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Accord USA-UE : von der Leyen à quatre pattes devant Trump

En 1852, les États-Unis décident de forcer le Japon (qui vivait à l’époque dans une sorte d’autarcie) à ouvrir les ports japonais au commerce.
Pour ce faire, en 1853, ils envoient sur place le commodore Perry, avec 10 canonnières dans la baie de Tokyo.
Le Japon cède, et la convention de Kanagawa est signée. C’est le début de ce que l’on nomme les « traités inégaux ».

170 ans plus tard, rien n’a changé, et la méthode qui a fait ses preuves est toujours couronnée de succès. Le commodore Perry et ses canonnières ont simplement été remplacés par une brute à la coiffure improbable, et les canonnières par des droits de douane.

C’est une scène tragi-comique à laquelle nous avons assisté hier, lorsque von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’est vue accorder une brève audience par Trump, entre deux trous du parcours de golf.
Sur la forme, il faut admettre que l’image de l’Union européenne a pris un coup sur la cafetière. Il faut dire que von der Leyen faisait presque peine, assise dans son fauteuil, les mains sur les genoux, contrainte d’écouter les foutaises d’un Trump au paroxysme de sa confiance, et même obligée d’acquiescer lors que ce dernier lui affirmait que la relation commerciale actuelle était déséquilibrée.

Le bilan des négociations menées par l’Union européenne est sans appel : 15 % de droits de douane sur les produits européens, la promesse de remplacer le gaz russe par du gaz américain pour un montant de 750 milliards de dollars, ainsi que des promesses d’investissement de l’UE aux USA pour 600 milliards ! Il n’est même pas certain que Trump en espérait autant.
Il est même permis de se demander si le terme de « négociation » est approprié pour décrire cette scène des plus humiliantes. En effet, dans une négociation au sens usuel du terme, les deux parties sont supposées obtenir des concessions, et j’avoue avoir des difficultés à déterminer ce que l’UE a obtenu ; peut-être le fait d’avoir évité les 30 % de droits de douane est-il considéré comme une victoire par nos fonctionnaires européens ? La mort, mais sans Tchi-Tchi ?

Cette séquence politique lamentable a au moins une vertu : celle de démontrer que cette Union européenne, avec ses 450 millions d’habitants, son euro, qui étaient censée nous permettre de nous dresser devant les USA et la Chine, est un échec total.
Contrairement à ce que nous racontent les européistes depuis des décennies, on n’est pas plus fort à plusieurs sous cette forme-là.
Pour ceux qui en douteraient encore, les pays qui ont négocié seuls face aux USA ont obtenu des meilleurs résultats que l’Union européenne, ses 450 millions d’habitants, son euro et ses 27 membres. Même la petite Suisse, à nos portes, est parvenue à sauver brillamment sa peau.

Ce lamentable résultat n’est bien entendu pas surprenant. En effet, von der Leyen la mafieuse n’a jamais eu pour objectif de défendre les intérêts des Européens, nous l’avons bien compris depuis longtemps.
Pire encore, la notion même d’intérêt européen est une fiction, et ne peut en aucun cas être défendue.
Quant aux conséquences de cette Bérézina européenne, elles sont multiples, et les droits de douanes de 15 % appliqués aux produits européens sont loin d’être le plus important dans cette affaire.

En effet, depuis que les USA ont commencé unilatéralement à appliquer des droits de douane de 10 % supplémentaires sur nos produits, venant se cumuler aux 4,8 % déjà existants, nous sommes donc déjà taxés à 14,8 % depuis des mois.
Ces 15 %  prétendument négociés ne font donc que graver dans le marbre la situation antérieure. Si on ajoute à ceci la chute organisée du dollar de 15 % par rapport à l’euro, les produits européens se sont donc renchéris de plus de 30 % pour les importateurs américains. Les entreprises européennes exportatrices de biens non substituables, ou sensibles au prix, n’auront donc plus accès au marché américain.
Et que dire de cette décision de substituer le gaz GPL américain à son équivalent russe pour un montant pharaonique de 750 milliards de dollars, sachant qu’il est 3 fois plus cher, et que la France était encore en 2024 le plus gros importateur de gaz russe en Europe ?

Il est bien évident que cette explosion du prix du gaz va se répercuter inexorablement sur le peu d’industrie lourde qu’il nous reste, sur les particuliers utilisateurs de gaz, ainsi que sur le prix de l’électricité qui est indexé dessus grâce au formidable Marché européen de l’électricité dont nous ne sommes pas sortis.
Enfin, il est une question qui devrait tarauder chacun d’entre nous : qui va payer ces 650 milliards de dollars d’investissements promis sur le territoire américain ? Que signifie concrètement cette promesse ? Est-ce encore le contribuable français qui devra sortir de ses poches trouées 130 milliards de dollars ?

Mais le plus inquiétant dans cette affaire réside dans le fait que l’Allemagne se félicite d’avoir signé un bon accord. Il y a donc fort à parier, lorsque nous aurons tous les détails, qu’il apparaîtra que les intérêts français auront été sacrifiés pour sauver l’industrie allemande.
Le signal envoyé au reste du monde est terrible : l’Union européenne est une grosse baleine crevée, incapable de réagir aux attaques extérieures. Il est certain que les Chinois ne vont pas se priver de nous traiter comme un paillasson lors des prochaines négociations commerciales.

En dépit de l’évidence de l’échec de l’Union européenne à défendre nos intérêts, nos dirigeants se félicitent, à l’instar de Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Commerce extérieur, qui salue un accord qui permettra à nos entreprises d’avoir « une visibilité sur l’avenir », comme le bourreau met fin à l’incertitude du condamné à mort.
En vérité, tout s’est passé exactement comme prévu, et comme d’habitude, on nous expliquera que si l’Union européenne a échoué, c’est à cause des « égoïsmes nationaux » et qu’il n’y a justement pas assez d’Europe !

L’avenir est malheureusement facile à prévoir : Trump va revenir dans quelques mois, avec 25 ou 30 % de droits de douanes supplémentaires, et il exigera la peau de toutes les normes qui nous protègent encore un peu du déferlement des biens et services américains.
Nous étions parvenus à éviter la ratification du Traité transatlantique il y a quelques années ; il va revenir, encore plus défavorable pour nos intérêts, et plus brutal.

L’Union européenne et ses représentants attendront donc Trump pour négocier dans la position qu’ils affectionnent tout particulièrement : à quatre pattes.

Alain FALENTO

https://ripostelaique.com/accord-usa-ue-von-der-leyen-a-quatre-pattes-devant-trump.html

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