Michel Festivi
Nous venons d’assister en direct, à un spectacle des plus affligeants. Alors que les élus LR n’avaient eu de cesse de refuser, la main sur le cœur, tout accord électoral même de simple second tour avec le RN, prenant prétexte que le programme dudit RN préconisait la suspension ou l’abandon de la loi Dussopt sur les retraites, votée dans la douleur en 2023 ; ces mêmes élus LR viennent d’abdiquer d’un coup d’un seul, et pour ne pas à avoir repasser devant les électeurs, en soutenant désormais le gouvernement Lecornu II, qui justement entend suspendre l’application de cette loi, uniquement pour ne pas être censuré. Après s’être dissous dans le macronisme, les élus LR se sont liquéfiés dans le socialisme.
Cette toute dernière trahison de leur électorat n’est pas la première. C’est même la marque de fabrique des notables LR et de leurs prédécesseurs, UMP, RPR et autres appellations confondues. Depuis au moins 1981, ce parti politique mystifie ses électeurs, en leur faisant croire qu’il appliquerait un programme de droite arrivé au pouvoir, alors qu’il n’a porté sur les fonts baptismaux, quasiment que des lois qui ont toujours renforcé les gauches dans leur ensemble. Petit retour en arrière, qui me paraît de la plus grande utilité, tant les français ont la mémoire courte, comme l’avait déjà proclamé un Maréchal de France.
En avril -mai 1981, le candidat Chirac ne parvient pas en finale. Aussitôt, il demande à ses équipes de faire barrage à Valéry Giscard d’Estaing et fait voter Mitterrand, pensant que ce dernier ne durerait pas et qu’il pourrait rapidement s’installer à l’Élysée, on connaît la suite. VGE a décrit dans le troisième tome de ses mémoires politiques tous les détails de cette affaire, même si VGE avait beaucoup à se faire pardonner, il était préférable à Mitterrand. En 1985, le RPR d’alors bâtit un programme extrêmement droitier, à faire pâlir celui du FN de Jean-Marie Le Pen. À peine arrivé à Matignon en mars 1986, Chirac abandonnait la plupart des mesures préconisées, et se rendait en rase campagne à tous les oukases de la gauche après l’affaire Malik Oussekine. Mitterrand sera réélu.
Alors que Chirac avait un temps fustigé l’Europe de Bruxelles (discours de Cochin), il se range inconditionnellement dans le camp des européistes les plus virulents, et fera voter « oui » au traité de Maastricht en 1992, on connait la suite. En 1998, la droite RPR et UDF avec les élus FN, emportent la majorité dans plusieurs Conseils régionaux. Des accords de gouvernances régionales sont trouvés. Aussitôt, les éléphants du RPR et de l’UDF, Chirac en tête, menacent ceux qui les ont promus. Charles Fillon en fera notamment les frais, la gauche minoritaire s’empare des exécutifs régionaux, elle n’en demandait pas tant.
Je ne vous parle même pas des deux mandats chiraquiens de 1995 à 2007, qui n’ont été qu’une séquence radicale socialiste, qui n’avait rien à envier aux politiques de gauche. Jean Marie Le Pen avait eu à cet égard une formule heureuse, il disait que Chirac avait repeint son parti aux couleurs du travaillisme. Fort de vouloir imposer la rupture avec ce magma informe, Nicolas Sarkozy est élu, après avoir siphonné les voix de l’électorat FN, comme il s’en vantait. Aussitôt installé, et au lieu d’utiliser « le karcher », il nomme Kouchner, Fadela Amara, Rama Yade, Éric Besson, ministres. Patrick Devedjian un fidèle parmi les fidèles de Sarkozy fustigera que : « l’ouverture aurait pu aller aussi jusqu’aux sarkozistes ». On connait la suite, la rupture sera très vite oubliée, et Sarkozy pour avoir trahi son électorat sera battu par le calamiteux François Hollande. Patrick Buisson dans La cause du peuple, avait repris toute l’histoire de ces renoncements et trahisons. En 2007, Nicolas Sarkozy a perfidement fait adopter le traité de Lisbonne, en bafouant le résultat du referendum de 2005, à l’origine de beaucoup de nos malheurs d’aujourd’hui, de notre paralysie législative, de notre perte de souveraineté.
Depuis l’arrivée du macronisme en 2017, de très nombreux LR ont rejoint les rangs de l’actuel président de la république, comme Éric Woerth et bien d’autres. Mais avec Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, on allait voir ce que l’on allait voir. De très nombreux électeurs ou anciens électeurs LR s’y sont laissés prendre une fois de plus, aux rodomontades et haussements de mentons. Mais pour conserver leur plat de lentilles, les députés LR sont allés à la soupe, une fois de plus. La trahison est consubstantielle aux dirigeants LR, c’est même à ça qu’on les reconnaît.
Il faut souligner ici le courage politique qu’a eu Éric Ciotti, car il avait beaucoup à perdre en quittant son poste de président des LR, et en rejoignant une alliance avec le RN, ceux qui l’ont bravement suivi ont fait preuve de rectitude morale et politique. Sa ligne politique s’en trouve aujourd’hui renforcée, par les dernières félonies de ses anciens compagnons. L’union des droites ne se fera pas tant qu’il existera un embryon LR suffisamment nocif. Il appartient désormais à l’électorat LR, où à ce qu’il en reste, de déserter en masse, et de voter pour d’autres candidats ou partis, les droites de conviction n’en manquent pas entre Marine le Pen, Éric Zemmour ou Marion Maréchal. En tout cas, il est plus que risible d’entendre des sénateurs LR ou des eurodéputés LR comme François-Xavier Bellamy, prétendre que s’ils étaient députés ils voteraient la censure. Quand son poste alimentaire n’est pas en jeu, la parole forte est facile.
J’ai sans doute oublié de nombreuses félonies, tant la liste des forfaitures est longue, le lecteur m’en excusera. Il faudra combien de jours, de semaines, de mois, pour que cet électorat LR s’évapore, et quitte les rivages nauséabonds de la fourberie politique ? En tout cas, si la France a aujourd’hui une dette abyssale, le plus fort taux d’imposition des pays de l’OCDE, une immigration illégale massive, une insécurité galopante, elle le doit, en grande partie, aux politiques de ceux qui se réclament des LR, et qui n’ont jamais voulu réellement rompre avec le socialisme ou le macronisme, ce qui est finalement, la même chose.