« Une capitulation morale face au terrorisme »
Les signataires de cette lettre ouverte, « artistes, intellectuels, entrepreneurs, responsables associatifs et citoyens », ont interrogé Emmanuel Macron alors que celui-ci s’apprêtait à se rendre à New York, deux jours après, pour reconnaître un État palestinien, faisant fi de ses propres déclarations précédentes. « Cette reconnaissance d’un État palestinien, vous l’aviez vous-même soumise à des conditions préalables claires pour qu’elle contribue à la paix : en particulier, la libération des 48 otages encore retenus à Gaza et le démantèlement du Hamas », souligne la lettre ouverte, mettant ainsi le Président face à ses contradictions…
D’abord, cette reconnaissance semble arriver comme un chien dans un jeu de quilles, relèvent les signataires, puisque la France s’était abstenue jusque-là, attendant que les « conditions de paix et de sécurité mutuelle » soient réunies. Mais surtout, elle arrive au pire moment : « Comment justifier de le faire tandis que la guerre déclenchée par le pire massacre antisémite depuis la Shoah fait toujours rage ? Comment l’annoncer alors que le Hamas détient toujours des otages ? Pourquoi le faire au moment où flambe, en France, un antisémitisme prenant précisément prétexte de la situation au Proche-Orient ? »
Les signataires ne veulent rien d’autre que la garantie d’une paix véritable au Moyen-Orient avant une quelconque reconnaissance officielle d’un État palestinien. Surtout, ils alertent Emmanuel Macron sur le signal qu’il envoie alors que les civils palestiniens vivent sous le joug du Hamas qui s’empresserait donc de le revendiquer comme une « victoire symbolique ». Pour les auteurs de cette lettre, reconnaître, ce lundi 22 septembre, un État palestinien serait, tout simplement, « une capitulation morale face au terrorisme ».
Charlotte Gainsbourg jetée à la vindicte populaire sur X par Rima Hassan
Parmi les vingt signataires, des personnalités telles que Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal, Arthur, Michel Boujenah, Raphaël Enthoven, Bernard-Henri Lévy, Mona Jafarian ou Dominique Reynié, pour ne citer qu’eux. Évidemment, une telle prise de position ne pouvait laisser de marbre Rima Hassan, la grande prêtresse de la cause palestinienne. Les arguments semblent honnêtes et rationnels, n'appellent par à la victoire totale d’Israël et à l'anéantissement de la Palestine et ne font pas l’amalgame entre le peuple palestinien et le Hamas.
Qu’à cela ne tienne, puisque Rima Hassan, elle, le fait. La députée européenne était déjà pourtant certaine, samedi, d’avoir gain de cause : la France, par la voix de son Président, reconnaît, ce lundi 22 septembre à l’ONU, un État palestinien, et ce, malgré les otages qui y sont encore retenus, malgré la mainmise du Hamas sur la vie des civils et malgré les avertissements de ces 20 signataires. « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », mais Rima Hassan va même plus loin. Elle colle une cible sur X dans le dos de Charlotte Gainsbourg en indiquant : « Comptes suivis par Charlotte Gainsbourg qui vient de signer une lettre aux côtés du CRIF pour demander à Emmanuel Macron de ne pas reconnaître l’État Palestinien. Elle suit l’armée israélienne et un compte pro-israélien intitulé "Hamas fake photos". ».
Rima Hassan considère donc que suivre des comptes sur X signifie forcément les cautionner… alors qu’elle-même suit le ministère des Affaires étrangères israélien. Passons, ce n’est pas le plus grave. Manifestement, Rima Hassan n’a pas trouvé meilleur prétexte pour clouer l’actrice au pilori. Le raccourci est non seulement grossier, puisque Charlotte Gainsbourg et les autres signataires demandent au Président de « conditionner » la reconnaissance, mais il est surtout dangereux, puisqu’on sait que 31 % des 18-24 considèrent légitime de s’en prendre à des Français juifs au nom de Gaza… Quid de ceux que Rima Hassan désigne comme soutiens d’Israël ? Quel est son objectif, quand elle jette ainsi ses contradicteurs à la vindicte populaire ?
Éric Naulleau, sur X, soutient Charlotte Gainsbourg et dénonce cette attitude qui s’apparente, pour lui, à une mise en danger de la vie d’autrui : « En plaçant des cibles dans le dos de certaines personnalités, Rima Hassan prépare des drames à la Charlie Kirk. » La députée LFI semble en effet assez loin du mot célèbre de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Mais peut-être que nous n'avons pas les mêmes valeurs ?
Victoire Riquetti