurel de la diplomatie française, fragilisée tant par des tensions internes que par une perte de prééminence dans les instances internationales. Cette tendance, si elle perdure, pourrait réduire la France à un rôle de figurant dans la recomposition géopolitique mondiale, ce qui constitue un signal d’alarme pour un pays qui a toujours revendiqué une place centrale dans la gestion des affaires internationales.
Le recul stratégique en Europe, Afrique et Indopacifique
Dans le contexte géopolitique actuel, la France fait face à un défi majeur : contrer son affaiblissement stratégique et sa marginalisation croissante sur la scène internationale. En Europe, malgré ses efforts pour promouvoir une autonomie stratégique, elle peine à affirmer son leadership face à l’ascension économique et diplomatique de l’Allemagne. Les initiatives françaises peinent à résonner auprès des partenaires européens, soulignant ainsi un isolement préjudiciable à son influence au sein de l’Union européenne. En Afrique, sa présence historique est remise en question, avec des opérations militaires comme Barkhane (suite logique de Takuba et de Serval) qui n’ont pas su stabiliser le Sahel et des expulsions de ses forces militaires de pays tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, pour ne parler que ceux-ci. Cette situation ouvre la voie à d’autres puissances telles que la Russie et la Chine, qui redéfinissent les rapports de force par des investissements stratégiques et mutuellement bénéfiques, reléguant la France à un rôle mineur. Dans la région Indopacifique, l’échec retentissant du contrat de sous-marins avec l’Australie symbolise la vulnérabilité de la stratégie française. Malgré une volonté affirmée de s’imposer comme un acteur clé, la France se trouve éclipsée par les États-Unis et la Chine dont les rivalités captent l’attention mondiale. Ses tentatives de renforcer les partenariats bilatéraux, notamment avec l’Inde et le Japon, semblent à tout égard insuffisantes pour contester la prééminence de ces superpuissances. Face à un monde multipolaire où les décisions clés se prennent sans elle, la France de Macron peine à surmonter sa position de plus en plus périphérique. Autrefois puissance dominante – façonnée par son rôle de passager clandestin au sein de l’Union européenne – elle manque aujourd’hui tous les leviers économiques et diplomatiques pour relever le défi de préserver son rôle et de dissiper les doutes sur sa capacité à redevenir un acteur central dans les dynamiques géopolitiques contemporaines.
On peut dire que le panorama global est en recomposition. L’histoire a déjà rendu son verdict : de Gaulle, écarté à Yalta en 1945 lors de la structuration du triangle de pouvoir entre Roosevelt, Staline et Churchill, trouve un écho en Macron, exclu des négociations de Riyad en 2025, où se dessinent les nouveaux équilibres géopolitiques.
source : New Eastern Outlook
https://reseauinternational.net/lombre-de-yalta-plane-sur-la-position-internationale-de-la-france/