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Meurtre d’Iryna Zarutska et de Charlie Kirk : la droite américaine va-t-elle se radicaliser autour de Nick Fuentes ?

Nick Fuentes, figure de l’alt-right (droite alternative) et du nationalisme blanc

Le 22 août 2025, Iryna Zarutska, une réfugiée ukrainienne de 23 ans, était poignardée à mort dans un tramway de Charlotte, en Caroline du Nord. Il a fallu trois semaines pour que ce crime, filmé par des caméras de surveillance, prenne une dimension nationale.

Ce drame survient dans un contexte déjà tendu, marqué par des divisions politiques et raciales profondes, une montée des violences urbaines et des questionnements sur la gestion de la criminalité. L’affaire Zarutska est devenue un symbole, exploité par les uns pour dénoncer l’hypocrisie des mouvements antiracistes, par les autres pour alerter sur la récupération politique des tragédies. Entre émotion collective, polémiques raciales et instrumentalisation médiatique, ce meurtre interroge la société américaine sur sa capacité à dépasser ses clivages.

Iryna Zarutska, arrivée aux États-Unis en 2022 pour fuir la guerre en Ukraine, s’était intégrée à sa nouvelle vie à Charlotte. Le 22 août 2025, alors qu’elle rentrait du travail, un Afro-Américain, DeCarlos Brown, monte dans le même tramway qu’elle. Sans échange ni provocation, il s’assoit derrière elle et la poignarde à trois reprises. Les images de vidéosurveillance, diffusées quelques jours plus tard, montrent une scène d’une violence inouïe, suivie d’une déclaration glaçante de l’agresseur : « I killed a white woman » (« J’ai tué une femme blanche »).

DeCarlos Brown, 34 ans, avait un long casier judiciaire, incluant des condamnations pour braquage à main armée et des antécédents de troubles psychiatriques. Sa libération avant les faits a suscité des interrogations sur le système judiciaire américain, notamment de la part des conservateurs, qui accusent les démocrates de laxisme face à la criminalité.

La vidéo de l’assassinat a été postée le vendredi 7 septembre sur les réseaux sociaux. Le lundi suivant une photo virale prétendant montrer la chambre d’Iryna, ornée d’une affiche « Black Lives Matter » (BLM), a enflammé les réseaux sociaux et relancé les débats sur la race, la justice et la désinformation aux États-Unis.

Pour de nombreux utilisateurs, cette photo illustre l’ironie tragique d’une jeune femme blanche, militante pour la cause noire, tuée par un homme noir : « Une jeune femme naïve et influençable. Pas surprise. Quelle tragédie », « Ce n’est pas de sa faute si elle a cru à la propagande »

Trump a dénoncé « des gens mauvais » et appelé à « encager » les criminels violents, tandis que Musk a soutenu les appels à une responsabilité accrue des juges dans la libération de délinquants récidivistes.

Plusieurs internautes et médias ont souligné que l’authenticité de la photo n’avait pas été vérifiée. Certains ont avancé qu’elle pouvait provenir d’un autre contexte ou avoir été modifiée pour servir un récit politique.

L’affaire Zarutska est survenue dans un climat politique déjà explosif. Depuis plusieurs mois, les États-Unis sont traversés par des débats houleux sur la criminalité, la race et la justice. L’administration Trump, en pleine campagne pour les élections de 2026, a fait de la lutte contre la violence urbaine l’un de ses chevaux de bataille, accusant les villes dirigées par les démocrates de laxisme. Invoquant la criminalité galopante à Los Angeles et Washington, le président, fait rarissime, y a déployé la Garde nationale.

Pour les partisans de Trump, le meurtre d’Iryna Zarutska illustre un double standard médiatique et politique. « Si un Blanc avait poignardé une Noire sans raison, ce serait une affaire nationale utilisée pour imposer des changements radicaux », avait déclaré le podcasteur conservateur Charlie Kirk, peu de temps avant sa mort. Kirk faisant référence au meurtre de George Floyd en 2020. Les conservateurs estiment que la couverture médiatique de l’affaire Zarutska a été minimisée en raison de la race de la victime et de l’agresseur. Rappelons qu’il a fallu trois semaines avant que l’affaire ne prenne une dimension nationale.

Le cas de DeCarlos Brown, avec son historique judiciaire et ses problèmes de santé mentale, a relancé le débat sur la prise en charge des délinquants violents. Les conservateurs appellent à un durcissement des peines et à une meilleure surveillance des récidivistes, tandis que les progressistes, fidèles à eux-mêmes, insistent sur la nécessité de réformes du système carcéral et d’un meilleur accès… aux soins psychiatriques.

Donald Trump et Elon Musk se sont prononcés pour la peine de mort à l’encontre de l’assassin d’Iryna. En Caroline du Nord, la peine de mort a été rétablie en 1977 et les exécutions ont repris en 1984. Cependant, depuis plusieurs années, l’État n’a procédé à aucune exécution en raison de moratoires, de débats juridiques et de difficultés à obtenir les produits nécessaires pour les injections létales (la seule méthode autorisée en Caroline du Nord). En 2024, le gouverneur de l’époque a commué les peines de tous les condamnés à mort, vidant ainsi le couloir de la mort. La peine de mort reste techniquement légale en Caroline du Nord, mais son application est suspendue dans les faits. Les Noirs représentent 60 % des condamnés à mort dans cet État.

Le suspect, DeCarlos Brown, a été inculpé au niveau fédéral pour un crime passible de la peine de mort ou de la perpétuité. La condamnation à mort de Brown, qui raviverait les tensions raciales dans l’État et au niveau fédéral, est peu probable.

Alors que les États-Unis s’apprêtent à entrer dans une nouvelle année électorale, le drame d’Iryna ravive la fracture raciale du pays. « Nous devons nous demander quel type de société nous voulons construire : une société où les tragédies divisent, ou une société où elles nous poussent à nous unir contre la haine et l’injustice », résume angéliquement un éditorial du Washington Post…

La mort tragique, coup sur coup, de cette jeune femme et de Charlie Kirk radicalisera vraisemblablement la droite américaine qui pourrait se trouver un autre leader en la personne de Nick Fuentes, une figure de l’alt-right (droite alternative) et du nationalisme blanc. Fuentes a participé à des rassemblements suprémacistes, comme la manifestation de Charlottesville en 2017, et organise chaque année l’America First Political Action Conference (AFPAC), un événement qui rassemble des figures de l’extrême droite. Fuentes critique violemment le Parti républicain et les conservateurs comme Charlie Kirk, qu’il accuse de trahir les idéaux de Donald Trump en soutenant l’immigration légale, l’aide à Israël ou les droits des personnes LGBTQ+. Il prône une vision radicale et illibérale de la politique, souvent qualifiée de « christianisme nationaliste » ou de « fascisme blanc ».

Kirk cherchait à influencer la politique américaine en restant dans le cadre institutionnel. Il organisait des événements sur les campus universitaires, intervenait sur Fox News et animait un podcast très écouté. Son objectif était de former une nouvelle génération de militants conservateurs et de peser sur les élections en faveur des républicains. Son organisation, Turning Point USA, ciblait surtout les jeunes et les étudiants, avec un discours axé sur la liberté d’expression, l’anti-wokisme et le soutien à Trump. Fuentes agit au contraire en marge du système politique traditionnel. Il utilise des plateformes alternatives (comme DLive) et des réseaux sociaux pour diffuser ses idées, souvent bannies des médias mainstream. Son mouvement, les « Groypers », perturbe les événements conservateurs pour dénoncer leur « trahison » et promouvoir des idées plus radicales

Fuentes a d’abord soutenu Trump, mais il l’a ensuite critiqué pour son manque de radicalité, notamment sur l’immigration et les questions raciales. Il a qualifié Trump de « charlatan » et a rejeté le mouvement MAGA comme trop modéré. Il accuse les républicains d’être des « cucks » (terme péjoratif pour désigner des conservateurs jugés trop conciliants) et appelle à une révolution culturelle bien plus radicale.

Henri Dubost

https://ripostelaique.com/meurtre-diryna-zarutska-et-de-charlie-kirk-la-droite-americaine-va-t-elle-se-radicaliser-autour-de-nick-fuentes.html

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